Espaces commerciaux: un essor dans certains quartiers, une stagnation au centre-ville

Publié le 01/01/2024 à 11:23

Espaces commerciaux: un essor dans certains quartiers, une stagnation au centre-ville

Publié le 01/01/2024 à 11:23

Par La Presse Canadienne

Les représentants de plusieurs groupes locaux de développement des entreprises, les SDC, font état d’une baisse des taux d’inoccupation, alors même que l’inflation élevée et les rumeurs de récession menacent leur reprise post−pandémique. (Photo: La Presse Canadienne)

La rue Wellington, dans l’arrondissement Verdun à Montréal, est en plein essor, avec ses belles façades de magasins bordant un quartier animé de piétons. 

Avec un taux d’inoccupation commerciale que l’association d’affaires du quartier évalue à environ 6%, la «rue plus cool au monde» par le magazine Time Out, en 2022, est une réussite dans la lutte de la Ville contre les devantures de magasins vides qui affligent plusieurs artères principales de Montréal.

Marie−Ève Girard, conseillère en développement commercial à la Société de développement commercial (SDC) Wellington, a déclaré que la rue Wellington a bénéficié non seulement de l’afflux de touristes après le classement du magazine Time Out, mais aussi de certains aspects de la pandémie de COVID−19, qui ont incité les citoyens de Verdun à explorer leurs rues locales.

«Parce que les gens étaient chez eux, ils ont redécouvert leur quartier, a-t-elle expliqué, lors d’un entretien téléphonique. Il y avait aussi un énorme engouement pour l’achat local.»

Pour stimuler encore plus la demande, la SDC loue, un mois à la fois, une devanture autrefois vacante à des entrepreneurs désireux de tester l’environnement commercial du quartier.

La situation n’est cependant pas la même partout. Dans l’ensemble de Montréal, le taux d’inoccupation des devantures de magasins s’élève à 13,1%, selon le portail de données ouvertes de la Ville, soit une légère baisse par rapport aux 15% de 2019, lorsque l’administration a lancé des consultations publiques sur la question.

La plupart des zones les plus durement touchées se trouvent au centre−ville. L’arrondissement Ville−Marie, qui comprend des parties de grandes rues commerciales comme la rue Sainte−Catherine, affiche un taux d’inoccupation de 19%. Une fourchette saine se situe entre 4% et 7%, indique la Ville.

«Le fait qu’il n’y a pas plus de devantures vacantes qu’avant, malgré le fait qu’on a eu une pandémie, c’est une excellente nouvelle», a récemment déclaré Luc Rabouin, président du comité exécutif de Montréal, en entrevue.

De nombreuses rues ont signalé moins de magasins vides après des rénovations visant à les rendre plus attractives, a-t-il indiqué. Le taux d’inoccupation le long de l’avenue du Mont−Royal, dans le quartier du Plateau, est passé de 14,5% en 2018 à 5,6% cette année, après que la rue a été fermée à la circulation automobile et réaménagée pour ajouter des sièges et de la verdure.

D’un autre côté, le centre−ville a souffert de la perte de circulation piétonnière en raison de l’augmentation du travail à distance causé par la pandémie – une situation à laquelle toutes les grandes villes sont confrontées, a déclaré M. Rabouin.

Les représentants de plusieurs groupes locaux de développement des entreprises, les SDC, font état d’une baisse des taux d’inoccupation, alors même que l’inflation élevée et les rumeurs de récession menacent leur reprise post−pandémique.

Même la rue Saint−Denis, longtemps en proie à des devantures vides, a vu son taux d’inoccupation passer de 24% en 2020 à environ 16%, selon le directeur général de la SDC rue Saint−Denis, Julien Vaillancourt Laliberté. 

M. Vaillancourt Laliberté a indiqué que les choses se passent «plutôt bien» grâce à la fin de travaux routiers majeurs, à l’achèvement su Réseau express vélo (REV) sur Saint−Denis et aux fonds provinciaux pour aider les centres−villes à se remettre de la pandémie. La rue est également l’une des rares à permettre aux habitants de louer leur logement sur des plateformes de location de courte durée, comme Airbnb.

 

Le défi des bâtiments abandonnés 

M. Vaillancourt Laliberté et Patrick Legault, président de la SDC de Hochelaga−Maisonneuve, affirment que l’un des défis pour réduire davantage le taux d’inoccupation est la présence de vitrines fermées depuis longtemps, souvent en mauvais état, et que les propriétaires ne souhaitent pas louer.

«En général, les propriétaires sont heureux de nous parler, de nous faire organiser des rencontres et de rencontrer d’éventuels locataires, mais certains… laissent simplement leurs immeubles», a raconté M. Legault. La partie de la rue Ste−Catherine qu’il supervise présente un taux d’inoccupation de 14%, en partie à cause d’immeubles trop abandonnés pour être occupés.

La ville a introduit de nouvelles règles obligeant les propriétaires d’immeubles vacants à les enregistrer auprès de la ville et à respecter des normes d’entretien plus élevées sous peine d’amendes. Les groupes d’associations d’entreprises accueillent favorablement les règles, mais soutiennent qu’il n’est pas certain que la Ville les appliquera.

Même si les dirigeants des SDC sont fiers du travail accompli pour réduire les taux d’inoccupation, ils préviennent qu’un climat économique difficile, la hausse des taxes municipales, le manque de contrôle des loyers commerciaux et les délais de remboursement des prêts aux entreprises en période de pandémie menacent d’inverser les progrès.

Même sur la rue Wellington, tout n’est pas rose. Une affiche «À louer» trône dans la vitrine de la Boutique Sauvé, également connue sous le nom de JayMart, qui ferme ses portes après plus de 100 ans. Le propriétaire, Amit Natalia, affirme que la principale raison de sa fermeture est sa santé, mais il ajoute que les affaires sont plus difficiles aujourd’hui qu’à toute autre époque dont il se souvienne.

«Avec la COVID et l’économie, les gens n’ont pas d’argent, ils ne dépensent pas d’argent», a déploré l’homme de 67 ans.

Mme Girard a déclaré que la rue ne se repose pas sur ses lauriers. En fin de compte, il y a une chance qu’elle devienne victime de son propre succès, alors que les propriétaires d’immeubles augmentent les loyers commerciaux et forcent ainsi les locataires à partir. La situation économique difficile est encore plus pressante, car les gens dépensent moins.

«Notre rue se porte bien, mais nous restons toujours vigilants», a-t-elle affirmé.

Les SDC de toute la ville travaillent avec leurs arrondissements pour organiser des événements, notamment un festival de bandes dessinées sur la rue Saint−Denis, et une cabane à sucre extérieure et des marionnettes géantes sur la rue Wellington. À Ville−Marie, les artistes, les entreprises et les organismes à but non lucratif peuvent demander un permis pour occuper temporairement un magasin vacant.

Attirer les clients en personne à l’époque du magasinage en ligne nécessite non seulement des biens à vendre, mais aussi la création d’une expérience unique, a indiqué M. Vaillancourt Laliberté.

«Allons−nous rester à la maison, sortir la carte de crédit pour acheter quelque chose livré à notre porte sans chaleur humaine, sans transmission de valeurs, sans lien émotionnel avec notre rue? Je pense que (cette expérience) est ce que les gens veulent», a-t-il dit.

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne

 

 

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