Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 119e jour

Publié le 22/06/2022 à 10:41, mis à jour le 22/06/2022 à 13:06

Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 119e jour

Publié le 22/06/2022 à 10:41, mis à jour le 22/06/2022 à 13:06

La poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk est la seule qui échappe encore aux forces russes dans la région de Lougansk, où les violents combats d'artillerie durent depuis des semaines. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 22 juin. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

12h45| Noyée sous un déluge de feu, la ville de Lyssytchansk, dans l’est de l’Ukraine, vit «l’enfer» selon les autorités ukrainiennes, qui reconnaissent l’avancée des troupes russes qui entendent contrôler entièrement la région orientale du Donbass.

Face à ces revers militaires, Kiev espère un succès diplomatique fort avec la tenue du Conseil européen jeudi, qui doit se prononcer sur son statut de candidat à l’UE.

Voici un point de la situation mercredi au 119e jour de la guerre, établi à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

 

L’est

Avions, artillerie et tanks: «Les Russes s’approchent de Lyssytchansk, prennent pied dans les villes voisines et bombardent la ville», a affirmé Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, épicentre du conflit ces dernières semaines.

Juste de l’autre côté de la rivière Donets, infranchissable depuis que les ponts ont été détruits, «les combats continuent dans les rues» de Severodonetsk, a-t-il souligné.

La poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk est la seule qui échappe encore aux forces russes dans la région de Lougansk, où les combats d’artillerie durent depuis des semaines.

«La Russie se prépare selon toute probabilité à déployer un nombre important d’unités de réserve dans le Donbass», selon le ministère britannique de la Défense.

Moscou a fait de la conquête intégrale du bassin houiller du Donbass — déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014 — l’un de ses objectifs prioritaires.

 

Le nord-est

La région de la grande ville de Kharkiv, dont les Russes avaient été repoussés en mai, a subi des bombardements meurtriers mardi, faisant 15 morts, dont un enfant de huit ans.

 

Le sud

Selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), les forces russes ont vraisemblablement repris la rive orientale de la rivière Inhoulets, située entre Mykolaïv, toujours tenue par les Ukrainiens, et Kherson, plus à l’est, occupée par les Russes.

 

Drones

Deux drones ont attaqué mercredi une raffinerie de pétrole située dans le Sud-Ouest de la Russie à proximité de la frontière avec l’Ukraine, a déclaré son propriétaire, dénonçant un acte «terroriste» qui n’a pas fait de victime.

 

Journaliste «exécuté»

L’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) a publié mercredi une enquête menée en Ukraine qui prouve, selon elle, que le photoreporter ukrainien Maks Levin et un soldat qui l’accompagnaient ont été «exécutés», et probablement torturés, par des soldats russes en mars.

RSF va porter plainte — pour la sixième fois - devant la Cour pénale internationale (CPI) a indiqué l’organisation à l’AFP.

 

Crise alimentaire

Un navire marchand turc a quitté mercredi le port ukrainien de Marioupol après des discussions entre des délégations turque et russe à Moscou au sujet des céréales bloquées en Ukraine.

Il s’agit du «premier navire étranger à quitter le port ukrainien de Marioupol», tombé aux mains des Russes en mai, selon Ankara.

Une rencontre quadripartite avec des représentants des Nations unies, de la Russie et de l’Ukraine se tiendra dans les «prochaines semaines» en Turquie en vue d’organiser le transport des céréales en mer Noire, a précisé Ankara.

Des millions de tonnes de blé sont coincées dans les ports ukrainiens du fait de l’assaut lancé par la Russie contre son voisin fin février, ce qui préfigure une possible crise alimentaire mondiale.

 

«Plan Marshall»

Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé mercredi à mettre sur pied «un plan Marshall» pour l’Ukraine, estimant que la reconstruction du pays coûterait des «milliards» et concernerait «plusieurs générations».

Il a par ailleurs jugé que des négociations entre Moscou et Kiev étaient «encore loin» et a invité les Occidentaux à «maintenir fermement le cap» du soutien à l’Ukraine.

 

Victimes civiles et militaires

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit, certainement très lourd. 

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales parlent de 15 000 à 20 000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n’est disponible.

 

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de sept millions d’Ukrainiens sont déplacés dans le pays, selon l’ONU. S’y ajoutent 7,7 millions qui ont fui à l’étranger. Avant l’invasion russe, l’Ukraine comptait 37 millions d’habitants dans le territoire contrôlé par Kiev, amputé notamment de la Crimée annexée par Moscou en 2014.

 

8h47 | Lyssytchansk — Les Russes continuent d'avancer vers Lyssytchansk, une ville industrielle stratégique de l'est de l'Ukraine que leur artillerie «détruit complètement», ont indiqué mercredi les responsables ukrainiens, à la veille d'un sommet européen où Kyiv espère obtenir le statut officiel de candidat à l'UE.

«Les Russes s'approchent de Lyssytchansk, prennent pied dans les villes voisines et bombardent la ville avec leurs avions», a affirmé sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, épicentre du conflit ces dernières semaines.

«L'armée russe pilonne (aussi) Lyssytchansk avec son artillerie et ses tanks», a-t-il ajouté. Si les Ukrainiens contrôlent encore la ville, le déluge de feu russe y «détruit tout», avait-il déclaré quelques heures auparavant.

Juste de l'autre côté de la rivière Donets, infranchissable depuis que les ponts y ont été détruits, «les combats continuent dans les rues» de Severodonetsk, a-t-il souligné.

La poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk est la seule qui échappe encore aux forces russes dans la région de Lougansk, où les violents combats d'artillerie durent depuis des semaines. 

Bombardée par les Russes depuis des semaines, Severodonetsk est une étape clé dans leur plan de conquête de l'intégralité du Donbass, bassin de l'est de l'Ukraine essentiellement russophone et en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014.

Sur place, «c'est l'enfer», estime le gouverneur Gaïdaï, mais «nos hommes tiennent leurs positions».

«Les Russes détruisent complètement les maisons, jusqu'aux fondations, avec leur artillerie», a déclaré mercredi le chef de l'administration de la ville, Oleksandr Stryuk, estimant qu'il reste «7-8 000 habitants» dans cette cité industrielle qui en comptait environ 100 000 avant la guerre.

Côté russe, les autorités ont indiqué que deux drones avaient attaqué et provoqué un incendie mercredi dans la raffinerie de pétrole Novochakhtinski, située en territoire russe, à quelques kilomètres de la frontière avec la région de Lougansk.

Selon les autorités locales, l'incendie n'a fait aucune victime et a été éteint en fin de matinée. Sans accuser nommément les forces ukrainiennes, Moscou a dénoncé des «actes terroristes venant de la frontière occidentale» de cette région russe.

 

«Hystérie russophobe»

Sur le plan diplomatique, à Kyiv, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en plus de réclamer davantage de livraisons d'armes lourdes à ses alliés occidentaux, s'active pour s'assurer que les 27 pays de l'Union européenne accorderont à l'Ukraine le statut officiel de candidat à l'UE jeudi lors d'un sommet prévu au Luxembourg.

Son optimisme a été conforté par les propos du ministre des Affaires européennes français Clément Beaune, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE et qui a indiqué qu'un «consensus total» entre les Vingt-Sept avait émergé mardi sur cette question lors d'une réunion avec ses homologues au Luxembourg.

Mardi, le ton était monté entre Moscou et un membre de l'UE, la Lituanie, après que cette ex-république soviétique a imposé des restrictions sur le transit ferroviaire de marchandises frappées par les sanctions européennes contre la Russie en direction Kaliningrad, une enclave russe sur la Baltique.

Des «actes hostiles», a jugé Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe, promettant l'adoption prochaine de mesures de représailles qui auront «de sérieuses conséquences négatives pour la population de la Lituanie».

L'Allemagne a rejeté «fermement» ces menaces russes envers la Lituanie.

Moscou, qui commémore mercredi l'invasion de l'Union soviétique par les Nazis en 1941, a en retour accusé Berlin d'alimenter une «hystérie russophobe». 

Un navire marchand turc a quitté mercredi le port ukrainien de Marioupol (sud-est) après des discussions entre délégations turque et russe à Moscou au sujet des céréales bloquées en Ukraine à cause de l'offensive militaire russe, a annoncé le ministère turc de la Défense.

Selon ce dernier, il s'agit du «premier navire étranger à quitter le port ukrainien de Marioupol», pris par les Russes en mai après un siège destructeur de près de deux mois.

 

«Souffrances choquantes»

Une équipe de l'AFP a vu des soldats ukrainiens creuser une tranchée devant servir de poste de tir dans une rue du centre de Lyssytchansk, et ériger des barricades avec des barbelés et des branches.

«De nombreux habitants qui sont restés attendent le monde russe», explique Jaconda, faisant allusion à la volonté du président russe Vladimir Poutine de restaurer l'influence russe dans les régions limitrophes de la Russie.

À Severodonetsk, «les combats font rage autour de la zone industrielle» où, d'après les autorités locales, 568 personnes, dont 38 enfants — essentiellement des employés et leurs familles — sont désormais réfugiées à l'intérieur de l'usine Azot, selon le chef du district de Severodonetsk, Roman Vlasenko.

Ils refusent d'évacuer, selon M. Gaïdaï, qui a assuré qu'ils reçoivent de la nourriture, de l'eau et quelques médicaments de base. Selon lui, «ils pourront évacuer s'il y a un accord au plus haut niveau» entre les belligérants, avec «un cessez-le-feu et une route clairement définie».

Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé mercredi le «niveau choquant» de souffrance que la violence aveugle de la guerre en Ukraine cause aux civils, victimes d'«attaques indiscriminées constantes». Ce manque de respect pour leur protection «constitue une violation grave du droit humanitaire international», a-t-elle dénoncé. 

Côté médias, Reporters sans frontières (RSF) a publié une enquête menée en Ukraine qui prouve, selon elle, que le photoreporter ukrainien Maks Levin a été «exécuté» avec le soldat qui l'accompagnait, après avoir été probablement torturé, par des militaires russes en mars. Ce «rapport donnera lieu à notre sixième plainte» devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a indiqué RSF à l'AFP.

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