Les solutions du G15+ pour atténuer la crise de l’habitation

Publié le 20/09/2023 à 03:00

Les solutions du G15+ pour atténuer la crise de l’habitation

Publié le 20/09/2023 à 03:00

Par François Normand

Le G15+ propose d’organiser des États généraux sur l’habitation, et ce, afin d’élaborer un plan national de sortie durable de la crise de l’habitation. (Photo: Tobias pour Unsplash)

Le collectif G15+ publie ce mercredi 45 nouvelles propositions pour améliorer les conditions de vie des Québécois, avec Les Indicateurs du bien-être au Québec. Et, sans surprise, plusieurs portent sur la crise de l’habitation qui sévit à Montréal et partout dans la province.

Fondé en mars 2020, ce groupe est composé de leaders économiques, syndicaux, sociaux et environnementaux. Il a dévoilé ses indicateurs du bien-être la première fois en janvier 2022, et ils visent à aller au-delà de la simple croissance du PIB et de la création d’emplois pour évaluer le bien-être de la population.

Aussi, il est logique pour le G15+ de s’attaquer de front à la crise de l’habitation qui sévit au Québec et ailleurs au Canada, car l’accessibilité à un toit est un besoin de base élémentaire du bien-être.

Le collectif propose tout d’abord d’organiser des États généraux sur l’habitation, et ce, afin d’élaborer un plan national de sortie durable de la crise de l’habitation.

Trois problématiques doivent être sur la table, selon le G15+:

  • combler le déficit de logements partout au Québec, en particulier à proximité des emplois et des services ;
  • construire un nombre significatif de logements sociaux et communautaires ;
  • améliorer l’efficacité de la livraison de nouveaux logements.

Le G15+ propose ensuite de lancer un «vaste chantier» de construction et de rénovation de logements sociaux et communautaires.

Et cela passe notamment par la réduction des délais pour construire de nouvelles habitations, insiste à Les Affaires Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), et membre du G15+.

«Nous devons définir de nouvelles règles qui soient plus flexibles», dit-il, en déplorant qu’il faille parfois de 12 à 18 mois pour débuter des projets dans certaines villes.

 

5000 nouveaux logements par année

Ce vaste chantier se ventile en quatre volets, selon la documentation du collectif:

  • il faut construire 5000 logements par an au cours des 5 prochaines années (pour un total de 25 000 unités), et ce, avec un financement de Québec couvrant 50% des coûts de construction ;
  • il faut construire des logements flexibles et adaptables, notamment pour les personnes âgées qui sont en perte d’autonomie ;
  • il faut lancer «un chantier de rénovations majeures» du parc locatif au Québec, qui serait soutenu par un nouveau programme Rénovation Québec ;
  • il faut rendre disponibles des propriétés publiques excédentaires (c’est-à-dire non utilisées) pour créer des logements sociaux et communautaires.

Si les solutions proposées par le G15+ peuvent contribuer à atténuer la crise de l’habitation, elles seront en revanche insuffisantes pour faire une différence notable, du moins si l’on se fie aux prévisions de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) pour le Québec.

Ainsi, de 2022 à 2030, la SCHL estime qu’il faut construire 1,12 million de nouveaux logements pour rééquilibrer le marché québécois:

  • 620 000 unités uniquement pour tenir compte de la croissance économique et démographique dans la province ;
  • 500 000 unités pour faire en sorte que les appartements redeviennent abordables, c’est-à-dire que le prix du loyer ne dépasse pas 32% du revenu disponible des ménages.

Selon Karl Blackburn, le manque de capacités des infrastructures publiques (réseau d’égout, accès à l’eau potable) dans certaines villes est aussi un frein à la construction de nouvelles habitations.

En entrevue à Les Affaires, Denis Leclerc, conseiller exécutif chez Écotech Québec, la grappe des technologies propres au Québec, fait valoir que des technologies permettent d’accroître la productivité des infrastructures publiques, permettant ainsi de desservir plus d’habitations.

Il donne l’exemple de la ville de L’Assomption, dans Lanaudière, qui essaie de mettre en place de nouvelles technologies propres afin de réduire la présence de boue dans ses infrastructures.

 

Transition écologique des entreprises

Outre la crise de l’habitation, le G15+ propose aussi plusieurs mesures pour améliorer la transition écologique des entreprises du Québec — et aussi le bien-être des Québécois.

Par exemple, le collectif propose d’apposer progressivement une cote de durabilité sur les produits électriques et électroniques au Québec, et ce, aussi bien dans les magasins que sur internet. Les consommateurs sauraient ainsi si les produits qu’ils achètent sont robustes et, surtout, s’ils peuvent les faire réparer au lieu de les jeter à terme.

Le G15+ plaide aussi pour une plus grande circularité de l’économie québécoise.

En 2020 (la donnée la plus récente), seulement 3,5% de l’économie québécoise était circulaire, soit presque deux fois moins que la moyenne au Canada à 6,1%. Cela signifie que 96,5% des matières consommées dans notre économie ne sont pas réutilisées (93,9% pour la moyenne canadienne).

Pour tenter de réduire la linéarité de l’économie québécoise (extraction-consommation-pollution/déchets), le G15+ propose plusieurs mesures structurantes, à commencer par lutter contre l’obsolescence programmée des produits vendus au Québec.

En juin, le gouvernement Legault a d’ailleurs présenté un projet de loi à ce sujet.

À un niveau plus macro-économique, le G15+ affirme que la société québécoise doit chercher à maintenir un équilibre entre la consommation des ressources et la capacité des écosystèmes à se régénérer.

C’est pourquoi il suggère au gouvernement de se doter d’une stratégie québécoise d’économie circulaire en bonne et due forme, et ce, avec un cadre juridique et financier pour «assurer une transition juste dans les secteurs concernés».

 

 

 

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