Budget Québec 2015: l'année des craquements et des bonbons prématurés

Publié le 26/03/2015 à 16:24

Budget Québec 2015: l'année des craquements et des bonbons prématurés

Publié le 26/03/2015 à 16:24

[Photo: Shutterstock]

C'est un curieux budget que ce deuxième du ministre des Finances, Carlos Leitao. Il comporte à la fois des mesures de resserrement importantes et des cadeaux. Pas un mauvais budget, mais les bonbons arrivent nettement trop tôt.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

PLUS:
Des baisses d’impôt annoncées, mais pour plus tard
Cadeaux à certaines entreprises pour stimuler l'économie
Des prévisions économiques trop optimistes?
Québec veut vous faire travailler plus longtemps

L'année qui s'amorce le 1er avril en sera une de craquements alors que le système québécois devra absorber plusieurs compressions et hausses de tarifs, en plus de composer avec la frustration de ses salariés.

Pour donner un peu de perspective sur l'effort de compression, les dépenses consolidées ont grimpé de 2,3% en 2014-15, la plus faible croissance des dernières années. Elles ne grimperont pourtant cette année que de 1,5%. En santé, les coûts grimpaient l'an dernier à 3%, ils ne seront cette année qu'à 1,4%. En éducation, on passe d'une croissance de budget de 1,6% l'an dernier à 0,6% (c'est inscrit 0,2% dans les documents, mais il y a apparemment un ajustement à faire pour avoir des pommes avec des pommes).

Qui sera affecté?

Il y quatre types de perdants.

-Les employés de l'État, dont les salaires sont gelés.

-Les usagers des systèmes d'éducation et de santé (parents, élèves, patients, etc.). Il y a ici beaucoup de brouillard. La diminution de la croissance des dépenses est importante et, aux yeux du passé (voir les progressions de dépenses plus haut), les coûts de système ne sont pas couverts. Ça devrait vouloir dire coupe de services. Le gouvernement note cependant que les salariés de l'État sont gelés, alors qu'ils avaient reçu des augmentations de 2% l'an dernier. Il ajoute qu'il y aura également des gains d'efficacité. Bref que les services à la population ne seront pas réellement affectés. On ne mettrait pas la maison là-dessus.

-Le contribuable. Il y a le 300 M$ de récupération dans les municipalités, qui, pour certains citoyens, sont récemment rentrés dans le compte de taxes. Il y a aussi les hausses de tarifs dans les garderies, qui toucheront significativement les familles plus en moyen. Il y a enfin une flopée de mesures annoncées préalablement sur l'immatriculation des plus grosses cylindrées et un certain nombre d'autres mesures.

-Les journalistes. C'est la quatrième cohorte de perdants de ce budget. Ceux qui s'efforcent de livrer l'information la plus précise possible. Il y a 769 M$ de nouvelles récupérations annoncées dans ce budget. La plupart des économies associées à ces initiatives ne sont pas fournies. On a pu identifier quelques coûts (dont 150 M$ pour une baisse de prime à la Financière agricole en raison de l'amélioration des marchés), mais pour une bonne partie du 769 M$, on n'a aucune idée où se trouvent les compressions.

C'est vraiment dommage. Québec est toujours capable de détailler et chiffrer ses cadeaux, mais sur les compressions, il y a nettement plus de confusion.

Passons maintenant aux cadeaux.

Les cadeaux

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?