La double pénalité de la baisse du dollar américain


Édition du 16 Septembre 2017

La double pénalité de la baisse du dollar américain


Édition du 16 Septembre 2017

Le dollar américain perdu près de 10 % de sa valeur au cours des dernières semaines. Pour les investisseurs canadiens qui possèdent des titres de sociétés américaines et canadiennes, l’effet négatif sur la valeur de leur portefeuille est double.

Il y a des expressions américaines qui sont difficilement traduisibles. C'est certainement le cas de double whammy, qui renvoie à des phénomènes qui nous touchent de deux manières différentes. Souvent, un des effets est direct, et l'autre, indirect. Par leur double action, ces événements peuvent avoir des répercussions importantes sur votre portefeuille. Parmi ces phénomènes, je pense notamment à une récession économique : elle se traduit habituellement par une baisse des bénéfices des entreprises (effet direct) et par une diminution des ratios cours-bénéfice (effet indirect), et donc, par une baisse importante des valeurs boursières.

Une hausse marquée des taux d'intérêt est un autre exemple, sauf que, dans ce cas précis, l'effet n'est pas double, mais triple. Une telle hausse gruge les bénéfices de la plupart des sociétés, réduit la demande de la part des consommateurs et exerce une pression à la baisse sur les prix de tout actif.

En général, un investisseur tentera de réduire les risques liés à de telles circonstances en diversifiant bien son portefeuille.

La baisse marquée et rapide du dollar américain face au dollar canadien constitue un troisième exemple de double whammy pour l'investisseur canadien. Le dollar américain a en effet perdu près de 10 % de sa valeur au cours des dernières semaines. Pour la majorité des investisseurs canadiens qui possèdent des titres de sociétés américaines et canadiennes, l'effet négatif sur la valeur de leur portefeuille est double.

Le premier impact est une dépréciation directe de la valeur des titres américains une fois cette valeur convertie en dollars canadiens. Ainsi, toutes choses étant égales par ailleurs, celui qui avait investi 40 % de son portefeuille dans des actions américaines a vu la valeur de son portefeuille décliner de près de 4 % depuis quelques semaines.

Le deuxième impact, indirect, concerne la valeur de plusieurs titres canadiens que vous possédez. En effet, les États-Unis étant souvent le plus important marché pour nos sociétés, nombre d'entre elles y réalisent une part importante de leurs ventes... en dollars américains. Une entreprise telle que le Canadien National, qui génère plus de 50 % de ses revenus aux États-Unis et qui assure plus de la moitié du transport entre les deux pays, verra forcément ses bénéfices diminuer en raison de la baisse de la valeur du dollar américain. Même phénomène pour Couche-Tard (près de 64 % au plus récent exercice), Groupe CGI (25 % en 2016) ou BMO Banque de Montréal (25 % des profits de l'exercice 2016).

Il y a même un troisième impact. Les entreprises canadiennes qui exportent aux États-Unis et dont les coûts de production sont principalement déboursés en dollars canadiens voient leur compétitivité baisser face à leurs concurrents américains et étrangers. D'une certaine manière, la baisse du dollar américain par rapport au dollar canadien pourrait régler une partie du problème de compétitivité des sociétés américaines que dénonce le président Donald Trump, et peut-être bien mieux que les changements qu'il cherche à apporter à l'ALENA.

Y a-t-il une façon de s'en prémunir ?

Je ne crois pas qu'il soit possible de prévoir les variations des taux de change dans la gestion de son portefeuille. Il est toutefois possible de réduire leur impact. En répartissant ses placements de manière équilibrée entre des sociétés exportatrices et importatrices, on s'assure que ces variations sont favorables (ou sans impact) pour une partie de ses titres, bien que néfastes pour les autres... et vice-versa.

La baisse récente du dollar américain est donc favorable aux sociétés dont les revenus sont principalement canadiens et qui achètent leurs marchandises en dollars américains.

Autre point que peu d'intervenants soulignent, me semble-t-il : la force du dollar canadien est peut-être néfaste à court terme pour votre portefeuille de titres, mais elle est plutôt favorable à votre vrai portefeuille, celui avec lequel vous payez les biens de tous les jours. Un dollar canadien plus fort nous enrichit. Vous le remarqueriez si vous passiez l'hiver en Floride.

EXPERT INVITÉ
Philippe Le Blanc
est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

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