Retenir son équipe n'est pas si sorcier!

Publié le 06/09/2023 à 12:20

Retenir son équipe n'est pas si sorcier!

Publié le 06/09/2023 à 12:20

«Les employeurs ont raison d’être inquiets par la guerre des salaires que crée le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emploi.» (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, la compétition pour les talents est exacerbée. Mais est-ce si sorcier de retenir son équipe?

Les employeurs ont raison d’être inquiets par la guerre des salaires que crée le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emploi.

On sait à quel point cette situation exceptionnelle a provoqué une compétition en termes de rémunération et de bonification des conditions indirectes comme la formation, les avantages sociaux ou la flexibilité.

À l’opposé, elle a vu se normaliser des pratiques plus tribales comme le débauchage.

Il existe toutefois une limite à ce que les entreprises peuvent offrir.

À partir de là, que faire face à des concurrents dont les moyens sont sans commune mesure avec les nôtres, notamment pour les jeunes entreprises, les PME ou encore le milieu associatif ?

Évidemment, se résigner n’est pas une option.

Il existe, je pense, des moyens d’aller chercher quelque chose de plus profond chez les employés.

 

Un sens à notre action

On parle énormément de leadership depuis des années.

Je pense que l’on a galvaudé le terme au point d’en faire une caricature où tout un chacun se voit en leader. On imagine des gestionnaires charismatiques qui transpirent les ondes positives et une gestion toujours plus humaine.

Il est certain que la portion positivité et gestion humaine ne fait pas de mal.

J’estime cependant que le leadership aujourd’hui correspond davantage à la capacité de donner un sens à l’action de l’équipe.

Par exemple, au Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), nous travaillons avec mes collègues à appuyer les jeunes chambres de commerce afin de réaliser leur mission.

Celles-ci permettent à de jeunes professionnels et jeunes entrepreneurs de s’intégrer au milieu des affaires, de se bâtir un réseau, de trouver des mentors, sans parler de la formation et du rayonnement.

Ainsi, chaque membre de jeune chambre qui est un agent économique peut se développer pour devenir une meilleure version de lui-même.

Or, la somme de ces milliers d’agents économiques qui deviennent ainsi plus productifs permet aux entreprises dans lesquelles ils évoluent de devenir plus productives, créant ainsi un élan de prospérité aux quatre coins du Québec

C’est ce qui nous motive au RJCCQ tous les jours : un Québec plus prospère.

C’est la même raison qui pousse des personnes à choisir une jeune pousse qui veut changer le monde plutôt qu’un grand employeur.

On veut donner un sens fort à notre action.

Faire une différence à notre échelle.

 

Écouter et communiquer

On a commencé à parler de la « grande démission », au sud de la frontière, et de démission silencieuse, au Québec. Ce qui signifie de faire le strict minimum dans son emploi.

Si faire attention aux signaux de démobilisation est essentiel, le dialogue l’est tout autant. Parler avec les employés sur une base régulière et poser des questions pour s’attaquer aux enjeux perçus sont essentiels.

Cette démission silencieuse démontre avant tout un manque d’adhésion à l’organisation dans laquelle on évolue plutôt qu’un manque de volonté à travailler.

Il me paraît difficilement imaginable que des employés soient démobilisés s’ils croient profondément en la direction donnée à l’entreprise.

Écouter vous permettra de mettre le doigt sur le bobo.

Communiquer adéquatement le guérira.

 

Réaménager le quotidien, un plus

Souvent, une partie du mal être provient aussi d’une partie, parfois marginale, du travail effectué par les équipes. Les fameuses tâches que l’on aime moins. Bien qu’il n’y ait pas de job parfait, cela ne nous empêche pas d’essayer d’améliorer cela comme gestionnaires.

Les grandes organisations peuvent se permettre de faire énormément de ce côté-là. Y compris de créer des postes qui rassemblent toutes les tâches que certains employés n’apprécient pas en particulier.

C’est un enjeu pour les plus petites organisations qui n’ont pas cette latitude, mais cela n‘est pas impossible.

Répartir de nouveau les tâches, les sous-traiter, les automatiser… Il existe donc de nombreuses possibilités.

Bref, s’assurer autant que possible que chaque tâche réalisée contribue à mobiliser les compétences des employés, de les faire grandir et de contribuer à la raison d’être de nos organisations, c’est aussi cela la gestion et le leadership.

Et c’est bon pour la rétention du personnel.

À propos de ce blogue

Passionné d’économie et de philosophie politique, Pierre Graff évolue depuis 10 ans dans le monde des affaires. Il se questionne sur les enjeux politico-économiques au Québec et au Canada, et plus particulièrement ce qui affecte les jeunes gens d’affaires et les générations à venir. Il est actuellement PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).

Pierre Graff

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