Au moment d'écrire ces lignes, mon équipe et moi hésitons encore sur le titre de notre couverture. Après plus d'un an de récession, peut-on vous demander de faire preuve de plus de courage ?
Au cours de la dernière année, bon nombre d'entre vous ont dû se résoudre à supprimer des postes et peut-être à annoncer à un collègue qu'il devait partir. Vous avez composé avec des budgets restreints et des équipes réduites. Peut-être même êtes-vous à la recherche d'un nouvel emploi, après avoir travaillé pour la même entreprise pendant plusieurs années? Après de telles épreuves, peut-on demander aux gens d'être plus courageux ? C'est une des questions qui surgit lorsqu'on travaille sur un titre de couverture invitant.
Pourtant, les événements ne font pas automatiquement de nous des gens courageux et le courage n'apparaît pas sous la contrainte. La perte d'emploi ne rend pas le poltron plus hardi. Le gestionnaire pusillanime n'hésitera pas à licencier son employé si l'organisation le lui demande. Autrement dit, il est tout à fait possible de traverser des moments difficiles et de faire honnêtement son travail sans démontrer une once de courage.
Le courage est une qualité peu commune. Il pousse à sortir de sa zone de confort et à affronter ses peurs. Il permet de prendre des risques calculés et de faire des sacrifices. Il s'exprime, entre autres, dans la défense de ses convictions et de ses valeurs. C'est l'individu qui quitte un bon emploi et qui renonce à des revenus parce que ses tâches ne répondent plus à ses aspirations. C'est le patron qui s'oppose à une directive de ses supérieurs, car il estime celle-ci contraire aux intérêts à long terme de l'entreprise ou de ses clients.
Le courage se manifeste dans la résilience, dans la manière de rebondir après une épreuve; comme Lance Armstrong, qui a rem-porté sept Tour de France après avoir combattu le cancer. Il s'affirme dans la détermination, comme l'a montré Claude Robinson, qui durant des années s'est acharné à défendre ses droits, et ce, au risque de perdre ce qui lui restait. Il apparaît aussi sous la forme, plus rare, de la sollicitude et du don de soi, qualité pour laquelle Chloé Sainte-Marie est championne.
Dans le contexte du travail, la capacité d'exprimer des idées qui vont à l'encontre du consensus et d'expérimenter de nouvelles façons de faire malgré le risque d'échec sont à mon avis les expressions les plus salutaires du courage. Elles permettent aux entreprises d'innover et aux personnes de créer. Et récession ou pas, on n'a jamais trop de courage.
daniel.germain@transcontinental.ca
