1 Le défi démographique
C'est un secret de Polichinelle : la population québécoise vieillit à la vitesse à laquelle le champion du monde de descente, Didier Cuche, attaque les pistes !
Or, le ski est un sport exigeant pour les muscles et les articulations, bref, sans pitié pour les personnes vieillissantes.
Cela dit, les baby-boomers skient beaucoup plus que la génération qui les a précédés au même âge, note Alexis Boyer-Lafontaine, porte-parole de l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ) : 35 % des skieurs ont plus de 40 ans. Leur longévité s'explique par leur meilleure forme, mais aussi par l'arrivée sur le marché de nouveaux équipements - des skis paraboliques -, plus faciles à manipuler et qui permettent de prolonger la pratique du sport, voire de conquérir de nouveaux adeptes. " Ces progrès technologiques ont ramené plusieurs skieurs qui avaient laissé tomber le ski ", dit M. Boyer-Lafontaine.
Le secteur mise aussi beaucoup sur les jeunes, et multiplie les initiatives pour initier le plus grand nombre aux sports de glisse, notamment en milieu urbain, où la pratique de ces sports n'est pas naturelle pour les enfants issus des communautés culturelles. Ça porte fruit : les 12-25 ans skient de plus en plus, note le spécialiste, " ce qui fait que la fréquentation n'a pas baissé, comme on le prédisait il y a quelques années, mais a plutôt stagné ".
2 Le défi du réchauffement climatique
" Les changements climatiques sont inéluctables ", dit M. Boyer-Lafontaine. L'hiver sera certes toujours l'hiver, mais ponctué de variations thermiques qui exigeront une grande adaptabilité des stations et un investissement dans les technologies de pointe. Heureusement, celles-ci évoluent, au point où les systèmes d'enneigement permettent de créer une neige qui ressemble à s'y méprendre à la naturelle.
L'Université de Waterloo et le Groupe Ouranos, un consortium basé à Montréal qui observe les conséquences des changements climatiques dans différents secteurs économiques, ont évalué celles sur l'industrie de la glisse. Le réchauffement climatique sera moins prononcé au Québec qu'en Ontario ou dans le Nord-Est des États-Unis (125 stations), où les saisons pourraient être plus courtes et chaotiques. " Il y aura des occasions à saisir pour le Québec, dit Michel Archambault, professeur de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM et titulaire de la Chaire de tourisme Transat, même si l'Outaouais et les Cantons-de-l'Est sont plus à risque. La croissance du secteur pourrait venir du tourisme américain et ontarien. "
3 Le défi du financement
Elles ne menacent pas de s'effondrer sur la tête des skieurs, loin s'en faut, mais elles commencent à accuser leur âge : les remontées mécaniques des stations de ski du Québec ont en moyenne 30 ans. On évalue à 100 millions de dollars le coût de remplacement du parc global. Or, en 2007-2008, une saison jugée excellente, les profits de l'ensemble des stations de ski du Québec ont totalisé 21 millions de dollars. " Les marges bénéficiaires sont faibles, note Alexis Boyer-Lafontaine. Elles n'ont rien à voir avec celles observées dans d'autres secteurs. Par ailleurs, les coûts de l'énergie augmentent sans cesse. C'est pourquoi on veut une aide gouvernementale conséquente. " Des discussions sont en cours avec Québec pour améliorer les programmes existants.
Le financement privé est très difficile, le secteur du ski étant jugé à risque, dit Michel Archambault. " Les activités ne sont pas échelonnées sur 12 mois et les institutions traditionnelles sont réticentes. Elles demandent souvent des amortissements de 5 à 7 ans, alors que les stations demandent de l'étaler sur une période de 10 à 15 ans. "
Or, de nouvelles infrastructures sont essentielles. " Nous sommes à la croisée des chemins, constate M. Boyer-Lafontaine. Pour rester accueillantes, nos stations doivent investir dans de nouveaux équipements. Déjà, on perd du terrain par rapport aux stations du Nord-Est des Etats-Unis. "
