Tout cela est sûrement exact, mais peut-être pas suffisant. S'y ajoute, à mon avis, un autre facteur, le fait qu'il a une personnalité à nulle autre pareil, celle – quoi qu'on en dise – d'un grand leader. Une étude en rend compte, intitulée Follow my eyes: The gaze of politicians reflexively captures the gaze of ingroup voters. Celle-ci est le fruit du travail de six chercheurs du département de psychologie de l'Université La Sapienza de Rome (Italie) : Marco Tullio Liuzza, Valentina Cazzato, Michele Vecchione, Filippo Crostella, Gian Vittorio Caprara et Salvatore Maria Aglioti. Elle montre que le leadership est en grande partie une question de regard…
Une trentaine d'Italiens se sont prêtés à une expérience très simple. Ils ont tout d'abord répondu à un questionnaire visant à déterminer s'ils étaient politiquement de gauche ou de droite, puis ont été répartis en deux groupes égaux en fonction de ce critère.
Puis, chacun a dû s'installer dans un cubicule, à 57 cm d'un écran de télévision. Leur mission : fixer du regard un point noir jusqu'au moment où celui-ci change de couleur ; s'il devenait rouge, il fallait faire dévier son regard vers la gauche ; s'il devenait bleu, vers la droite.
L'astuce, c'était que le point noir était placé pile entre les deux yeux d'un portrait de politicien qui regardait droit devant lui. En tout, quatre portraits ont été utilisés :
> Silvio Berlusconi (droite), qui à l'époque de l'expérience (2009) était premier ministre.
> Bruno Vespa (droite), chroniqueur politique.
> Antonio di Pietro (gauche), politicien, à l'époque chef de l'opposition.
> Romano Prodi (gauche), politicien, à l'époque ex-premier ministre.
Du coup, lorsque le point noir changeait de couleur, cela était inconsciemment considéré comme un "ordre" donné par le leader, un "ordre" auquel il est difficile de résister, tant nos yeux sont prompts à réagir au moindre changement.