40% de vos employés noirs portent un masque au travail

Publié le 07/02/2024 à 07:32, mis à jour le 07/02/2024 à 07:56

40% de vos employés noirs portent un masque au travail

Publié le 07/02/2024 à 07:32, mis à jour le 07/02/2024 à 07:56

Par Catherine Charron

Misty Gaither, la vice-présidente Équité, Diversité, Inclusion et Appartenance d’Indeed, compare l'alternance codique à un masque que portent ces travailleurs: «C’est très éprouvant et fatigant.» (Photo: 123RF)

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RHÉVEIL-MATIN. S’ils devaient être complètement authentiques au travail, 39% des travailleurs noirs sondés par Indeed pensent que cela nuirait à la progression de leur carrière.

C’est ce que révèlent de nouvelles données collectées par la Harris Poll pour son compte auprès de 2078 Américains âgés de 18 ans et plus entre le 4 et 6 décembre 2023. La marge d'erreur est de 2,7%, et le taux de fiabilité est à 95%.

En moyenne, 34% des répondants noirs disent avoir changé de code — aussi appelé code-switching dans la langue de Shakespeare — pour s’intégrer au boulot. Chez les personnes interrogées blanches, ce taux atteint 12%.

L’alternance codique va bien au-delà de l’adoption de la langue de la culture dominante pour s’intégrer (65%), précise-t-on dans le papier diffusé le 6 février. La personne peut par exemple changer son apparence physique (37%), son ton de voix (50%) ou même ses expressions faciales (37%) pour ne pas créer de vague.

Pour 31% des personnes noires sondées, cette pratique a eu des répercussions positives sur leur carrière, tandis que 39% estiment que ça n’aurait pas d’importance. Chez ceux qui changent leur code, 60% continuent de le faire, qu’importe s’il progresse dans les échelons de leur organisation.

Misty Gaither, la vice-présidente Équité, Diversité, Inclusion et Appartenance d’Indeed, compare l’alternance codique à un masque que portent ces travailleurs: «c’est très éprouvant et fatigant.»

Pourtant 56% des personnes qui disent en porter un croient que ça n’affecte pas leur santé mentale. La dirigeante rétorque que ces données ne peuvent traduire avec justesse toutes les nuances de gris qui entourent cette pratique. «Certains employés peuvent ne pas se rendre compte qu’ils changent de code», souligne-t-elle.

L’équipe d’Indeed a été surprise de constater que parmi ces travailleurs qui tentent de se fondre dans la masse, 34% disent que l’équipe de gestion de leur organisation comprend des personnes autochtones, noires et de couleurs. Dans 32% des cas, ils reconnaissent que leur patron a adopté des mesures qui favorisent l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI).

Il semble donc que ces mesures ne soient pas toujours suffisantes pour permettre aux employés d’être eux-mêmes au boulot, fait-on remarquer. Cela ne signifie pas pour autant que ces efforts sont faits en vain par les organisations.

L’alternance codique, une nécessité

En effet, 56% des employés qui remarquent que les investissements en EDI diminuent estiment que l’alternance codique est nécessaire à leur progression dans leur entreprise, alors que chez les personnes noires sondées, ce chiffre atteint 44%. Dans l’ensemble de la population interrogée, ce taux se situe à 29%.

Si vous doutez qu’un tel phénomène se produise dans votre organisation, pensez-y à deux fois: seuls 26% des répondants blancs ont remarqué que leurs collègues changeaient leur code au boulot. Chez les personnes noires interrogées, la moitié l’avait déjà observé.

«Le changement de code et la discrimination sur le lieu de travail existent bel et bien, mais les différences de point de vue sur l’ampleur du phénomène ne font que souligner l’importance de la représentation dans le leadership», est-il écrit dans une note rédigée par Indeed.

Aux dirigeants qui souhaitent changer la donne, n’exigez pas simplement de vos employés qu’ils cessent de pratiquer l’alternance codique, déconseille-t-on. Ils devraient plutôt s’intéresser aux raisons qui les encouragent à porter ce masque au travail et à comment la culture organisationnelle pourrait être adaptée afin de créer un environnement sécuritaire.

«Si quelqu’un a l’impression de ne pas pouvoir montrer tous les aspects de son identité, vous passez à côté d’une richesse pour votre entreprise», rappelle Misty Gaither.

 

Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises.

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