Égalité des genres au travail: on a des croûtes à manger

Publié le 08/03/2024 à 07:25, mis à jour le 08/03/2024 à 08:04

Égalité des genres au travail: on a des croûtes à manger

Publié le 08/03/2024 à 07:25, mis à jour le 08/03/2024 à 08:04

Par Catherine Charron

Plus les tâches sont standardisées, comme en pharmacie, moins le fossé est profond entre la rémunération des deux parties. (Photo: 123RF)

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RHÉVEIL-MATINLorsqu’Indeed a demandé à plus de 1500 Canadiennes si elles obtenaient une rémunération suffisante, 65% ont répondu par la négation. Leur constat est justifié: l’écart salarial avec leurs homologues masculins atteint 17% au Canada, un taux supérieur à la moyenne mondiale de l’OCDE, qui se situe à 12%. 

C’est ce que rappellent Florence Jean-Jacobs et Kari Norman, économiste principale et économiste chez Desjardins, dans l’étude «Emploi, revenu et richesse: tendances et perspectives pour les femmes dans l’économie canadienne» publiée le 7 mars 2024. L’écart se creuse davantage lorsqu’on compare le revenu des femmes immigrantes et autochtones à celui des hommes. Il atteint près de 20%.

«C’est d’autant plus pertinent que les taux d’immigration (actuel et anticipé) atteignent des sommets historiques et que le taux de participation est considérablement inférieur chez les immigrantes récentes par rapport aux femmes nées au Canada», écrivent les deux économistes dans le rapport de 23 pages.

Il n’y a pas que le choix de profession qui explique cette différence: 67% est causé par l’écart qui persiste entre la rémunération des hommes et des femmes qui campent pourtant un même poste.

Et les travailleuses en sont bien conscientes. Seuls 29% des répondantes au sondage d’Indeed paru le 8 mars 2024 sont satisfaites des mesures mises en place par leur employeur pour réduire l’écart salarial avec leurs homologues masculins.

Ce sont pourtant 46% des travailleuses questionnées qui estiment qu’un «gros écart salarial» persiste selon les genres.

 

Oser exiger son dû

Au-delà du libellé de postes, ce sont les tâches accomplies par chaque individu qui semblent dicter le revenu, selon une étude de l’OCDE que Florence Jean-Jacobs et Kari Norman ont consultée. Ce phénomène semble plus marqué dans certaines professions, si on se fie à la recherche menée par la lauréate du prix Nobel de l’économie en 2023, Claudia Goldin.

Plus elles sont standardisées, comme en pharmacie, moins le fossé est profond entre la rémunération des deux parties. À l’inverse, dans les professions où le «moment précis» où la tâche est accomplie et où le travail en «continu» est valorisé, celui-ci se creuse, comme dans le monde de la finance et du droit.

Pour corriger le tir, le monde du travail doit cesser de faire l’apogée des heures de travail sans fin, et se baser plutôt sur des structures de «rémunération des emplois pour favoriser la flexibilité temporelle», rapporte-t-elle.

La bonne nouvelle, si on se fie aux données d’Indeed, c’est que les travailleuses semblent avoir un certain levier de négociation avec leur patron pour obtenir un meilleur revenu.

Dans 75% des cas, les Canadiennes qui ont osé demander une augmentation salariale ont été couronnées, du moins en partie, de succès, démontre l’étude.

Or, la plupart des répondantes n’osent pas exiger leur dû, la moitié des personnes interrogées éprouvant un malaise à l’idée de faire une telle demande. Parmi les raisons les plus souvent mentionnées, Indeed rapporte le «manque de confiance» dans 30% des cas, et la crainte de représailles 27% du temps.

 

À bas les biais inconscients

Ces dernières semblent toutefois éprouver autant de difficulté que la moyenne mondiale à grimper les échelons du monde du travail. Encore une fois, les préjugés liés au genre en entreprise sont pointés du doigt dans 52% des cas.

Là encore, cette impression est fondée, confirme l’étude de Desjardins. L’employeur peut toutefois adopter certaines mesures afin de pallier les «biais conscients et inconscients» qui freinent l’ascension des femmes.

Il peut par exemple anonymiser les CV, ce qui permet un traitement plus équitable, rapportent Florence Jean-Jacobs et Kari Norman. La formation des gestionnaires est aussi une avenue porteuse, tout comme de créer des réseaux de mentorat qui leur sont dédiés. Elles encouragent aussi les employeurs à bonifier «la filière de talents en gestion grâce à une formation ciblée pour les femmes cadres».

 

Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises.

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