Mooney: Prochain désastre aérien

Publié le 10/12/2012 à 09:27, mis à jour le 10/12/2012 à 09:27

Mooney: Prochain désastre aérien

Publié le 10/12/2012 à 09:27, mis à jour le 10/12/2012 à 09:27

BLOGUE. Ça va mieux pour nos principaux transporteurs aériens. WestJet Airlines a vu son titre passer de 11$ en début d’année à près de 20$ alors que les actions A d’Air Canada ont rebondi de 75%. Et ce comportement boursier reflète une amélioration de leur performance économique.

Par exemple, à son troisième trimestre clos le 30 septembre, WestJet a accru ses revenus de 11,8% à 867M$ et son bénéfice net de 80% à 71M$. Cela lui donne des marges bénéficiaires nettes de 8,2%, vraiment exceptionnelles pour cette industrie.

De son côté, Air Canada a réalisé un bénéfice par action de 0,82$ à son troisième trimestre à comparer à 0,68$ pendant le trimestre comparable en 2011. La société devrait tout de même terminer l’exercice avec une perte, mais réduite de 50%.

De plus, la direction a réussi à couper de façon significative ses dépenses, soit plus de 200M$ sur une base annuelle. C’est ce qui explique l’optimisme des analystes financiers qui prévoient en moyenne un bénéfice par action de 0,38$ en 2013.

Les investisseurs restent toutefois sceptiques si on considère que le titre se vend moins de 5 fois ce profit.

WestJet se vend lui moins de 11 fois ses bénéfices prévus l’an prochain, un ratio plus «normal» étant donné sa meilleure performance historique.

Ce qui me surprend ce sont les récentes initiatives annoncées par ces deux sociétés qui dénotent une très grande confiance dans leur modèle d’affaires, peut-être trop. Ainsi, WestJet a annoncé le lancement d’une nouvelle filiale appelée WestJet Encore, dédiée au service de routes régionales. Air Canada se lance elle dans le créneau du transport à bas coût.

Je comprends la stratégie de la direction d’Air Canada. Après avoir passé les deux dernières années à réduire sa structure de coûts, elle veut maintenant lancer des initiatives pour générer des revenus. Elle se dit que tant qu’avoir tant travaillé à couper ses coûts, pourquoi pas presser le citron davantage en lançant une filiale basée sur les bas coûts!

Le problème c’est qu’Air Canada affrontera des concurrents comme Air Transat et Canjet beaucoup plus aguerris et qu’elle n’a jamais été capable de se distinguer dans ce créneau.

Certes, elle réussira à générer des revenus, mais à quel prix?

Dans le cas de WestJet, c’est un peu la même chose, cette fois Air Canada étant le compétiteur visé. Il est certain que WestJet a fait ses preuves. Dans ce sens, ses chances sont excellentes. Par contre, je pose la même question: à quel prix? En effet, je suis convaincu qu’Air Canada ne laissera pas son compétiteur détesté lui prendre des parts de marché alors qu’elle veut elle-même gonfler ses revenus. Les chances sont fortes pour qu’elle vende sa peau chèrement, ce qui signifie des guerres de prix, autant aimables pour le consommateur que détestables pour la rentabilité.

Et quand on connaît la fragilité des modèles d’affaires de cette industrie, il y a peut-être là l’esquisse d’un futur désastre aérien!

Bernard Mooney

 

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