Hugo Lavallée trouve encore des aubaines parmi les petites sociétés

Publié le 31/10/2009 à 00:00

Hugo Lavallée trouve encore des aubaines parmi les petites sociétés

Publié le 31/10/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Qui sont les gestionnaires à la tête des fonds communs qu'on vous propose ? Quelle est la recette du succès des meilleurs d'entre eux ? Quels titres achètent-ils ? Nous vous présentons périodiquement une entrevue de fond avec un portefeuilliste renommé ou qui gagne à être mieux connu.

Il n'y a pas de doute, Hugo Lavallée, le jeune gestionnaire de portefeuille à qui Fidelity a confié la responsabilité de son Fonds Potentiel Canada il y a 13 mois à peine, a acquis les rudiments de son métier à la dure.

Ses sept dernières années dans l'analyse et la gestion de portefeuille chez Fidelity Investments lui ont probablement appris davantage que toutes les savantes connaissances acquises pendant ses études de baccalauréat en finance à l'Université McGill, diplôme qu'il a obtenu en 2002.

Du haut de ses 30 ans, M. Lavallée a déjà assisté à deux bulles boursières. L'implosion de la bulle techno de 2000 et la crise financière de 2008 ont accentué son souci d'assurer la préservation du capital. Mais son fonds de sociétés de petite capitalisation, qui a rebondi de 76 % depuis mars, conserve un mandat axé sur la croissance.

Trois semaines après s'être réinstallé à Montréal, à la suite d'un séjour de quatre ans à Boston, M. Lavallée nous a présenté son approche et ses perspectives de placement.

Bien qu'il soit avant tout intéressé par leur potentiel de croissance, M. Lavallée aime acheter des titres lorsque leur cours est peu élevé, pour diverses raisons : les investisseurs les boudent, font une mauvaise lecture des besoins de financement de l'entreprise ou doutent que leurs bénéfices rebondissent.

Les titres qu'il achète s'échangent souvent près de leur valeur comptable et ont une évaluation modeste par rapport aux ventes, et surtout par rapport au bénéfice potentiel que l'entreprise peut dégager d'ici deux ou trois ans. " L'automne dernier, plusieurs entreprises se négociaient à une évaluation d'à peine 4 à 5 fois le bénéfice que nous prévoyions pour les deux ou trois prochaines années, et parfois même sous leur valeur de liquidation ", explique M. Lavallée.

De tels titres peuvent s'apprécier lorsque les bénéfices et leur évaluation boursière augmentent en même temps.

Protéger ses arrières tout en restant fonceur

La place de chacun des 125 titres du Fonds Potentiel Canada doit se justifier chaque jour. Hugo Lavallée n'hésite pas à vendre ceux dont le potentiel de gain diminue ou qui risquent trop de baisser.

Depuis mars, il a donc réduit ses placements dans les titres qui avaient triplé ou quadruplé. " Dans le créneau des petites sociétés, il est préférable de vendre ses titres six mois trop tôt, quitte à laisser des dollars sur la table, que de vendre un jour trop tard. Le vent peut tourner rapidement et faire tomber ces titres peu négociables ", dit-il.

M. Lavallée évite les entreprises dont les marges bénéficiaires sont déjà supérieures à leur moyenne historique. C'est un indicateur que les bénéfices risquent de diminuer.

Quant aux entreprises en voie de redressement, le portefeuilliste scrute davantage leur bilan. À cet égard, il exploite les importantes ressources de Fidelity, qui emploie la plus importante équipe d'analystes de titres de dette, après celle du gestionnaire d'obligations Pimco.

Sept mois après l'amorce du mouvement haussier, M. Lavallée se dit encore " en mode offensif ". " J'ai discuté avec les dirigeants de cinq entreprises hier. C'est autant d'occasions de repérer des placements prometteurs parmi les plus petites sociétés et celles qui sont négligées par nos concurrents. "

Quatre titres-vedettes

Pour illustrer son approche, rien de mieux que d'expliquer comment certains titres se sont retrouvés dans son portefeuille.

M. Lavallée a notamment acheté le titre de l'épicier Metro (Tor., MRU.A, 34,35 $) lorsque les investisseurs n'avaient d'yeux que pour les producteurs de ressources, à l'été 2008. L'action ne valait plus que 10 fois le bénéfice, même si l'épicier dégageait un rendement de l'avoir des actionnaires de 18 %.

Entre juin 2008 et mars 2009, les analystes ont relevé leurs prévisions de bénéfice, et l'évaluation du titre de Metro est passée à 14 fois le bénéfice prévu.

M. Lavallée a aussi parié que le courtier en valeurs mobilières Canaccord Adams (Tor., CCI, 10,77 $) se remettrait de la crise du papier commercial adossé à des actifs. Le titre a connu une telle dégringolade il y a un an qu'il s'échangeait à un multiple de 2 fois le bénéfice par action de 2 $ que Canaccord avait dégagé en 2006 et 2007.

" C'est l'exemple classique d'une entreprise boudée. Pourtant, son modèle n'était pas cassé. Son bilan n'était pas fragile. L'entreprise a réduit ses coûts pour s'adapter à la chute de revenus, ce qui lui donnait le potentiel de rebondir dans une reprise ", dit-il.

Après avoir subi une perte de 0,33 $ par action au quatrième trimestre de 2008, Canaccord a dégagé un bénéfice par action de 0,07 $ au premier trimestre de 2009 et de 0,17 $ au deuxième. Le titre a explosé, passant de 3 à près de 11 $ depuis son achat par M. Lavallée.

La crise a aussi donné l'occasion au portefeuilliste d'acheter pendant six mois des actions de Bridgewater Systems (Tor., BWC, 9,35 $). Cette PME d'Ottawa développe des logiciels d'authentification pour l'accès aux réseaux sans fil.

À un cours de 2 à 3 $, la valeur marchande de l'entreprise (sa valeur boursière + sa dette) était à peine deux fois supérieure à son bénéfice d'exploitation.

" L'entreprise générait des rendements financiers élevés et des revenus fiables, et disposait encore du capital récolté lors de l'émission de 2007. L'annonce de l'obtention de contrats à partir de février a fait redécouvrir l'entreprise aux investisseurs, et son titre est passé de 2 à 9,50 $ ", évoque M. Lavallée.

Le gestionnaire a aussi jeté son dévolu sur le revendeur d'équipement informatique et de logiciels Softchoice (Tor., SO, 8 $), après avoir longtemps patienté parce qu'il jugeait le titre surévalué.

M. Lavallée a acheté le titre ce printemps à un cours de 4 $, une aubaine en fonction d'un éventuel redressement du bénéfice par action à 1 $, comme en 2007. Depuis, son cours a doublé, à 8 $.

Softchoice a bien intégré deux acquisitions réalisées en 2007, mais la dette liée à leur financement et la suppression du dividende ont fait tomber son titre à 2 $, au pire de la crise.

" Nous avons tiré parti des craintes excessives concernant le refinancement de la dette de Softchoice. Ses revenus ont diminué avec la récession, mais l'entreprise dégage encore des flux excédentaires pour rembourser ses dettes ", explique M. Lavallée.

( CV )

Nom : Hugo Lavallée

Âge : 30 ans

Fonction : Gestionnaire de portefeuille

Entreprise : Fidelity Investments Canada

Profil de carrière : M. Lavallée s'est joint à Fidelity en 2002 à titre d'analyste des producteurs de denrées et des fournisseurs de logiciels. Il a secondé Maxime Lemieux comme cogestionnaire du Fonds Fidelity Potentiel Canada à partir de 2006, avant d'en assumer seul la gestion, en septembre 2008.

Formation : M. Lavallée a obtenu en 2002 son diplôme avec grande distinction du programme de commerce de l'Université McGill.

Notes personnelles : M. Lavallée est marié et père d'un enfant. Il consacre ses temps libres à lire des publications financières. Ses cinq sources d'inspiration sont Investing with Anthony Bolton, The Little Book that Beats the Market (par Joel Greenblatt), Security Analysis (par Benjamin Graham et David Dodd), Fooled by Randomness (par Nassim Taleb) et The Essays of Warren Buffett.

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