Le kiosque à journaux réserve des surprises. Tout récemment, des magazines y affichaient un prix en dollars canadiens ( $ CA) inférieur au prix en dollars américains ( $ US). Le GQ du mois de septembre était à 8,99 $ CA (10,99 $ US), l'édition estivale méditerranéenne de Monocle, à 6,50 $ CA (8,00 $ US) et celle de septembre de Glamour, à 4,95 $ CA (5,95 $ US). Le ministre canadien des Finances Jim Flaherty a-t-il été entendu ? Au début de septembre, il s'était dit profondément irrité par le fait que les consommateurs canadiens ne profitent pas assez de la force du huard par rapport à la devise américaine. Depuis un an, la valeur de notre monnaie est la plupart du temps supérieure à celle du billet vert. Nous devrions donc payer moins cher les produits importés des États-Unis ou d'un pays où la transaction s'effectue en dollar américain. Pourtant, les magazines dénichés sont des exceptions. François Barrière, vice-président, développement des affaires, marché des devises et services internationaux chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, s'explique mal l'écart entre les prix canadiens et américains sur ces trois magazines. «La force du huard depuis un an ne justifie pas cette différence», dit-il, soupçonnant même une erreur de la part des éditeurs dans le calcul du taux de change... Tout aussi surpris, Maurice Marchon, économiste à HEC Montréal, estime pour sa part qu'il s'agit sans doute là d'une stratégie marketing des éditeurs pour accroître leurs ventes au Canada. (Le magazine GQ n'a pas répondu à notre courriel pour commenter.) Cela dit, les Canadiens profitent à long terme de l'appréciation du huard par rapport au dollar américain, souligne Maurice Marchon. Ainsi, si l'on tient compte du terme des échanges (les prix obtenus pour nos exportations sur les prix payés pour nos importations), le pouvoir d'achat des consommateurs canadiens s'est accru de 24,6 % au Canada, de 2002 à 2010.