Dur lendemain de veille pour l’entrepreneuriat au Québec

Publié le 18/10/2023 à 16:30

Dur lendemain de veille pour l’entrepreneuriat au Québec

Publié le 18/10/2023 à 16:30

Par Emmanuel Martinez

Au sortir de la pandémie, la vigueur entrepreneuriale a fléchi de manière inquiétante au Québec, selon un rapport publié mercredi par l’Institut de recherche sur les PME de l’Université du Québec à Trois-Rivières. (Photo: 123RF)

Au sortir de la pandémie, la vigueur entrepreneuriale a fléchi de manière inquiétante au Québec, selon un rapport publié mercredi par l’Institut de recherche sur les PME de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Dans sa dixième édition de la Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise, les chercheurs de l’UQTR rapportent que le taux d’entrepreneuriat émergent (ceux s’étant versé un salaire depuis 42 mois au moins) a diminué de 2,9 points de pourcentage en 2022, par rapport à 2021, pour atteindre 14,7% de la population adulte qui y est investie. Cette baisse dans cette catégorie cruciale pour l’avenir de l’entrepreneuriat québécois est principalement causée par la diminution des nouveaux entrepreneurs dont le taux est passé de 10,9% en 2021 à 8,5% l’an dernier.

Et le futur ne s’annonce pas meilleur, car les occasions perçues pour se lancer en affaires sont en fort déclin. Elles ont chuté, puisque 81,7% des répondants en entrevoyaient en 2021 contre seulement 64% en 2022. Cette tendance est aussi observée dans le reste du Canada, mais la baisse y est plus faible, selon le rapport.

Malgré tout, les auteurs soulignent que l’entrepreneuriat émergent demeure encourageant au Québec par rapport aux autres pays de l’OCDE qui font l'objet d'une évaluation dans ce document produit dans le cadre de l’enquête annuelle du Global Entrepreneurship Monitor.

 

Les professeurs à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Marc Duhamel et Étienne St-Jean, sont les auteurs du rapport Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise 2022. (Photo: Courtoisie)

Les entrepreneurs établis en arrachent

La situation des entrepreneurs établis (ceux qui se versent un salaire depuis plus de 42 mois) est également peu reluisante en 2022 au Québec. Le taux d’entrepreneurs établis parmi la population adulte n’a jamais été aussi faible. Il est de 3% dans la province contre 7,2% pour le reste du Canada. «C’est assez alarmant, a expliqué un des deux auteurs de l’étude au Québec, Marc Duhamel, professeur à l’École de gestion de l’UQTR. Il y a seulement la France qui fait pire.»

Les chercheurs estiment que les soutiens gouvernementaux offerts aux entrepreneurs établis pendant la pandémie ont sûrement maintenu artificiellement en vie certains d’entre eux, qui ont dû mettre la clé dans la porte avec la fin de ces aides.

Ils indiquent aussi que «des facteurs tels que le resserrement du marché du travail, l’augmentation de la rémunération et le vieillissement des entrepreneurs établis pourraient expliquer cette importante diminution».

Les sorties entrepreneuriales avec cessation définitive des activités ont atteint leur niveau le plus élevé depuis dix ans, avec un taux de 5,1% au Québec.

«Cela fait plusieurs années que nous constatons les enjeux de la pérennité des entrepreneurs établis au Québec, déclare le coauteur du rapport, le professeur Étienne St-Jean de l’UQTR. Les indicateurs suggèrent que 2022 a été une année particulièrement difficile à ce niveau.»

Espoir avec le repreneuriat

La nouvelle plus réjouissante de ce document est liée au repreneuriat qui gagne en popularité au Québec.

Le taux de repreneuriat est en hausse constante depuis 2016-2018 (moyenne mobile de trois ans). Il était de 21,9% à cette époque, mais il a atteint 35,9% pour la période 2020-2022. «Au cours de la même période dans le reste du Canada, ces taux sont demeurés stables. Il semble que le repreneuriat est une voie importante d’entrée dans l’entrepreneuriat au Québec», peut-on lire dans le document.

Avec le vieillissement des nombreux propriétaires d’entreprises qui songent à prendre leur retraite, l’année 2022 a été marquée par une vague sans précédent d’intentions de transfert d’entreprise au Québec, selon le professeur Duhamel, qui est aussi directeur scientifique du nouvel Observatoire du repreneuriat et de transfert d’entreprise du Québec.

«Les repreneurs semblent déceler des bonnes opportunités à ce niveau, dit-il. Reste à voir si cet engouement pour le repreneuriat et le transfert d’entreprise permettra à la relève de stopper la baisse de l’entrepreneuriat établi et de revitaliser la productivité et la compétitivité de ces entreprises.»

 

Dans les dix dernières années, les deux auteurs de l’UQTR ont souligné que le Québec doit surmonter trois problématiques majeures pour assurer la vitalité et la diversité de son écosystème entrepreneurial:

1- Le taux relativement bas d’entrepreneurs établis au Québec par rapport aux autres économies développées;

2- Le ratio élevé d’entrepreneurs hybrides qui travaillent à temps plein;

3- Maintenir un transfert élevé d’entreprises puisque de nombreux cédants souhaitent se départir de leur PME.

Ils constatent aujourd’hui que le resserrement très prononcé du marché du travail au Québec, où le ratio entre le nombre de chômeurs et de postes vacants est le plus faible au pays, constitue un gros obstacle pour relever ces défis.

 

 

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