Smart D: wô, les moteurs (électriques)!

Publié le 11/10/2023 à 11:39

Smart D: wô, les moteurs (électriques)!

Publié le 11/10/2023 à 11:39

Par Dominique Talbot

Simon Leblond, président et cofondateur de SmartD Technologies (Photo: courtoisie)

Pour tout l’automne, Les Affaires vous présente SOLUTION START-UP, une rubrique dédiée aux jeunes entreprises innovantes du Québec. Vous découvrirez des entreprises qui ont franchi l’étape de l’«accélération». C’est un rendez-vous chaque semaine, tous les mercredis à 12h.


 

SOLUTION START-UP. «Notre ambition, quand nous avons lancé l’entreprise, était de créer un avant et un après.» Rien de moins. Et même si l’entreprise de Simon Leblond, SmartD Technologies, fait dans la (très) haute technologie, ses applications pourraient bien avoir un impact sur la moitié des moteurs de la planète. Et au passage, révolutionner une technologie qui se fait de plus en plus vieillotte.

Pour expliquer celle-ci, partons de la base. «Dès que tu as un mouvement mécanique, il y a un moteur électrique derrière», explique Simon Leblond, président de l’entreprise et co-fondateur et avec Simon Caron, Jean-Marc Legrand et Jonathan Brodeur.

«Les moteurs électriques, c’est presque 50% de l’électricité mondiale, poursuit-il. C’est une source de consommation d’énergie, mais aussi de richesse industrielle qui est tout autour de nous et qui est méconnue.»

Mais attention. Il n’est pas question ici de moteurs de voitures électriques. Plutôt de tous les autres, d’une certaine façon. Par exemple ceux des ascenseurs, d’escaliers roulants, de stations de pompage des eaux, de systèmes de ventilation…

Ces moteurs, comme les lampes qui éclairent les maisons, sont soit en mode marche, soit en mode arrêt. Donc, comme les lampes, ils ont besoin d’un variateur de fréquences pour ajuster leur intensité. Ou, dans le cas des moteurs, leur vitesse. 

La technologie des variateurs de fréquences pour ces moteurs est loin d’être nouvelle. Elle existe depuis près d’une quarantaine d’années. Et «c’est un marché mondial qui vaut 20 milliards de dollars canadiens, qui est dominé par de grands joueurs industriels de ce monde. Les 10 plus grands joueurs contrôlent 70% du marché», analyse Simon Leblond. 

 

Le variateur de fréquences qui incorpore du carbure de silicium. (Photo: courtoisie)

Un matériau qui change tout

Comment donc tirer son épingle du jeu avec une technologie qui est presqu’aussi vieille que l’âge des fondateurs de SmartD technologies? Avec une innovation qui, comme le dit Simon Leblond, risque de créer un «avant» et un «après».

Dans ce cas-ci, les entrepreneurs ont développé un variateur de fréquences qui incorpore du carbure de silicium, un matériau qui fait son apparition dans le marché des semi-conducteurs. Leur technologie est certifiée. Et surtout, ils sont les seuls pour le moment à la maîtriser. 

La différence avec les «anciens» variateurs de fréquences? «Ça veut dire un moteur qui dure plus longtemps. Un moteur qui est plus efficace. Et une compatibilité avec les autres équipements qui fait en sorte qu’il n’est pas nécessaire d’en ajouter d’autres», explique Simon Leblond. Comme des filtres électriques, souvent très couteux. 

«On fait donc économiser sur le coût d’achat d’équipements externes, on s’simplifie l’ingénierie. Pas besoin de se poser la question quel sera l’impact sur mon moteur et mes autres équipements. On rend ça simple.»

Parce que les variateurs de fréquence actuellement sur le marché, tant pour les plus gros moteurs que les plus petits, coupent l’électricité à très haute vitesse. Cela fait en sorte d’accélérer l’usure des moteurs. En plus de perturber les circuits électriques. Le carbure de silicium permet d’éviter tout ça. 

«Ce ne sont pas les autres manufacturiers de variateurs de fréquences qui devraient avoir peur de nous, ce sont les manufacturiers de filtres, dit Simon Leblond. Hydro-Québec devrait aussi nous aimer, car nous connectons une électricité super propre sur le réseau.»

Le marché semble déjà bien répondre à ce que la start-up de Montréal est en train d’y d’introduire. Après plus trois années intensives de développement, les ventes ont atteint 1 million de dollars en 2022. En 2023, ce chiffre est passé à trois millions. Depuis les débuts de SmartD en 2018, le nombre d’employés a bondi de 2 à 35.

«Notre proposition de valeurs est d’amener un produit qui n’implique pas de complication. On ouvre la porte à des économies énormes», dit Simon Leblond qui ajoute que ses variateurs de fréquence peuvent faire économiser jusqu’à 40% de l’énergie consommée par un moteur. Sa durée de vie, elle, pourrait doubler, croit le président de l’entreprise. 

D’ici la fin de l’année, les entrepreneurs souhaitent être sur le radar des distributeurs électriques aux quatre coins de l’Amérique. Déjà, plusieurs ententes commerciales ont été conclues. 

Et malgré l’effervescence de la production et des ventes d’automobiles électriques, pas question d’ouvrir ce segment de marché, affirme Simon Leblond. 

«Même quand toutes les voitures électriques auront remplacé les voitures à combustion, les moteurs électriques (industriels) vont quand même consommer plus d’énergies que toutes ces voitures mises ensemble. […] Notre but n’est pas d’aller là où tout le monde est. Quand on regarde l’impact énergétique de ce que nous faisons, il ne faut pas le sous-estimer.»

«Dans 5 ans, nous voulons que les gens regardent en arrière et se demandent comment ils pouvaient bien faire pour travailler avec des variateurs aussi néfastes pour le réseau. L’ambition est d’avoir un impact et que tout le monde utilise cette technologie dorénavant.» Donc, un avant, et un après. 

 

 

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