Les proches aidants, l’angle mort de l’équilibre travail-famille

Publié le 19/04/2024 à 07:35, mis à jour le 19/04/2024 à 08:03

Les proches aidants, l’angle mort de l’équilibre travail-famille

Publié le 19/04/2024 à 07:35, mis à jour le 19/04/2024 à 08:03

Par Catherine Charron

L’implantation d’un «plan de contingence» pourrait aussi sauver bien des maux de tête au 80% des employeurs qui disent rencontrer des défis avec leurs employés proches aidants, surtout à cause de l’imprévisibilité de leurs absences et leur durée. (Photo: 123RF)

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RHÉVEIL-MATIN. Si 71% des entreprises sondées pour le compte du Réseau pour un Québec famille (RPQF) peinent à implanter des mesures qui «favorisent l’inclusion et le maintien en emploi des personnes proches aidantes», c’est peut-être parce qu’elles sont peu familières avec leur réalité.

En effets, seuls 12% des 1039 répondants disent s’être enquis de leurs besoins propres. Dans l’ensemble de la population, ce chiffre dépasse plutôt les 30%, indique Corinne Vachon Croteau, la directrice générale de l’organisme.

Dans le cadre de la deuxième édition de ce sondage sur la conciliation famille-travail, le RPQF a cette fois-ci décidé de braquer les projecteurs sur l’accompagnement que les entreprises font de leurs employés proches aidants.

Règle générale, 88% des répondants disent avoir implanté des mesures pour permettre à leurs salariés de trouver un équilibre de vie, un chiffre identique au coup de sonde passé en 2022.

Le hic, c’est que les proches aidants ne se sentent pas toujours concernés par ces dispositions, indique la directrice générale. Dans le cadre de leur projet pilote en entreprise pour améliorer leur qualité de vie au boulot, «c’est l’enjeu principal qu’on remarque», dit-elle.

L’un des facteurs qui pourraient contribuer à ce sentiment d’exclusion est certes le manque de concertation de la part de leur employeur, mais pas seulement, nuance Corinne Vachon Croteau.

En général, observe-t-elle, les entreprises peinent à transmettre efficacement aux travailleurs l’information pertinente sur les mesures mises à leur disposition pour les aider dans leur quête de conciliation. La proche aidance complexifie cette communication.

«On rajoute une couche de plus pour faire en sorte que les personnes proches aidantes se sentent légitimes et concernées, surtout en considérant qu’à la base, ils ont de la difficulté à se reconnaitre comme tels, à s’associer à ce rôle-là», souligne-t-elle.

Les proches aidants ne se sentent pas toujours concernés par ces dispositions, indique la directrice générale du RPQF, Corinne Vachon Croteau. (Photo: courtoisie)

L’expression «proche aidant» pourrait par exemple se retrouver dans les communications qui concernent toutes les mesures de conciliation. «Dire que toutes les responsabilités familiales sont incluses, ce n’est pas suffisant», estime-t-elle.

Afin d’accompagner leurs employés dans cette fonction — même ceux qui n’osent se considérer comme tels — et de s’assurer qu’ils profitent des mesures mises à leur disposition, Corinne Vachon Croteau encourage les directions à parler de ce sujet dans l’entreprise. Le besoin est réel, et sera grandissant avec le vieillissement de la population.

Déjà plus du tiers des Québécois doivent prendre soin d’un proche chaque semaine pendant au moins une heure, et la moitié d’entre eux travaillent à temps plein, rapportait l’organisme l’Appui pour les proches aidants.

Pour sa part, Concilivi a observé que 64% des proches aidants sondés pourraient changer d’emploi si celui-ci leur permettait d’avoir un meilleur équilibre entre travail et vie personnelle.

«Les mesures de conciliation famille-travail inclusives des réalités de proche aidance constituent un puissant levier d’attraction et de fidélisation du personnel», écrit le RPQF dans son communiqué.

 

Minimiser les surprises

L'étude menée par Léger souligne notamment qu'un peu plus de sept employeurs sur dix qui disent rencontrer des obstacles à l’implantation de mesures pour épauler les proches aidants. Le manque de temps (23%), d’information sur leur réalité (22%), et la peur que les employés en abusent (21%) sont les raisons les plus fréquemment. 

À noter que 25% des organisations sondées ne savent tout simplement pas quels sont les obstacles qui les freinent.

Lorsque le RQPF accompagne des employeurs dans le cadre de ses projets pilotes, Corinne Vachon Croteau constate que les séances de sensibilisation sont essentielles pour proposer de bons outils. «Comment soutenir les proches aidants si on ne sait pas de quelle réalité on parle», demande-t-elle.

C’est pourquoi elle exhorte les gestionnaires et les responsables des ressources humaines à s’informer, à se familiariser avec le genre de responsabilité qui leur incombe.

Dans près de 80% du temps, les employeurs disent rencontrer des soucis avec leurs employés proches aidants. L’imprévisibilité des absences ou leur durée sont les principaux mentionnés.

L’implantation d’un «plan de contingence» pourrait aussi sauver bien des maux de tête au 80% des employeurs qui disent rencontrer des défis avec leurs employés proches aidants, surtout à cause de l’imprévisibilité de leurs absences et de leur durée.

«On serait en mesure de prévoir comment est-ce que, advenant le cas d’une absence souvent non prévu, on va répartir la tâche de travail entre les collègues, comment on priorise les dossiers. Ça aide l’employé, qui se sent fréquemment coupable d’aller s’occuper de son proche, et ça réduit aussi la pression sur l’employeur.»

 

 

Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises.

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