Budget Québec 2015: l'année des craquements et des bonbons prématurés

Publié le 26/03/2015 à 16:24

Budget Québec 2015: l'année des craquements et des bonbons prématurés

Publié le 26/03/2015 à 16:24

Les cadeaux

Il y en a un certain nombre.

Pour les particuliers: abolition de la taxe santé, introduction du bouclier fiscal et introduction d'une prime au travail après 63 ans.

Tout ça n'arrive cependant pas cette année, c'est plutôt pour l'an prochain et les suivantes.

Chez les entreprises, il y a quelques cadeaux. Diminution de l'impôt sur le revenus de 8% à 4% pour les PME du secteur primaire (forêt, agriculture et pêche); réduction du taux général d'imposition de toutes les sociétés de 11,9% à 11,5%. Encore ici, rien ne commence avant l'an prochain.

Il y a aussi le rétablissement de certains crédits à l'industrie du multimédia, du cinéma et de la culture; un peu plus d'argent pour la stratégie maritime; et une hausse des crédits d'impôt pour les grands projets (déjà annoncée dans ce cas).

Pourquoi va-t-on si vite avec les cadeaux?

Le retour à l'équilibre budgétaire est une nécessité. Les craquements que fera entendre le système cette année sont un mal pour un bien futur. Il faut mettre les programmes sociaux à l'abri des secousses économiques à venir. Et pour le faire, il était nécessaire d'arriver à un équilibre financier structurel qui cesse de faire grimper la dette du Québec.

Celle-ci commencera à reculer cette année pour la première fois depuis 2009. Elle (la dette brute) passera de 54,9% à 54%.

L'objectif est de la ramener à 45% du PIB d'ici 2026.

En apparence, la route est bien tracée, alors que les projections financières du gouvernement placent la dette à 49,4% en 2020.

La difficulté est que les projections ne prennent pas en compte la probabilité d'une récession. Et qu'il y a de bonnes chances que cela survienne.

En 2007-2008, avant que le trouble ne prenne, la dette nette du Québec représentait 40% du PIB, font voir les chiffres de l'Institut du Québec. Elle aujourd'hui à 50% du PIB. On voit l'ampleur que peut avoir un ressac économique sur la dette.

Pourquoi courir le risque qu'une nouvelle récession ne nous frappe avant que l'on soit revenu à des niveaux où la dette causerait moins de difficultés?

La province devrait se dépêcher de courir à l'atteinte d'un ratio dette/PIB de 45% (pour la dette brute) et 40% (pour la dette nette). Une fois rendu, on pourra alors y aller de baisses d'impôts et de cadeaux.

La sortie du plat de bonbons est prématurée, le plan de match n'est pas le meilleur pour le Québec.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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