Le coût du carburant baisse, mais les transporteurs aériens en profitent peu

Publié le 25/10/2008 à 00:00

Le coût du carburant baisse, mais les transporteurs aériens en profitent peu

Publié le 25/10/2008 à 00:00

La baisse du prix du pétrole est une bouffée d'oxygène pour l'industrie aérienne. Toutefois, les transporteurs canadiens sont désavantagés par la baisse simultanée du huard.

Les analystes sont partagés quant à savoir si la chute brutale du prix de l'or noir pourra contrebalancer d'autres facteurs négatifs qui touchent l'ensemble de l'économie, et plus particulièrement les transporteurs aériens.

" D'un côté, le prix du baril de pétrole a baissé de 50 %, mais de l'autre, le huard a perdu près de 20 % de sa valeur. Cela fait en sorte que la baisse du prix du pétrole est réduite à 30 % pour les transporteurs ", dit Jacques Kavafian, analyste chez Research Capital.

La baisse du huard fait mal aux transporteurs canadiens, car leurs achats de carburant de même que la location et l'achat d'avions sont tous libellés en dollars américains, note Rick Erickson, analyste chez RP Erickson & Associates, une firme-conseil spécialisée dans l'industrie aérienne.

Si certains transporteurs, comme Air Canada et Transat A.T., ont accès à un panier de devises par leurs activités internationales et sont déjà protégées contre les variations des taux de change, d'autres, comme WestJet, sont presque sans défense contre une fluctuation trop prononcée du huard. En effet, une grande partie de leurs revenus sont réalisés au Canada.

C'est sans compter le ralentissement économique et la crise du crédit, dont l'impact risque de diminuer les voyages d'affaires, un segment très payant.

Des craintes exagérées ?

M. Kavafian reste cependant optimiste : " Malgré les difficultés actuelles, je prédis une reprise de la croissance dans le secteur en novembre. "

Selon lui, il est exagéré de craindre que de nombreux vacanciers annulent leur voyage prévu cet hiver : " Lorsque vous prévoyez prendre des vacances, à moins d'être au chômage, vous les prenez. D'ailleurs, la baisse du prix de l'essence donne l'impression aux gens d'être plus riches ", explique-t-il

M. Erickson partage son avis et prévoit que la demande diminuera au plus de 15 % l'an prochain. " Pour bien des personnes, voyager n'est pas un choix, mais une nécessité. "

D'autres analystes sont plus pessimistes. Dans des notes publiées à la mi-octobre, Tim James et Philippe Durocher, de TD Newcrest, affirment que l'affaiblissement de la demande devrait " voler les bénéfices " de la baisse du prix du carburant pour WestJet et pour Transat.

" Nous prévoyons qu'une part importante des réductions de coûts sera transmise aux consommateurs afin de stimuler la demande ", écrivent-ils.

Pénalisés par les contrats à terme

Ironiquement, les transporteurs qui avaient voulu se prémunir contre une hausse du prix du pétrole en achetant leur carburant dans le cadre de contrats à terme paient aujourd'hui pour cette prudence.

Aux États-Unis, Southwest Airlines, passée maître dans ce genre de procédé, vient de déclarer sa première perte trimestrielle en 17 ans après avoir radié pour 247 millions de dollars américains de contrats de couverture de carburant.

L'achat d'options au moment où le baril vaut 70 $ US pourrait toutefois être payant si le prix du brut regrimpe.

Par ailleurs, les titres des transporteurs aériens paraissent sous-évalués aux yeux de plusieurs analystes, ce qui n'est pas étonnant dans le contexte actuel de déprime boursière.

" Le fonds de revenu Jazz Air verse un dividende annuel de 1 $, alors que son titre s'échange à environ 4 $; c'est un rendement annuel énorme de 25 % ! " dit M. Erickson.

jean-francois.cloutier@transcontinental.ca

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