Rester un cabinet de niche
À l'inverse de ces bureaux nationaux, BCF se vante d'être et de vouloir rester un bureau régional, c'est-à-dire québécois. Avec 215 professionnels (avocats, notaires, syndics, etc.), MM. Charpentier et Morrissette estiment avoir atteint la taille idéale. Si BCF recrute des vedettes d'autres cabinets, certains devront partir. Parce qu'au Québec, un cabinet régional peut difficilement compter plus de professionnels sans augmenter les risques de conflits d'intérêts.
«Aujourd'hui, il faut avoir une niche», croit M. Charpentier, qui définit BCF comme un cabinet mid-market, c'est-à-dire ciblant des transactions de 500 millions de dollars ou moins.
BCF a deux bureaux, à Montréal et à Québec, et il n'est pas question d'en ouvrir d'autres. Pas question non plus, vous l'aurez compris, de s'intégrer à une structure internationale contraignante. «Quand un client a besoin d'un service à l'étranger, je n'ai pas les mains liées par des partenariats et je peux donc choisir le meilleur cabinet dans ce pays», explique M. Charpentier.
Des 30 avocats recrutés chez Heenan, la moitié sont devenus d'office associés de BCF. Ces avocats, de grande réputation, ont sans doute été sollicités par plusieurs cabinets. Pourquoi ont-ils choisi BCF ? Nos deux interlocuteurs énumèrent plusieurs raisons : le fait que ce soit un bureau québécois, avec un centre décisionnel au Québec ; qu'il soit «sans complexe» et «plus entrepreneurial que les grands cabinets» ; qu'il ait «une structure tarifaire respectueuse» des clients.
Comment BCF a réussi à attirer Marcel Aubut
Ils estiment aussi que c'est la flexibilité de BCF qui lui a permis de recruter l'avocat vedette Marcel Aubut. Après avoir reçu un appel de Claude Paquet l'informant que «c'était le temps de parler à Marcel», la direction de BCF n'a fait ni une ni deux et l'a rencontré le 31 janvier, cinq jours avant la dissolution, à l'hôtel Le Crystal Montréal, rue de la Montagne. «Le temps pressait, parce que Marcel avait plusieurs options devant lui», dit M. Morrissette.
De fait, quatre jours plus tard, le mercredi, après plusieurs rencontres et communications entre les deux parties et quelques réunions du conseil de BCF, l'affaire était conclue. «Ça nous a permis de devancer certains cabinets dont les décisions se prennent à l'étranger», lance M. Charpentier.