Des fleurs de cannabis dans une canne de thon

Publié le 17/09/2023 à 09:02

Des fleurs de cannabis dans une canne de thon

Publié le 17/09/2023 à 09:02

Nicholas Sosiak, chef de la direction financière à Cannara (Photo: courtoisie)

INDUSTRIE DE L'EMBALLAGE. L’économie circulaire consiste en somme à réutiliser, recycler et revaloriser les ressources plutôt que de les envoyer au dépotoir immédiatement après leur utilisation — un modèle linéaire. En matière d’emballage, de plus en plus d’entreprises s’affairent à intégrer ces principes dans leurs pratiques. 

Pour Cannara Biotech, un producteur montréalais de cannabis, le contenant est un important outil de vente. « L’emballage, c’est un gros, gros, gros facteur dans notre industrie parce que l’on ne peut pas légalement montrer le produit ou afficher en image ce qui est à l’intérieur du contenant », explique Nicholas Sosiak, chef de la direction financière à Cannara. Outre l’expérience passée de l’acheteur avec le produit, le contenant est donc le premier facteur l’incitant à l’achat.

Or, les coûts de production sont une réelle contrainte entourant le développement d’un emballage. L’écoresponsabilité aussi : non seulement le client y porte attention, mais la SQDC en fait de même pour ses fournisseurs en exigeant qu’ils respectent certains critères. 

La société d’État demande que les emballages des produits vendus dans ses succursales répondent à au moins deux des quatre critères suivants : intégration d’au moins 15 % de contenu recyclé ; conception optimisée ; compatibilité avec le système québécois de tri et de recyclage ; distance parcourue entre le manufacturier d’emballage et le fournisseur de cannabis inférieure à 1 750 km.

 

Faire vert 

Pour répondre à ces exigences, Cannara a su développer une solution. Après six mois de recherche et développement, le producteur a créé un emballage en aluminium pour les fleurs de cannabis. Très semblable à une canne de thon, il est fait de 70 % de matériaux recyclés. L’emballage, qui s’ouvre avec un onglet, vient aussi avec un couvercle de plastique, rendant l’emballage réutilisable. 

« C’est notre plus gros vendeur, on parle de 100 000 cannes par mois, dit Nicholas Sosiak. Quand on a lancé ça en 2021, nous étions les premiers avec un emballage du genre, on a fait un grand splash, on a eu l’effet “Wow”. Les gens sortaient avec 20, 30 cannes. » 

Nicholas Sosiak raconte que son produit est devenu un meme sur Internet parce qu’il rendait fous les animaux de compagnie : à l’ouverture, la canne fait le même « pop » que les cannes de nourritures pour chat, ce qui suscitait l’hilarité dans certains coins du web. 

En plus de ses vertus vertes, l’emballage développé par Cannara permet par ailleurs, du fait de sa réutilisabilité, d’imprimer sa marque plus durablement dans l’esprit du consommateur, montrant ainsi qu’il est possible de faire rimer marketing avec écoresponsabilité.

 

Développer la consigne

À Québec, le Conseil régional de l’environnement (CRE) de la Capitale-Nationale tente de faire mousser une initiative montréalaise nommée La Vague. Celle-ci consiste à offrir à des entreprises de l’alimentaire — tels les cafés, restaurants, etc. — des tasses et des boîtes à repas consignées. 

« Dans le cas de la tasse, qui est réutilisable, le client paie 5 $ de consigne, mais récupère ce montant aussitôt qu’il la rapporte dans un commerce approuvé », explique Audrey Lanier, chargée de projet en économie circulaire au CRE.

C’est au restaurateur d’acheter les boîtes et les tasses, mais le Conseil vise à leur offrir un support. En effet, pour le moment, si plus de 400 commerces à travers le Québec participent à l’initiative de La Vague, il reste encore un potentiel de développement important dans la Vieille Capitale. « On n’a pas encore déterminé le montant exact, il dépendra du nombre d’entreprises participantes, mais nous sommes en train de mettre sur pied un programme de financement pour soutenir l’acquisition des tasses et des boîtes à la hauteur d’environ 50 % », dit Audrey Lanier. 

Le CRE aimerait aussi soutenir le développement, à Québec, de Retournzy, une initiative similaire visant les secteurs de la restauration, de l’événementiel, du corporatif et de l’institutionnel. « Il n’y a pas forcément de solutions miracles, reconnaît Audrey Lanier. Mais on peut avoir un impact en commençant par des choses simples. »

 

Du soutien 

Les entreprises qui veulent du soutien dans leur effort d’écoresponsabilité ne sont pas à court d’aide. 

Le Centre Éco-Innov, par exemple, une division de l’entreprise d’emballages Carrousel, située à Boucherville, a pour mission de travailler avec les clients et les manufacturiers pour changer les comportements. « Comme distributeur, on veut aider tous les acteurs de la chaîne de valeur à faire les bons choix. On veut notamment aider les clients à emballer mieux, à éviter le suremballage. On offre, par exemple, des formations et des webinaires sur le sujet », explique la directrice du centre, Karine Navilys. 

« Si on pense aux métiers de bouche comme les pâtissiers, les bouchers et les boulangers, leur expertise repose dans leur métier d’artisan, pas dans l’emballage », ajoute-t-elle. Le Centre Éco-Innov propose donc de les accompagner pour trouver les bonnes solutions en fonction des besoins et des réglementations. Un défi doublement difficile dans le contexte de l’emballage écoresponsable « où tout bouge à vitesse grand V », dit-elle.

 

Ce texte provient de notre édition du 14 juin 2023.

 


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