La décennie de tous les dangers en Eurasie

Publié le 21/10/2023 à 08:00

La décennie de tous les dangers en Eurasie

Publié le 21/10/2023 à 08:00

La Chine envahira-t-elle Taïwan?

La guerre en Ukraine et la nouvelle guerre au Proche-Orient donnent aussi une autre dimension aux tensions entre la Chine et Taïwan, que Beijing considère comme une province renégate.

À moins que Taïwan ne proclame officiellement son indépendance, l’invasion de l’île par l’armée chinoise est un scénario peu probable, affirmaient en avril 2022 des spécialistes, lors d’un symposium qui s’est tenu à Montréal (Is the War over Taïwan Coming?)

La retenue de la Chine à l’égard de Taïwan tient avant tout au fait que les États-Unis garantissent la sécurité de l’île, et que son invasion entraînerait probablement une intervention militaire des Américains et de leurs alliés dans la région.

Cela dit, cette grille d’analyse tiendra-t-elle toujours la route après 2024, si Donald Trump dirige les États-Unis, si la Russie gagne la guerre en Ukraine (ou si l’Ukraine n’arrive pas à reconquérir ses territoires perdus) et si les Américains sont impliqués dans une guerre au Moyen-Orient pour défendre Israël?

 

L'ex-président américain Donald Trump pourrait à nouveau revenir à la Maison-Blanche, s'il gagne l'investiture républicaine et s'il gagne la présidentielle en novembre 2024. (Photo: Getty Images)

Déjà en mars 2021, témoignant devant une commission du Sénat américain, le chef du commandement militaire américain en Indo-Pacifique (Indopacom), l’amiral Philip Davidson, avait indiqué que la Chine pourrait envahir Taïwan d’ici six ans (soit d’ici 2027), afin d’atteindre son objectif de supplanter les États-Unis dans l’océan Pacifique.

 

Quel avenir pour la Corée du Nord?

La grande leçon de la nouvelle guerre au Proche-Orient entre le Hamas et Israël est qu’il ne faut jamais sous-estimer un point chaud en Eurasie, sous prétexte qu’il se serait normalisé ou qu’il serait sous contrôle.

Bref, des tisons peuvent s'enflammer à nouveau très rapidement.

On l’oublie souvent, mais il n’y a pas de traité de paix entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), il y a plutôt un état de non-guerre entre les deux pays, en raison de la signature d’un armistice.

Aussi, les hostilités pourraient reprendre un jour, sans parler du risque d’effondrement du régime nord-coréen, qui déstabiliserait la péninsule coréenne.

Une réunification des deux Corée serait-elle possible à l’instar de celle des deux Allemagne en 1990?

Du reste, la Chine permettrait-elle la création d’un nouvel État plus puissant au nord-est de sa frontière et, de surcroît, un allié des États-Unis et du Japon?

La Corée du Nord, qui est un allié de la Chine, doit aussi être sur notre écran radar pour une autre raison: son rapprochement avec la Russie.

En septembre, le leader nord-coréen Kim Jong-un a rendu visite au président russe Vladimir Poutine, une visite au cours de laquelle il a notamment visité des usines de productions d’avions de chasse.

De plus, la Corée du Nord aurait vendu des armes à la Russie pour l’aider dans la guerre qu’elle mène en Ukraine, selon Washington. Des livraisons qui auraient eu lieu entre le 7 septembre et le 7 octobre, affirment les Américains.

 

À SUIVRE: Un mauvais alignement des astres

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand