3 étapes à suivre quand un collègue nous énerve

Publié le 12/04/2024 à 13:00

3 étapes à suivre quand un collègue nous énerve

Publié le 12/04/2024 à 13:00

Toutes choses peuvent être dites, si vous adoptez la bonne approche pour le faire. Voici comment :(Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. «Martin, c’est un “ben bon jack”. Ça fait longtemps qu’il travaille dans l’entreprise et tout le monde l’aime bien. Moi aussi, mais parfois, il m’ é n e r v e ! Il parle fort dans des lieux collaboratifs ou chantonne des cantiques de Noël… 12 mois par année. Rien pour en faire un drame, mais, à la longue, ça finit vraiment par me taper sur les nerfs.»

Que feriez-vous dans ce genre de situation?

Seriez-vous plus du genre à ne rien dire, espérant que quelqu’un d’autre finisse par lui glisser un mot? À pousser des soupirs d’exaspération lorsqu’il parle bruyamment, tentant de lui faire capter votre mécontentement à coup de gestes passifs agressifs?

À l’inverse, êtes-vous plutôt du type à prendre le taureau par les cornes, et à carrément lui demander de baisser le ton?

Au mieux, ça se passe bien. Martin ne s’offensera pas et y portera attention pour quelque temps puis… on reviendra à la case départ.

Au pire, Martin sera piqué au vif, rétorquant que ce n’est pas sa faute, mais bien de celle des espaces de travail partagé. Il pourrait aussi ajouter qu’il est «fait de même. Je parle fort!»

Aucun de ces deux scénarios n’est porteur de solutions à long terme. Dans tous les cas, ils appellent à l’adversité et risquentde créer des tensions relationnelles.

Ceci dit, vous n’êtes pas obligé de souffrir en silence.Toutes choses peuvent être dites, si vous adoptez la bonne approche pour le faire. Voici comment :

 

Analyser la situation

Dans un premier temps, veuillez prendre un moment d’arrêt pour réfléchir à la meilleure tactique à adopter. Même les meilleures personnes ont de mauvaises journées. Le comportement dérangeant, est-il occasionnel? Pouvez-vous le tolérer, ou est-ce réplétif et contraignant?

Peut-être espérerez-vous que Martin, se doutant que son comportement dérange ses collègues, soit celui qui fasse les premiers pas pour amorcer la discussion. Pas tout à fait : si c’est vous que ça agasse, c’est à vous de tendre une perche.

 

Aborder diplomatiquement la situation

Plutôt que d’être passif agressif ou de confronter votre collègue lorsque celui-ci vous embête, je vous invite à utiliser une version adaptée de la communication non violente (CNV), une approche développée par le psychologue américain Marshall Rosenberg. Cet outil en trois étapes permet d’amorcer la discussion avec doigté. Si vous vous êtes déjà fait dire que le fond de votre message est bon, mais que votre façon de le transmettre était problématique, cette solution est pour vous.

Vous devrez donc :

1. Décrire les faits;

2. Nommer l’impact qu’ils ont sur vous;

3. Discuter de solution pour en minimiser ces fâcheuses conséquences mentionnées plus tôt.

Avec Martin, par exemple, voici à quoi ça pourrait ressembler : « Martin, quand tu parles ainsi à côté de moi, je n’arrive pas à me concentrer. C’est difficile parce que je travaille sur des enjeux complexes qui demandent de l’analyse. Ça m’inquiète, car quand je t’entends parler, j’ai peur de me tromper. Que pourrions-nous faire pour que je n’aie pas à vivre ce stress?»

Astuce : attention de ne pas orienter la quête de solution pour atténuer le comportement dérangeant, dans ce cas-ci en demandant tout bonnement à Martin de parler moins fort. Vous n’avez pas d’autorité pour imposer un changement de comportement.

La demande est formulée en fonction de l’impact que ce comportement a sur vous. Ainsi, les solutions explorées pourraient être que Martin vous informe lorsqu’il a des appels téléphoniques de prévus, afin que vous puissiez aller travailler dans une salle fermée. Peut-être encore pourrait-il carrément vous inviter à vous joindre à la conversation lorsqu’il prend une pause avec d’autres collègues pour échanger. Ainsi, vous ne tenterez pas de vous concentrer en même temps.

Est-ce que ça fonctionne à tout coup? Non! Mais en stimulant ainsi la partie émotive du cerveau (cerveau limbique) de l’interlocuteur en lui expliquant l’effet que son comportement a sur vous — en l’occurrence le stress que ça génère à l’idée de faire une erreur après avoir été dérangé pour la énième fois à cause d’une exclamation inattendue — vous augmentez vos chances de succès ; que l’autre se mobilise pour vous aider.

 

Une approche qui gagne à être adoptée

Que ce soit en virtuel ou en présentiel, les riches traits de personnalité de tout un chacun, ceux-là mêmes pour lesquels nous avons des éloges parce qu’ils contribuent à notre unicité, finissent par incommoder les autres.

Que ce soit la personne énergique qui salue dynamiquement tous ses collègues le matin (alors que certains s’affairent à travailler) ou l’autre qui, de crainte de déranger, se fait très discret. Quelqu’un finira par dire : « Ça m’énerver quand je suis concentré et qu’on me dérange pour me saluer » ou « Je trouve ça impoli les gens qui ne disent pas “bonjour” le matin ».

On gagne à s’outiller pour être en mesure d’aborder diplomatiquement et promptement ces situations et éviter qu’elles ne dégénèrent et deviennent source de conflits.

 

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À propos de ce blogue

Ce blogue de la présidente du Réseau Annie RH, Annie Boilard, s’adresse à celles et ceux qui travaillent en équipe au quotidien. Il propose des pratiques collaboratives inspirantes et des outils pour aborder les situations délicates. Ses objectifs? Avoir du plaisir à travailler ensemble et accroître l’efficacité collective. Une fois par mois, laissez-vous inspirer et (re)connectez avec le plaisir de travailler en équipe.

Annie Boilard

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