Naviguer en terre inconnue avec Farah Alibay

Publié le 05/08/2022 à 13:30

Naviguer en terre inconnue avec Farah Alibay

Publié le 05/08/2022 à 13:30

«Ce que j’aime de mon travail, c’est que personne n’a fait ça auparavant. Dans le risque se retrouve l’innovation. C’est ainsi que nous évoluons comme société», selon Farah Alibay. (Photo: courtoisie)

HUMAINEMENT PROSPÈRE. Le travail du futur exigera de nous plus d’agilité, de collaboration et d’innovation. Des personnes audacieuses nous montrent le chemin pour accomplir ce qui n’a jamais été réalisé auparavant. Pour m’inspirer et vous inspirer, j’ai interrogé Farah Alibay, l’ingénieure en système sénior SPHEREx Telescope au Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA et conférencière. En 2021, elle travaillait sur l’hélicoptère Ingenuity qui effectuait le premier vol motorisé sur une autre planète. Pour moi, elle sait plus que personne naviguer en terre inconnue.

 

Apprivoiser l’inconnu

Le marché du travail est de plus en plus complexe. Apprivoiser l’inconnu et innover est certainement l’une des clés pour l’avenir de nos organisations. Dans ce contexte, comment exceller? «Ce qui est intéressant, c’est surtout que nous sommes amenés à prendre des décisions et à faire un choix sans avoir toutes les réponses et les informations. Il faut être bon pour évaluer le risque et les conséquences. En sachant qu’il y aura des imprévus, il est possible s’y préparer», répond Farah Alibay. 

Certains adoptent le statu quo. Que faire pour le surpasser? «Plus longtemps tu attends, plus ça coûte cher. Pour aller du point A au point B, il faut prendre des décisions, même s’il existe plusieurs chemins. C’est la seule manière d’y arriver. On ne doit pas être paralysé par l’indécision ni minimiser les risques. Il est important de savoir où ils sont, quelles sont les options les plus réalistes et quelles sont les probabilités. C’est comme conduire sur Mars. Il va peut-être y avoir une roche sur le chemin et donc, 80% de probabilité que je doive opérer un demi-tour. En sachant que ça peut arriver et je suis préparée. Si j’attends plutôt d’avoir les données en captant des images et en les attendant, je ne serai pas capable d’avancer en respectant l’échéancier et le budget.» 

Naviguer en terre inconnue, c’est de la gestion de risques.

 

Assumer

L’inconnu peut être stressant. Il y a énormément d’incertitudes. Comment gérer l’anxiété qui en découle? «À la fin de ma maîtrise, j’avais deux choix : trouver un emploi ou réaliser un doctorat, puis atteindre mon emploi de rêve. Ce choix était très incertain. Je me suis alors demandé: ce risque vaut-il la peine? La réponse était oui. J’ai écrit les pours et les contres. J’ai pris ma décision et choisi de gérer ce que je pouvais gérer sans revenir sur ma décision. J’assume, je fonce et donne mon 100%. Alors, je suis prête aux différents scénarios», mentionne l’ingénieure diplômée du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

 

Science et possibilités

Vous êtes une femme de sciences, selon vous, les entreprises gagneraient-elles à utiliser la science dans un contexte incertain? «Oui! En sciences, nous disons souvent : évoluer ou mourir. La société évolue tellement vite. Avec les découvertes, demain j’apprendrai quelque chose que j’ignore aujourd’hui.» La science aide à comprendre, puis à évoluer. «Nous ne pouvons rester comme nous sommes actuellement. Par exemple, la planète est en train de mourir. Il faut prendre cet élan, changer et continuer d’avancer. Avec le temps et l’expérience, ça devient plus facile.»  Farah renchérit: «L’innovation se génère avec la science et la créativité de l’humain.»

 

Aimer innover pour évoluer

Les entreprises peuvent compter sur la science pour évoluer dans un monde en pleine transformation. Selon moi, la culture organisationnelle est l’un des premiers pas pour apprivoiser l’inconnu avec son équipe. Or, grandir dans une telle culture est-il vecteur de bien-être et de passion pour les employés? 

J’ai demandé à Farah Alibay si elle pourrait travailler dans un milieu stable, en absence d’inconnu. «Non!», répond-elle en riant. «Ce que j’aime de mon travail, c’est que personne n’a fait ça auparavant. Je me lève le matin, j’arrive au bureau et il peut y avoir un problème que personne n’a jamais vu. J’aime ça. Dans le risque se retrouve l’innovation. C’est ainsi que nous évoluons comme société.»

À propos de ce blogue

Jenny Ouellette, Adm.A. est la présidente et cofondatrice de BonBoss, une entreprise spécialisée dans les innovations en management, en culture et en stratégies de recrutement. Diplômée de l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, elle développe diverses innovations pour aider les entreprises à «prospérer humainement». L’approche M.O.R.EMC ,le Culture Book© et le recrutement expérientielMC en sont des exemples. Jenny Ouellette cumule les distinctions depuis 2018: prix Nueva 2018 de Femmes Alpha et prix Leadership 2019 du Business Community 360. Depuis la fondation de sa seconde entreprise BonBoss, Jenny Ouellette agit comme conférencière et formatrice. Elle y partage les saines pratiques des gestions qui caractérisent ceux communément appelés: les bons boss. En 2019 et 2020, elle siège à la Table de dotation et gestion intégrée des talents de l’Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec. Elle est aussi membre du CA du Centre d’hébergement multiservice de Mirabel: un organisme qui a pour mission d’aider à soulager la pauvreté auprès des jeunes adultes en situation d’itinérance.

Jenny Ouellette
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