L'apport indispensable des travailleurs étrangers

Publié le 14/09/2023 à 09:00

L'apport indispensable des travailleurs étrangers

Publié le 14/09/2023 à 09:00

Ce sont plus de 38 000 travailleurs étrangers temporaires (TET) qui arrivent au Québec chaque année, dont plus de 10 000 d’entre eux viennent épauler les opérations des entreprises agroalimentaires. (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. Je profite tout d’abord de la récente fête du Travail pour reconnaître et remercier tous les travailleurs du Québec, incluant les travailleurs étrangers temporaires (TET).

L'industrie de la transformation alimentaire québécoise emploie autour de 75 000 personnes par année. Ce qui fait de ce secteur le plus important employeur manufacturier de la province.

Or, ce sont plus de 38 000 travailleurs étrangers temporaires (TET) qui arrivent au Québec chaque année, dont plus de 10 000 d’entre eux viennent épauler les opérations des entreprises agroalimentaires.

D’emblée, je tiens à souligner que si on fait appel aux travailleurs étrangers temporaires, c’est que nous n’avons pas suffisamment de travailleurs - ou suffisamment de travailleurs intéressés - pour combler tous les besoins en matière de main-d’œuvre au Québec et partout au Canada.

En clair, le recours aux TET soutient plusieurs secteurs manufacturiers.

Pour donner une idée de l'importance des TET pour l'industrie alimentaire, il faut savoir que plus de 50 % des emplois de l’industrie de la transformation alimentaire se trouvent dans les régions.

L'autre 50 % de ces emplois se situent à Montréal et en Montérégie. C’est donc une industrie qui joue un rôle prédominant dans le développement économique régional.

Le dossier des travailleurs étrangers temporaires est complexe, plusieurs paliers de gouvernements, au Canada comme au Québec, interviennent, avec plusieurs ministères impliqués.

D’ailleurs, le gouvernement du Québec a lancé, ce printemps, une vaste consultation sur l’immigration avec une commission parlementaire qui a débuté à la reprise des travaux parlementaires le 12 septembre dernier.

 

La réalité des travailleurs étrangers

J’aimerais faire une mise au point concernant les conditions de travail des travailleurs étrangers temporaires (TET).

La pénurie de main-d’œuvre, exacerbée par la (trop!) récente pandémie, a été la bougie d’allumage pour structurer davantage la réglementation, l’évaluation des besoins et la protection des travailleurs en provenance de l’étranger, qu’ils soient saisonniers ou temporaires.

Par exemple, il faut savoir que les TET ont les mêmes droits et obligations que tous les travailleurs et travailleuses du Québec.

Le recours aux TET est encadré par un processus et des normes rigoureuses. Pour un même poste dans une même entreprise, les conditions de travail (salaires, couverture sociale, etc.) sont équitables entre les employés embauchés.

Les avancées réglementaires des dernières années ont sûrement été reçues positivement et avec soulagement par l’ensemble des parties prenantes.

L'accréditation obligatoire des agences de placement (qui était un enjeu majeur dans ce dossier), les obligations des employeurs envers le respect des droits des travailleurs, la création de l’Escouade prévention auprès des travailleurs étrangers temporaires de la CNESST, sont autant d’exemples d’une volonté collective d’encadrer les bonnes pratiques d'embauche des TET.

De plus, pour informer adéquatement et en priorité les travailleurs concernés, plusieurs documents explicatifs ainsi que des capsules vidéo ont été produits et sont disponibles gratuitement en plusieurs langues pour informer les TET de leurs droits et responsabilités.

 

Un projet pilote du fédéral pour les TET

En juillet, le gouvernement fédéral a annoncé le Projet pilote des employeurs reconnus. Ceci est une avancée majeure pour les entreprises de la transformation alimentaire.

Ce programme veut réduire le fardeau administratif et simplifier le processus d'embauche des employeurs exemplaires du programme des TET (PTET) qui est très complexe.

Un élément fondamental en lien avec la pénurie de la main-d’œuvre est le pourcentage de TET pouvant être embauchés par une entreprise.

Au Canada, environ 30 % des entreprises qui utilisent le PTET embauchent entre 20 et 30 %, du total de leurs employés, de travailleurs étrangers temporaires.

La pandémie a amené les gouvernements à hausser, de façon temporaire, le seuil à 30 % de travailleurs étrangers dans la masse totale des employés dans une seule et même entreprise.

La nécessité fait toutefois force de loi et la situation récente des entreprises qui devaient lutter pour conserver leur main-d'œuvre, leur production et leur marché pendant la pandémie, a permis une décision rapide de hausser le seuil à 30 %.

Ce seuil devrait être maintenu ou rehaussé pour assurer l'équilibre du marché du travail.

 

Le respect de la réglementation

De l’avis de plusieurs experts, 99 % des entreprises embauchant des TET respectent rigoureusement la réglementation.

Vous me direz, et le 1 % restant?

Malheureusement, il se peut qu'il y ait toujours des entreprises qui ne respectent pas tous les droits des travailleurs…

L’important est de se doter d’outils qui permettront une intervention rapide de la part des autorités en cas de dénonciation de mauvais traitements envers des travailleurs, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.

Le Canada s’est doté d’une loi pour lutter contre l'esclavage moderne et le travail forcé des enfants.

Au Québec, la CNESST a mis sur pied un ensemble d’outils pour supporter les employeurs et informer les travailleurs sur leurs droits.

Les outils sont là.

Mais n'oublions pas que fondamentalement, les conditions de travail, c’est aussi et surtout une question de dignité humaine et d’équité.

 

 

À propos de ce blogue

La face cachée de votre assiette est le blogue de Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) depuis 2010. Nommée Leader d’influence par le Réseau des Femmes d’affaires du Québec, Sylvie a récemment obtenu la certification GCB.D (ESG Global Competent Boards Designation). Sylvie Cloutier est une incontournable du secteur bioalimentaire au Québec. Elle participe activement à l’élaboration de plusieurs décisions gouvernementales et réglementaires qui touchent le secteur alimentaire québécois. Reconnue pour son dynamisme et son leadership, Sylvie assure la représentation, la promotion et la défense des intérêts de l’industrie de la transformation alimentaire du Québec. Sylvie est co-présidente du Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada, co-fondatrice de Aliments et boissons Canada, et siège sur plusieurs conseils d’administration dont ceux Moisson Montréal, de Banques alimentaires Canada, de Financement agricole Canada et de l'Institut canadien des politiques agroalimentaires. Elle s’implique également auprès du comité de financement de La Tablée des Chefs.

Sylvie Cloutier

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