Womance réinvente sans cesse son modèle d’affaires

Publié le 31/10/2023 à 17:00

Womance réinvente sans cesse son modèle d’affaires

Publié le 31/10/2023 à 17:00

Par Philippe Jean Poirier

La fondatrice de Womance, Andréanne Marquis (Photo: courtoisie)

L’époque où une entreprise de commerce électronique avait un avantage concurrentiel du simple fait de se trouver sur les médias sociaux et d’en faire bon usage est révolue. Face aux grandes bannières, certaines parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de Womance qui, depuis sa fondation en 2015, a changé plus d’une fois son modèle d’affaires pour trouver son marché et sa clientèle. 

L’entreprise de vêtements pour femmes Womance a successivement vendu des marques « connues », puis des vêtements « libres de droits », pour aujourd’hui fabriquer ses propres collections. 

Ayant connu ses premiers succès de ventes lors d’un marathon de boutiques éphémères tenu en 2017, l’entreprise native du Web a su bâtir une clientèle fidèle et engagée sur Facebook (81 000 abonnés) et Instagram (120 000 abonnés). Au total, 75 % de la clientèle revient chaque mois sur la plateforme. 

En tant que pionnière du commerce électronique, la fondatrice de Womance, Andréanne Marquis, constate que la compétition « postpandémique » est plus rude que jamais. « Avant la pandémie, notre compétition était de l’autre côté de la frontière ; le défi était alors de faire comprendre à la clientèle l’importance d’acheter des compagnies du Québec. Aujourd’hui, on se bat contre des Simons et des Dynamite qui ont aussi leur site transactionnel, tout en ayant des moyens financiers et un réseau de distribution que nous n’avons pas. » 

Les entreprises natives du Web avaient auparavant le « réflexe » d’investir en publicité Facebook pour acquérir de nouveaux clients, poursuit Andréanne Marquis. « Là, c’est une guerre qu’on ne gagnera pas, dit-elle, en raison notamment de la différence de budgets. Nous sommes maintenant dans la cour des grands et nous devons trouver de nouveaux moyens de nous démarquer face à eux. »

 

Grandir avec sa clientèle

Womance n’est pas à court d’idées, ni de ressort ou d’entrain pour relever le défi de se démarquer. Dans la dernière année, l’entreprise a pris le parti de créer plus de « nouveautés », en plus petites quantités, afin de les promouvoir dans des séances de dévoilement « en direct » sur sa plateforme transactionnelle. Des séances qui peuvent attirer jusqu’à 2000 visiteurs sur le site. 

En mode, le recours à des lancements de collection fréquents et exclusifs (ce qu’on appelle le « drop ») est un phénomène de plus en plus répandu sur le Web. « Ce n’est pas tout le monde qui aime cela, concède Andréanne Marquis. Certaines personnes repartent frustrées de ne pas avoir pu acheter le vêtement désiré. De notre côté, ça nous permet d’offrir une plus grande variété de styles, de créer de l’engouement sur la boutique en ligne et de réduire les excédents [de stock]. » 

Plutôt que d’utiliser des influenceurs pour promouvoir ses collections, Womance demande à des clientes de prendre la pose lors des « directs ». Lorsque l’entreprise a voulu ouvrir une boutique « physique » dans la région métropolitaine, elle a fait un sondage duquel elle a obtenu plus de 10 000 réponses qui, finalement, ont orienté le choix de localisation au Quartier DIX30.

 

Revendre ses propres collections 

La création d’un volet « seconde main » provient également du souci de prolonger la relation de Womance avec sa clientèle, en immense majorité féminine. Depuis 2021, les personnes qui utilisent la boutique en ligne peuvent créer un profil de vendeur pour revendre leurs vêtements sur une place de marché. « Nous avons un fort pourcentage de clientes récurrentes. Et donc, nous nous sommes dit qu’elles devaient avoir beaucoup de vêtements. Nous avons décidé de leur permettre de revendre leurs propres vêtements à même la plateforme. »

Plutôt que d’obtenir l’argent de la vente, les personnes qui utilisent cette option obtiennent 100 % de la vente en carte-cadeau. L’entreprise valide l’origine du vêtement, applique un prix de revente maximal et facture des coûts de livraison. « Ça part aussi d’une idée très tendance, en commerce de détail, de dire : “Si tu ne revends pas toi-même tes produits, c’est une autre entreprise qui le fera, avec les bénéfices qui viennent avec”. » La dirigeante précise que ce volet ne vise pas tant à faire de l’argent (« vendre du neuf est plus payant », rappelle-t-elle) que de fidéliser la clientèle.

« C’est aussi super bon pour l’environnement ! » ajoute-t-elle. Des clientes qui avaient pris la décision de ne plus acheter de vêtements neufs nous ont écrit pour dire à quel point elles étaient contentes de pouvoir acheter nos collections, en seconde main. Se démarquer, conclut-elle, ça ne veut pas nécessairement dire de grossir à tout prix. »

 

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Entreprise « native du Web » ou « native numérique » : entreprise qui vend ses produits ou ses services principalement par l’entremise d’une plateforme numérique (une application mobile ou un site transactionnel). Dérivé de l’expression digital native.

 

Ce texte fait partie de notre édition du 20 septembre 2023.

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