Inflation: ça chauffe aussi pour les entreprises

Publié le 04/12/2023 à 13:21

Inflation: ça chauffe aussi pour les entreprises

Publié le 04/12/2023 à 13:21

"En plus de la hausse des taux d’intérêt, nos entreprises sont aussi aux prises avec une augmentation du coût de plusieurs intrants ainsi que des frais de logistique et de transport." (Photo : Michaël Drapeau)

EXPERTE INVITÉE. Si les Québécois et les Québécoises s’inquiètent de la hausse du coût de leur panier d’épicerie et de leurs paiements hypothécaires, c’est aussi le cas aussi pour nos entreprises. La hausse des taux d’intérêt fait mal. L’inflation fait mal. Très mal, même.

Plus précisément, c’est la hausse des taux d’intérêt, conséquences de la hausse du coût de la vie, qui frappe.

Pas moins de 75% des entreprises manufacturières sont affectées par cette hausse. Un chiffre qui pourrait aller en grandissant, alors que les experts ne voient pas de baisse significative des taux à court terme.

C’est ce que révèle un sondage que vient tout juste de mener Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) auprès de plus de 175 entreprises, et ce, afin d’analyser les conséquences du contexte économique actuel sur leurs activités.

De façon plus précise, le sondage révèle que plus d’une entreprise sur deux (56%) a déjà connu une hausse de ses paiements d’intérêts.

Pour le quart des entreprises (26%), la situation les amène à revoir leurs décisions quant à leur développement.

 

Report ou annulation d'investissements

Ainsi, la hausse des taux d’intérêt se traduit concrètement par un report ou même par l’annulation d’investissements.

Ces annulations vont nécessairement accentuer l’écart de productivité qui existe entre le Québec et plusieurs pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Il s’agit d’un impact préoccupant lorsqu’on sait que l’une des solutions à la pénurie de main-d’œuvre vécue par les entreprises manufacturières d’ici est d’investir en automatisation et en robotisation.

Enfin, pour une entreprise sur cinq (20%), la pression créée par la hausse des taux amène un manque de liquidités.

Les conséquences sont donc réelles sur la santé des entreprises.

 

«Le panier d’épicerie»

En plus de la hausse des taux d’intérêt, nos entreprises sont aussi aux prises avec une augmentation du coût de plusieurs intrants ainsi que des frais de logistique et de transport.

Et c’est sans oublier la hausse du coût de la main-d’œuvre dans un contexte de l’emploi très concurrentiel.

Personne n’y échappe.

La hausse des coûts de production vient également toucher de façon directe la productivité et la compétitivité de nos entreprises manufacturières, et par la bande celle du Québec.

Et cela peut rapidement devenir une spirale pernicieuse quand l’investissement n’est pas au rendez-vous.

 

Que faire?

Les entreprises ayant été affectées par la hausse des taux d’intérêt sont d’avis qu’il existe des moyens concrets qui pourraient venir réduire l’incidence de ceux-ci sur leurs décisions d’investissement, et donc leur productivité et leur croissance.

Toujours selon le sondage cité précédemment, la principale solution souhaitée par les entreprises manufacturières est l’instauration d’un crédit d’impôt supplémentaire sur les investissements.

Concrètement, cela pourrait se traduire par la bonification du crédit d’impôt pour investissement et innovation (C3i) au Québec et par l’instauration d’un nouveau crédit d’impôt fédéral à l’investissement.

Cela dit, davantage d’efforts gouvernementaux seront nécessaires.

Les plus petites entreprises – celles de 99 employés et moins – favorisent quant à elles la mise en place d’une formule d’aide plus directe.

Chose certaine, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt viennent mettre de plus en plus de pression sur nos entreprises manufacturières. Le tout, dans un contexte de ralentissement économique de plus en plus visible et concret.

Ces entreprises peuvent et veulent contribuer davantage à soutenir l’économie actuelle par l’entremise d’un accroissement des investissements.

En revanche, elles auront besoin d’un signal clair des gouvernements que ces derniers seront là pour les appuyer dans cette période économique difficile.

 

À propos de ce blogue

Véronique Proulx est PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) et vice-présidente principale, Politiques et Affaires publiques, pour la maison-mère, Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC). Depuis son arrivée en 2017, MEQ et MEC sont devenus des voix influentes pour les entreprises manufacturières sur les scènes québécoise et canadienne. Véronique Proulx possède une longue feuille de route en entrepreneuriat et une solide expertise du milieu de l’exportation et de l’économie manufacturière québécoise. Elle a notamment œuvré pendant 14 ans au sein de Laval Technopole. Mme Proulx est administratrice au sein du conseil d’administration de INO et de Palette Skills. Véronique Proulx a été nommée dans le prestigieux Top 100 2021 des femmes les plus influentes au Canada du Women’s Executive Network (WXN), dans la catégorie Prix des leaders émergentes Mercedes-Benz. Elle est détentrice d’un MBA exécutif de l’université Paris-Dauphine et de l’UQAM.

Véronique Proulx
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