Marchés boursiers: septembre sera-t-il marqué d'une correction?


Édition du 06 Septembre 2023

Marchés boursiers: septembre sera-t-il marqué d'une correction?


Édition du 06 Septembre 2023

Par Jean Gagnon

(Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Le mois de septembre sonne inévitablement la fin des vacances, mais aussi un retour aux préoccupations économiques et financières que l’on aime bien mettre de côté durant la saison estivale.

Aussi, septembre et octobre se sont révélés historiquement des mois durant lesquels les marchés boursiers traversent des périodes plus difficiles. Parfois, septembre est marqué d’une correction, puis octobre suit avec une reprise. Parfois, la correction de septembre se poursuit en octobre.

Ce mouvement baissier est en certaines occasions plus important lorsque les conditions économiques se détériorent de façon significative. C’est peut-être justement ce que pourrait nous réserver l’automne 2023, si une récession devait se matérialiser, comme certains économistes et observateurs de la scène économique et financière semblent le croire.

 

Une image trompeuse

David Rosenberg, président, chef économiste et stratège chez Rosenberg Research, expliquait récemment, au cours d’une entrevue à la chaîne BNN Bloomberg, que la force de la Bourse américaine depuis le mois de juin montre une image trompeuse quant à la direction de l’économie mondiale, alors que des indicateurs importants montrent des signes de ralentissement.

Plusieurs adaptent leurs commentaires en fonction de la force du marché boursier pour prétendre qu’il n’y aura pas de récession, mais ils ont tort, selon lui. «La récession a été retardée, mais on ne l’évitera pas», dit-il.

Le réputé économiste rappelle qu’en moyenne, une récession survient deux ans après la première hausse de taux d’intérêt marquant le début d’une période de resserrement économique par la Réserve fédérale américaine.

 

 

Des valorisations étirées

Bien que le marché boursier américain montre encore des gains importants depuis le début de l’année, on n’en perçoit pas moins une certaine hésitation avec l’arrivée du troisième trimestre, note le groupe Économie et stratégie de la Banque Nationale, dirigé par Stéfane Marion. «Elle coïncide avec des surprises économiques de plus en plus négatives», peut-on lire dans leur rapport Le mensuel boursier.

De plus, et ce qui n’est pas sans faire craindre le pire pour l’économie et les marchés boursiers, c’est que l’inflation demeure résiliente, ce qui fait que les banques centrales persistent à relever les taux d’intérêt. Conséquence, les valorisations des titres boursiers basées sur les ratios cours/bénéfice sont maintenant très étirées à ce stade du cycle économique, alors que la politique monétaire devient de plus en plus restrictive, expliquent les experts de la Banque Nationale.

Le ratio cours/bénéfice de l’indice S&P 500 a en effet atteint un niveau de 24 fois les bénéfices des 12 derniers mois cet été, alors que sa moyenne historique se situe entre 15 et 17 fois.

Le rendement des bons du Trésor américain à échéance de trois mois (ce que l’on considère comme le rendement du marché monétaire) était récemment de 5,30%. C’est la première fois depuis 1977 que ce rendement dépasse celui du S&P 500, que l’on obtient en divisant le bénéfice par action de toutes les entreprises qui font partie de l’indice durant la dernière année (environ 178$ US) par la valeur de l’indice (environ 4400 points au 25 août). En multipliant ensuite ce nombre par 100 pour obtenir un pourcentage, on obtient un rendement de 4,05%, nettement inférieur à celui du marché monétaire.

 

Le soutien tiendra-t-il?

Le graphique des variations quotidiennes de l’indice S&P 500 depuis un an peut ne pas sembler trop inquiétant pour l’instant. On y voit une nette tendance à la hausse de la valeur de l’indice à l’intérieur d’un corridor ascendant bien déterminé (lignes pointillées), explique Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles. On constate que le recul en août constitue simplement une correction bien naturelle à la suite de la progression de l’indice depuis le mois d’avril.

Toutefois, l’arrivée du mois de septembre est parfois propice aux corrections boursières. Les données historiques montrent d’ailleurs qu’il s’agit du pire mois de l’année en Bourse, même pire qu’octobre, contrairement à ce que plusieurs pourraient croire.

La correction pourrait donc se poursuivre, et là où il faudra être très attentif, le cas échéant, serait le moment où l’indice S&P 500 se frotterait sur le niveau de 4100-4200 points, explique Monika Rizk. Ce niveau coïncide à la fois avec la borne inférieure du corridor de variations et avec la moyenne mobile de 200 jours (ligne grise) de la valeur de l’indice. Cette moyenne est le reflet de la tendance de l’indice à moyen terme.

La réaction du marché sera alors déterminante. La capacité de l’indice à ne pas enfoncer ce niveau de soutien sera révélatrice quant à son évolution durant les mois qui suivront. Une brisure de ce niveau de soutien risquerait d’être suivie d’un recul encore plus grand. Surtout que l’approche d’une récession pourrait fort bien devenir un facteur aggravant.

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