«Souffrir à court terme pour profiter à long terme»

Publié le 23/09/2022 à 11:15

«Souffrir à court terme pour profiter à long terme»

Publié le 23/09/2022 à 11:15

Investir requiert avant toute chose qu’on ait fait des économies. Et les économies sont un bel exemple de gratification différée: elles signifient qu’on reporte l’achat d’objets ou d’expériences qui nous intéressent. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. La capacité de différer la gratification est essentielle au succès à long terme, quel que soit le domaine. Comme le disent les Américains, «short-term pain for long-term gain», que je traduirais par «souffrir à court terme pour profiter à long terme». À mon avis, ce concept de gratification différée est à mon avis à la base de tout succès, peu importe le domaine d’activité.

C’est vrai en affaires. Je termine la lecture du livre «That Will Never Work», de Marc Randolph, le cofondateur et premier PDG de Netflix. Le succès phénoménal de Netflix aura exigé des années et d’innombrables heures de labeur à tenter de développer un modèle d’affaires unique et rentable (avant d’offrir du contenu de diffusion en continu, Netflix envoyait par la poste des films sur DVD à ses membres).

C’est vrai dans les sports où l’atteinte d’un niveau élevé de compétence requiert des milliers d’heures de pratique de qualité et la rétroaction continuelle d’un entraîneur compétent.

C’est vrai à l’école où un étudiant devra investir des heures d’étude pour maîtriser une nouvelle matière.

C’est vrai pour nos finances personnelles. Investir requiert avant toute chose qu’on ait fait des économies. Et les économies sont un bel exemple de gratification différée: elles signifient qu’on reporte l’achat d’objets ou d’expériences qui nous intéressent.

Dans une certaine mesure, c’est aussi vrai pour l’économie. À certains moments, les banques centrales, dont la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine, doivent prendre des décisions qui font mal à court terme dans le but de solidifier l’économie à long terme.

Selon moi, c’est ce qui se produit actuellement. La hausse marquée des taux d’intérêt au cours des derniers mois, qui pourrait fort bien se poursuivre au cours des mois à venir, est pénible. Elle fait mal et pourrait mener à une récession au cours des prochains trimestres. Elle est sans doute l’origine de la forte correction boursière des derniers mois, laquelle a réduit considérablement la richesse (et le sentiment de richesse) des investisseurs et consommateurs nord-américains. Je crois toutefois qu’elle est nécessaire au bénéfice de l’économie à long terme. Pour que l’économie reprenne sur des bases solides dans les prochaines années, il est à mon avis impératif que le taux d’inflation soit maté et contrôlé.

C’est d’ailleurs pourquoi il est si important que les décisions des banques centrales demeurent indépendantes des instances politiques. La plupart des politiciens voudront que la Réserve fédérale américaine adopte des mesures accommodantes afin d’assurer leur prochaine élection. Les décisions des autorités monétaires doivent être fondées sur le long terme.

Même si ça fait mal à court terme, je suis heureux de constater que les principales banques centrales prennent les bonnes décisions et gardent une perspective à long terme dans leurs efforts pour mater l’inflation.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100

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