Ainsi, ce cousin du philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein a connu une brillante carrière dans le milieu universitaire : il a enseigné un temps à New York, il a bénéficié de la recommandation de Joseph Schumpeter, il a tenu des conférences à la London School of Economics (LSE), etc. Ses idées de refonte du libéralisme ont tranquillement germé en lui, et fini par se traduire en 1944 par la sortie de La Route de la servitude.
Résultat? Le fait de s'être positionné à contre-courant des idéologies dominantes de l'époque lui a valu d'être mis au ban du milieu universitaire. On lui a retiré son poste à la LSE. Il a décidé de partir pour l'Université de Chicago, mais là, il s'est vu refuser l'accès au département d'économie. Il a finalement été toléré au département des "pensées sociales", mais n'a pu enseigner qu'à condition de ne pas être rémunéré : il a alors été financé par des mécènes séduits par son approche inédite du libéralisme. Bref, il a été complètement discrédité, et cela a perduré des décennies, jusqu'à son "Prix Nobel".
Justement, comment a-t-il pu décrocher un tel honneur, lui, l'éternel banni de l'économie? Mme Alkire et M. Ritchie ont regardé ça de près et ont découvert qu'il avait usé d'une méthode très particulière, pour ne pas dire géniale…
1. Raconter une histoire. Le philosophe Charles Taylor a mis en évidence dans son livre Sources of the Self: The making of the modern identity notre besoin d'histoires pour évoluer : cela nous permet de donner un sens à ce qu'on entend, à ce qu'on partage avec autrui, et même à notre vie. Conscient de cela, Hayek a pris le soin de rendre son livre La Route de la servitude accessible à tous. Pas, ou peu, de jargon économique. Pas de concept difficile à comprendre. Et un texte présenté un peu comme un récit, pas comme une somme universitaire, ce qui lui a d'ailleurs valu les foudres de ses pairs, certains l'ayant critiqué comme «simpliste».