L'énergie nucléaire est dans la mire du secteur des sables bitumineux

Publié le 18/07/2022 à 08:44

L'énergie nucléaire est dans la mire du secteur des sables bitumineux

Publié le 18/07/2022 à 08:44

Par La Presse Canadienne

«Sans aucun doute, les sables bitumineux sont le plus grand marché pour les petits réacteurs modulaires (PRM) au Canada», a affirmé John Gorman, président et chef de la direction de l’Association nucléaire canadienne.

Calgary — Même si l’idée d’utiliser l’énergie nucléaire pour remplacer les combustibles fossiles lors de l’exploitation de sables bitumineux a été évoquée pendant des années, certains experts pensent que cette solution pourrait devenir réalité dans une décennie.

«Sans aucun doute, les sables bitumineux sont le plus grand marché pour les petits réacteurs modulaires (PRM) au Canada, a affirmé John Gorman, président et chef de la direction de l’Association nucléaire canadienne. C’est quelque chose que certaines entreprises étudient de très près.»

Les PRM sont beaucoup plus petits qu’un réacteur nucléaire traditionnel. Générant de 10 à 300 mégawatts d’énergie, ils sont conçus pour être fabriqués de manière économique en usine.

Alors que les PRM ne sont pas encore disponibles sur le marché, l’Agence internationale de l’énergie atomique estime que près de 100 d’entre eux pourraient être utilisés dans le monde d’ici 2030. 

Au Canada, quatre provinces ― le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, la Saskatchewan et l’Alberta ― ont convenu de collaborer à l’avancement des PRM en tant qu’option d’énergie propre.

Leurs partisans affirment que les PRM pourraient potentiellement être utilisés non seulement pour fournir de l’électricité propre aux petits réseaux électriques, comme ceux des zones rurales, mais également pour fournir de la chaleur aux industries des ressources naturelles. Dans les sables bitumineux, les entreprises utilisent des quantités massives de chaleur pour produire la vapeur nécessaire à l’extraction du bitume ― et ils obtiennent cette chaleur en brûlant du gaz naturel.

Au total, l’industrie pétrolière et gazière est responsable de 30% de la consommation de gaz naturel du Canada, ce qui signifie qu’il sera essentiel de s’attaquer à l’utilisation de combustibles fossiles par l’industrie si le Canada veut respecter ses engagements climatiques.

L’industrie des sables bitumineux elle-même — par l’intermédiaire d’une organisation appelée l’Alliance Pathways, composée de la Canadian Natural Resources, de Cenovus Energy, de ConocoPhillips Canada, d’Imperial Oil, de MEG Energy et de Suncor Energy — s’est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production de sables bitumineux de 22 millions de tonnes par an d’ici 2030, et d’atteindre un objectif de zéro émission nette d’ici 2050.

Pour y parvenir, l’Alliance Pathways a proposé une importante ligne de transport de captage et de stockage du carbone qui capterait le CO2 des installations de sables bitumineux et le transporterait vers une installation de stockage près de Cold Lake, en Alberta. Ce projet à lui seul pourrait réduire les émissions annuelles d’environ 10 millions de tonnes et pourrait être en activité d’ici la fin de la décennie.

Mais l’Alliance Pathways a également formé un comité pour explorer officiellement le nucléaire comme solution de rechange au gaz naturel dans la production des sables bitumineux.

«Nous considérons les PRM comme une source à faible ou sans émission pour la chaleur à haute température dont nous avons besoin, a déclaré Martha Hall Findlay, chargée de l’aspect climatique à Suncor Energy. Mais cela doit être économiquement viable.»

Elle a fait valoir que l’industrie aura besoin de clarté quant au niveau du soutien financier gouvernemental, le cas échéant, qui serait disponible pour les PRM. Il y a aussi des questions concernant le processus réglementaire, compte tenu de l’expérience frustrante du secteur de l’énergie ces dernières années dans l’approbation de projets à grande échelle.

Dan Wicklum, président et chef de la direction du groupe consultatif à but non lucratif L’Accélérateur de transition et ancien président de la Canadian Oilsands Innovation Alliance, a souligné que l’industrie de l’énergie avait formellement évalué l’opportunité nucléaire dans le passé et l’avait rejetée, en grande partie à cause du coût.

«L’industrie regarde le gouvernement et lui dit: “faites en sorte que cela en vaille la peine”, a-t-il expliqué. Ils veulent plus d’argent des contribuables. Ils ont essentiellement dit qu’il n’y avait pas assez de soutien public en ce moment pour qu’ils agissent. Et à cause de cela, je pense, la faisabilité des PRM — ainsi que la capture et le stockage du carbone, etc. — est complètement remise en question.»

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