J'ai été étonné des réactions provoquées par notre article principal du mois d'avril intitulé " Le secret de la performance : avoir une vie ! " On y expliquait comment exploiter son énergie et comment la renouveler. Je vous rassure, ça n'a rien à voir avec Raël. L'article était fondé sur des recherches faites dans les milieux professionnels et établissait des parallèles avec les athlètes d'élite. Il rappelait essentiellement que le fait de bien manger, de dormir suffisamment, de faire de l'exercice et de contrôler ses émotions nous assure un meilleur niveau d'énergie. L'article débutait en citant une personne exceptionnelle, ancienne athlète de compétition rompue aux affaires, dont les exploits quotidiens semblent hors de portée à bien des gens ordinaires.
Plusieurs d'entre vous sont sortis de leurs gonds : encore un article qui idéalise la performance et qui montre la voie vers le burn out. C'est vrai, d'aucuns seraient épuisés par le rythme infernal que s'imposait la vedette de notre histoire. Mais au fond, l'article rappelait des conseils élémentaires : du sommeil, des vacances, de l'exercice et une alimentation saine. Rien qui rende malade, dirait un médecin.
C'est l'intention sous-entendue qui fait tiquer : accroître sa performance. C'est un concept répandu dans les magazines d'affaires où l'on salue les résultats et le dépassement, mais ce l'est aussi dans les magazines féminins, les revues d'athlétisme ou encore de photographie. On les achète pour trouver matière à s'inspirer et à s'améliorer dans un domaine qui nous passionne. Mais c'est toujours plus suspect dans un magazine d'affaires. Accroître ses performances au travail, cela s'inscrit dans l'esprit de certains dans un rapport d'exploitation : la performance est livrée au profit d'une organisation, mais aux dépens de l'individu. C'est à l'opposé des visées d'Affaires PLUS, dont la mission est, entre autres, d'aider ses lecteurs à atteindre leurs objectifs professionnels, quels qu'ils soient.
Pourquoi revenir sur cette histoire en particulier ? Parce que ce mois-ci, nous consacrons notre couverture aux vacances. Nous n'avons pas versé dans le fantasme, nous ne vous emmenons pas vers des destinations exotiques, mais une fois de plus, sur le terrain plus prosaïque de l'efficacité. Nous ne vous supplions pas d'oublier le travail et nous ne vous interdisons pas d'apporter votre BlackBerry. Nous vous expliquons comment préparer le bureau avant votre départ, comment profiter de votre absence pour montrer votre capacité à déléguer et à préparer la relève. Nous vous donnons des conseils pour décrocher et pour revenir au bureau ragaillardis et plus créatifs. En somme, nous avons réussi à aborder les vacances dans une perspective de performance. Je ne voudrais surtout pas que vous le preniez mal ou que vous vous mépreniez sur nos intentions : nous voulons surtout que vous passiez de bonnes vacances.
daniel.germain@transcontinental.ca
