Le courtage immobilier comme levier économique

Publié le 10/04/2024 à 00:01

Ottawa a récemment annoncé sa décision de prolonger jusqu’en 2027 l’interdiction pour les investisseurs étrangers d’acheter des propriétés résidentielles au Canada. Patrice Groleau, conseiller immobilier et propriétaire, avec Debby Doktorczyk, des agences immobilières McGILL Immobilier et de la branche québécoise (et torontoise) d’ENGEL & VÖLKERS, livre son point de vue sur le sujet.

D’entrée de jeu, ce dernier rappelle que le besoin d’habitations est criant au pays. Or, réaliser un projet immobilier ici requiert de faire preuve de détermination. « Construire au Québec, c’est comme les 12 travaux d’Astérix. Ça prend un plan de développement provincial apolitique qui survit aux cycles électoralistes, déplore Patrice Groleau. Par exemple, la mairie de Montréal ne peut pas avoir des règles et des exigences aux antipodes des villes voisines comme Longueuil et Laval. On doit commencer à densifier et non à s’étaler. »

Celui-ci rappelle qu’un quota minimal est requis pour donner le coup d’envoi à un projet immobilier de condominiums. « Si ce pourcentage minimal de préventes n’est pas atteint, le projet tombe à l’eau. Ce qui est le plus regrettable, c’est que plusieurs projets seraient déjà en livraison grâce aux acheteurs étrangers qui, historiquement, dépassaient rarement 15 % des acheteurs dans nos projets, et tout le monde en bénéficiait, car les 85 % restants augmentaient l’offre locale. Je vous pose la question : les acheteurs étrangers qui achètent au maximum 15 % d’un projet qui ne verrait pas le jour sans eux enlèvent quoi exactement dans l’équilibre offre/demande actuellement ? », poursuit Patrice Groleau.

Par ailleurs, celui-ci dénonce le fait que la population possède une opinion erronée à propos des promoteurs. « On a à tort une perception, j’imagine par ignorance, de ce qu’est un promoteur immobilier. Ce sont plutôt des chefs d’orchestre qui n’utilisent pas leur propre argent. Ils mettent plusieurs professionnels en relation pour créer un projet. Et les marges bénéficiaires sont beaucoup plus faibles que l’on s’imagine. Mais surtout, l’investisseur derrière le financement de ces projets n’est pas obligé d’investir son argent dans les projets immobiliers neufs, il peut l’investir n’importe où et dans n’importe quel domaine. Si un maire n’a pas encore compris cela, on devrait exiger des cours d’économie obligatoires à tous nos élus qui prennent ce genre de décision », insiste M. Groleau.

Concernant la poursuite du bannissement des investisseurs étrangers, l’homme ne mâche pas ses mots : « Cette décision va totalement à l’encontre de la logique économique ! Nous avons des besoins urgents de capitaux privés qui viennent investir massivement dans notre économie et payer des impôts et des taxes, ce qui est la locomotive de tête qui tire tous nos programmes sociaux. Il faut suivre le courant des autres pays et grandes villes de la planète et arrêter d’avoir le réflexe du “pas dans ma cour”. Dans plusieurs grandes villes, on offre des crédits de taxes et d’autres mesures facilitatrices aux investisseurs étrangers, parce que l’on comprend qu’ils vont venir chez nous, dépenser et payer des impôts. Ces lois sont très mal perçues à l’étranger. Ce n’est vraiment pas bon pour notre image de marque, soutient-il. Imaginez une multinationale qui cherche où établir son siège social en Amérique : pensez-vous que ça nous aide que tous leurs dirigeants ou main-d’œuvre internationaux de haut niveau soient condamnés à la location pour une période indéterminée ? »

Ayant souvent voyagé à titre « d’ambassadeur immobilier » pour la province, celui-ci constate que l’un des plus sérieux problèmes du Canada est son manque de vision et son fonctionnement à l’ancienne avec des planifications cycliques. « On met des mesures ciblées à une région et on les applique à la grandeur du pays sans tenir compte des contextes. Pour planifier à long terme, il nous faudrait des entités et des professionnels indépendants non attachés à des partis politiques », suggère Patrice Groleau.

Enfin, celui-ci croit que le renouvellement de l’interdiction devrait comporter plusieurs amendements afin de ne pas nuire au développement économique du Québec. « On devrait par exemple permettre aux parents d’étudiants étrangers d’acheter un condo pour leur enfant. Après leurs études, les diplômés qui auront eu le temps de tomber amoureux du Québec auront davantage envie de rester, illustre M. Groleau. Ou encore, pourquoi un milliardaire qui voudrait venir se lancer en affaires ici ne pourrait pas acheter une maison de 10 millions à Westmount ? En quoi cela vient-il aider à libérer un logement abordable ? »

Spécialisée en immobilier de luxe depuis 1977, la prestigieuse société européenne Engels & Völkers domine l’immobilier de prestige au Québec avec un impressionnant 58 % de parts de marché des 6 principales agences immobilières de luxe au Québec. L’agence ne s’arrête pas là et a récemment annoncé que sa puissante division commerciale (déjà existante dans +100 bureaux dans le monde) est officiellement lancée en Amérique du Nord. « On veut s’ouvrir sur le monde et faire rayonner le Québec et Montréal à l’étranger. On souhaite aussi que les gens comprennent enfin l’importance de privilégier les grands projets immobiliers urbains, qui représentent le moyen le plus écologique, économique et rapide de se loger en pleine crise. Car l’offre sera déficitaire par rapport à la demande jusqu’en 2030, mais je ne serais pas surpris qu’on en parle encore en 2040 ! On se doit d’attirer les investissements internationaux ici, et vite ! »

Depuis plus de 20 ans, McGill Immobilier est LA référence en condos neufs au Québec avec 73 % des projets immobiliers d’envergure dans la grande région de Montréal, 12 500 unités et une valeur de 5 milliards. L’avenir du courtage immobilier réside dans la sélection et la spécialisation. Découvrez les projets immobiliers de McGILL Immobilier ainsi que les inscriptions d’ENGEL & VÖLKERS.

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