Branle-bas de combat aux États-Unis face à une paralysie budgétaire inévitable

Publié le 29/09/2023 à 16:23

Branle-bas de combat aux États-Unis face à une paralysie budgétaire inévitable

Publié le 29/09/2023 à 16:23

Par AFP

Aucune des deux chambres du Congrès —, ni le Sénat aux mains des démocrates, ni la Chambre des représentants contrôlée par les républicains — n’est pour l’instant parvenu à adopter une loi de finances pour prolonger le budget de l’État fédéral. (Photo: 123RF)

Les États-Unis fonçaient tête baissée vendredi vers une paralysie de l’État fédéral, plongeant le pays dans une pagaille logistique et une bataille politique, le président Biden et les républicains s’imputant tour à tour la faute. 

Sauf avec un accord de dernière minute, désormais quasiment impossible, la première économie du monde devrait dès dimanche fonctionner au ralenti: 1,5 million de fonctionnaires seront privés de salaire, le trafic aérien sera perturbé, tandis que les visiteurs des parcs nationaux trouveront porte close.

«Il y a encore une chance» que les États-Unis y échappent, voulait cependant croire la directrice du Bureau du budget de la Maison-Blanche (OMB), Shalanda Young vendredi.

«Je reste optimiste, car nous avons un jour et demi» pour que les élus démocrates et républicains au Congrès trouvent un accord, a-t-elle déclaré lors du point presse quotidien de la Maison-Blanche.

Mais aucune des deux chambres du Congrès —, ni le Sénat aux mains des démocrates, ni la Chambre des représentants contrôlée par les républicains — n’est pour l’instant parvenu à adopter une loi de finances pour prolonger le budget de l’État fédéral, qui expire le 30 septembre, à minuit.

 

L’aide à l’Ukraine, source de tensions

À près d’un an de l’élection présidentielle, les deux camps se rejettent la responsabilité de cette situation, très impopulaire auprès des Américains.

Pour le président démocrate Joe Biden, nul doute: la balle est dans le camp des républicains de la Chambre des représentants.

C’est en effet dans cette chambre que se situe le nœud du blocage: l’aide à l’Ukraine, qu’une poignée d’élus républicains trumpistes refusent catégoriquement d’attacher à une quelconque loi de finances.

Ces lieutenants de Donald Trump, qui disposent d’un pouvoir disproportionné en raison de la très fine majorité des républicains à la Chambre, avaient déjà poussé les États-Unis au bord du précipice politico-financier il y a quatre mois sur le dossier du relèvement du plafond de la dette.

Et ils ont reçu l’ordre de la part de l’ancien président, qui pourrait affronter Joe Biden en 2024, de «paralyser» l’État fédéral, à moins d’obtenir gain de cause sur «tous» les dossiers budgétaires en débat.

 

«Shutdown» de 2018

C’est déjà sous la présidence de Donald Trump que les États-Unis avaient traversé leur plus long «shutdown», à l’hiver 2018. Selon plusieurs estimations, le PIB des États-Unis avait alors été amputé de plus de 3 milliards de dollars.

À moins de 40 heures désormais de l’échéance, le pays se prépare donc à cette nouvelle fermeture des services. Les fonctionnaires ont été notifiés jeudi de l’imminence de cette paralysie.

Ils devront en effet attendre la fin du «shutdown» pour toucher leur salaire. Certains, considérés comme «travailleurs essentiels», seront toutefois réquisitionnés, les autres auront interdiction d’accéder à leurs dossiers et courriels. Les militaires ne seront pas non plus payés.

La plupart des célèbres parcs nationaux américains comme Yosemite et Yellowstone fermeront leurs portes. Le trafic aérien devrait également être très perturbé.

Et certains bénéficiaires d’aide alimentaire pourraient se les voir temporairement refuser.

Outre l’aide à l’Ukraine, un porte-parole du département d’État a aussi cité les risques sur les fonds dédiés aux «besoins humanitaires mondiaux», à l’aide à la crise migratoire, ou à la lutte «contre les acteurs malveillants, en particulier en Afrique», avertissant que cela met «en péril la sécurité nationale des États-Unis et (fait céder) du terrain à la Chine et à la Russie».

Une fonctionnaire, qui requiert l’anonymat car elle n’est pas autorisée à communiquer, a indiqué à l’AFP qu’elle est inquiète pour les semaines à venir, et devra compter sur le salaire de son mari pour assurer les dépenses courantes.

«Je vais regarder les informations, c’est certain. Mais je vais essayer de me concentrer sur mes enfants, passer du temps avec eux», souligne-t-elle.

 

 

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