Le masque tombe, mais pas les craintes du virus

Offert par les affaires.com

Publié le 18/05/2022 à 13:20

Le masque tombe, mais pas les craintes du virus

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Publié le 18/05/2022 à 13:20

Par Catherine Charron

Certains employés tiendront à conserver le masque, d'autres non. Les gestionnaires devront s'assurer de la bonne entente de leurs employés. (Photo: Airfocus Unsplash)

SANTÉ MENTALE DES EMPLOYÉS. Bien que la santé publique ait donné son aval au retrait du couvre-visage dans la quasi-totalité des lieux publics, cela ne signifie pas pour autant que tous sont prêts à s’en départir, et cela pourrait causer quelques frictions dans certains milieux de travail.

La clé pour que cette transition se passe sans heurts est de préparer un plan de communication, affirment les experts interrogés par Les Affaires.

« Ce sera une situation anxiogène, et avec raison, souligne Manon Truchon, professeur titulaire à l’École de psychologie de l’Université Laval. Il faut essayer de prévenir ça en amont, en envoyant le message clair que c’est tolérance zéro à l’égard des commentaires désobligeants sur les personnes qui préfèrent garder le masque. »

Un employeur devra aussi explicitement énoncer - et répéter - quelles sont les mesures mises en place pour minimiser la propagation de la COVID-19. Cela permettra à la fois d’apaiser les individus inquiets et d’insuffler une dose d’indulgence à ceux qui s’opposent à cet emblème de la pandémie.

D’autant que, selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), le port du masque est toujours recommandé « lors d’interactions avec des personnes à risque, ou pour les tâches nécessitant un rassemblement de personnes dans un espace restreint », précise cette dernière dans un courriel transmis à Les Affaires.

 

Un choix qui appartient aux employés

Une entreprise ayant le devoir de « protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique et psychique du travailleur », comme le stipule l’article 51 de la Loi sur la santé et sécurité du travail, d’autres mesures sont même encouragées afin d’accommoder les salariés vulnérables. Leur réserver certains espaces sur le lieu de travail ou leur permettre de bosser de la maison, par exemple.

« Le rôle de l’employeur, c’est de rassurer les gens, mais aussi d’expliquer que certains vont continuer à porter [le masque] pour différentes raisons, soutient Yvon Hade, psychologue du travail et des organisations. L’important, c’est d’expliquer les choses. »

Certains peuvent demeurer craintifs. Il sera primordial de rappeler que l’entreprise leur tend l’oreille, ajoute Manon Truchon. « De sentir que la porte est ouverte, ça fait du bien. Savoir qu’en cas de problème, on ne sera pas vu comme un extraterrestre et que ce ne sera pas considéré comme un caprice, ça diminue l’anxiété », précise la spécialiste de la psychologie et de la santé au travail. Yvon Hade suggère même d’identifier les personnes qui sont les plus susceptibles de s’inquiéter du retrait du masque et de les inviter à partager leurs doléances de façon proactive.

« C’est certain qu’on ne pourra réduire le risque à zéro, mais pour les employés préoccupés, il est important de sentir que l’organisation est là pour les protéger, qu’elle prend ça au sérieux et qu’elle utilise les moyens à sa disposition pour y arriver », affirme-t-il.

Si, malgré les efforts pour créer un milieu exempt de harcèlement ou d’intimidation et l’adoption de mesures supplémentaires pour prévenir la contamination d’un employé, ce dernier demeure anxieux, son patron ou son gestionnaire ne doit pas hésiter à lui proposer de recourir aux services de professionnels de la santé mentale.

« Il y a des limites à ce qu’on peut faire, rappelle le consultant. Ce n’est pas le rôle d’un patron ou d’un conseiller en ressources humaines de faire de la consultation à cet égard-là. »

 

Se préparer à toutes éventualités

En ayant en main un plan d’action, l’entreprise se sentira elle aussi plus en contrôle, et sera moins prompte à réagir impulsivement ou à retardement si la situation dérape.

Elle doit en effet éviter que les préoccupations d’un employé ne se transforment en angoisse, puis en source de diversion alors qu’il est présent sur son lieu de travail. Ou alors que la colère qui découle de son impression de se sentir vulnérable contamine l’ensemble de son environnement.

Le risque d’un conflit éclate entre collègues n’est pas écarté. Si cela survient, il ne doit surtout pas être ignoré par la direction. « Dans 90 % des cas, quand j’interviens, c’est parce qu’une situation s’est détériorée, et qu’on n’a pas pris les mesures nécessaires pour régler [la discorde] », prévient Yvon Harde.

Ce dernier recommande de désamorcer la mésentente en rappelant quels sont les dispositifs en place, mais également que le choix de porter le masque appartient à l’individu dont le visage sera couvert.

L’équipe de direction devra être bienveillante à l’égard des travailleurs, tout en demeurant ferme quant aux consignes adoptées par l’entreprise. Ainsi, « si un employé souhaite mener une lutte contre le masque en toute situation, qu’il le fasse, mais pas dans le milieu de travail », résume Yvon Harde.

Les deux experts consultés s’entendent pour dire qu’un manque de tolérance à l’égard des salariés qui préfèrent porter le couvre-visage ou pas est souvent le reflet du leadership en place.

« Quand ça se passe mal dans une équipe, ça remonte à la culture organisationnelle en amont, glisse Manon Truchon. Il faut se poser des questions, se demander pourquoi on en est là, ce qu’on peut faire pour changer ça. »

 

 


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