Les craintes que l'économie retombe sont exagérées

Publié le 07/08/2010 à 00:00

Les craintes que l'économie retombe sont exagérées

Publié le 07/08/2010 à 00:00

Les craintes que l'économie américaine retombe en récession (le fameux double dip en anglais) sont exagérées.

L'économie américaine a crû de 3,2 % à sa première année de reprise (les quatre derniers trimestres clos le 30 juin). Cela se compare à une croissance de 1,9 % lors de la reprise de 2002 et de 2,6 % en 1991. En fait, il faut remonter à 1982 pour constater une première année de reprise plus forte, selon James Paulsen, stratège en chef chez Wells Capital Management.

Une reprise sans emplois ?

Plusieurs souligneront cependant qu'il s'agit d'une reprise sans création d'emplois. J'entends cela à la fin de chaque récession depuis 20 ans; la création d'emplois prend toujours plus de temps.

Encore là, la reprise n'est pas si décevante : elle a créé plus d'emplois que les reprises de 1991 et 2001. Il faut dire qu'avec encore 7,9 millions d'emplois à créer pour retrouver le même nombre d'emplois qu'en décembre 2007, la pente à remonter est raide.

Comme le mentionnait Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Banque Nationale Financière dans une recherche récente, plusieurs affirment que la reprise est plus faible que par le passé parce que la chute a été plus vertigineuse et que, par conséquent, le rebond devrait être plus robuste.

Vu sous cet angle, on peut être déçu. Par contre, ce n'est pas pertinent pour l'investisseur sérieux. La récession a déjà laissé sa marque dans les marchés. L'investisseur doit regarder vers l'avant, pas dans le rétroviseur.

Ce qui m'amène à parler des craintes de retomber en récession. Encore là, à chaque début de reprise, les marchés financiers éprouvent des doutes semblables.

Après le premier élan de croissance, l'économie traverse toujours une période de modération, perçue par plusieurs comme précurseur d'une autre récession. La baisse de la croissance au deuxième trimestre à 2,4 % est normale.

Que ce ralentissement suscite des inquiétudes est normal aussi. Car la reprise a beaucoup reposé sur l'intervention massive des gouvernements qui, à coups de milliards injectés dans leurs économies, ont permis de combattre le climat de crise et de rassurer les entreprises et les consommateurs.

Il est logique de se demander ce qui arrivera quand le soutien de l'État cessera. Le secteur privé devra alors prendre la relève. Il a déjà commencé à le faire. Le consommateur ayant recommencé à dépenser, les entreprises ont recommencé à produire pour reconstituer les stocks. Cette production accrue forcera les entreprises à investir et à embaucher, ce qui aidera la consommation à continuer à prendre du mieux. Or, si on examine le fonctionnement de cette roue qui tourne, il y a lieu d'être optimiste. D'abord, le consommateur américain s'est remis à magasiner. La consommation a dépassé son sommet d'avant la récession en seulement cinq trimestres.

Moins endetté

Voilà qui est surprenant dans une période de désendettement. En effet, le ratio des engagements financiers des ménages américains par rapport à leur revenu personnel disponible est presque retombé à sa moyenne historique des 30 dernières années. L'Américain moyen s'est donc donné une marge de manoeuvre financière, ce qui est de bon augure pour les dépenses à la consommation à venir.

Enfin, la baisse des taux d'intérêt a fait chuter le taux des hypothèques à des creux historiques, ce qui engendre une nouvelle vague de refinancement hypothécaire.

Tout cela aidera la consommation dans les prochains trimestres.

Du côté des entreprises, il y a également plusieurs points positifs. Les profits ont crû de 35,9 % au premier trimestre après une progression de 36 % au quatrième trimestre. Leur situation financière est nettement meilleure que lors des reprises de 1991 ou de 2001. L'encaisse des sociétés non financières du S&P 500 par rapport à l'actif total atteint un sommet jamais vu en plus de 40 ans.

La productivité américaine est déjà très élevée, parvenant à des sommets qui n'avaient pas été atteints depuis les années 1960. Ce qui est favorable pour les entreprises, mais nuisible pour la création d'emplois.

Toutefois, un jour ou l'autre, la hausse de la demande et de la consommation forcera les entreprises à embaucher davantage, ce qui contribuera à renforcer la roue de la reprise.

Tous ces éléments me font croire que les craintes d'une rechute sont exagérées.

Tout n'est pas rose pour autant. Plusieurs risques potentiels subsistent.

La fin des mesures d'aide d'urgence ralentira la croissance et les plans d'austérité que les gouvernements mettront en place pour réduire les déficits pèseront sur l'économie.

Il faudra aussi que la confiance des consommateurs prenne du mieux. C'est crucial, car l'économie repose sur elle. Or, l'Américain moyen a été traumatisé par la crise financière et l'effondrement du marché immobilier. Il lui faudra du temps pour reprendre confiance, ce qui retarde et entrave la croissance.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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