Guerre des ondes sur fond de redevances

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Guerre des ondes sur fond de redevances

Publié le 05/12/2009 à 00:00

" IL Y A D'AUTRES SOLUTIONS QUE LES REDEVANCES POUR AIDER LES TÉLÉS GÉNÉRALISTES. "

- André Bureau, président du conseil, Astral Média

Les Affaires - Les télés spécialisées sont-elles les enfants gâtés du système ?

André Bureau - C'est étonnant que certains intervenants avancent cela. Lors de la naissance des premières chaînes spécialisées, au milieu des années 1980, le CRTC nous a empêchés d'accéder à la publicité locale afin de protéger les télés traditionnelles. Par ailleurs, la télé généraliste a accès à tous les abonnés du câble, et nous, seulement à ceux qui veulent s'y abonner.

L.A. - Pierre Karl Péladeau a dit devant le CRTC : " Une fois que la télévision généraliste se sera écrasée, c'est le dernier clou au cercueil du système canadien de radiodiffusion qui aura été planté. " Les chaînes spécialisées tueront-elles la télé généraliste ?

A.B. - Nous ne participons à aucune guerre et nous n'avons pas pris parti dans ce débat.

L.A. - Astral a déclaré devant le CRTC que si des redevances étaient versées aux télévisions conventionnelles, cela aurait un impact négatif sur les chaînes spécialisées qu'il opère...

A.B. - Nous avons dit cela, mais nous avons aussi avancé qu'il y avait d'autres solutions pour aider les télés généralistes qui ne mettraient pas tout le système en danger.

L.A. - Lesquelles ?

A.B. - Par exemple, nous avons suggéré une plus grande flexibilité dans l'obligation de dépenses de contenu canadien à l'intérieur d'un groupe. TVA pourrait diviser ses dépenses à la fois dans sa chaîne généraliste et dans les chaînes spécialisées. Nous suggérons de prolonger d'un an à trois ans le délai pour bénéficier du fonds de 100 millions de dollars par année pour l'amélioration de la production locale, et d'instaurer un crédit d'impôt temporaire pour la favoriser.

L.A. - Radio-Canada demande des redevances, au grand dam des télés généralistes, comme TVA et V. Qu'en pensez-vous ?

A.B. - C'est un cas particulier. Le CRTC devrait souligner le fait que Radio-Canada est placée sous la responsabilité du gouvernement, et que celui-ci devrait lui donner les moyens d'assurer son mandat. Ce serait la solution normale, logique.

" NOUS AVONS LES MÊMES PROBLÈMES QUE LES AUTRES, LES SOLUTIONS DOIVENT ÊTRE LES MÊMES. "

- Steven Guiton, chef des affaires réglementaires, CBC-Radio-Canada

Les Affaires - Certaines chaînes généralistes qui luttent pour avoir accès aux redevances des câblosdistributeurs estiment que Radio-Canada ne devrait pas en recevoir puisqu'elle est une société d'État...

Steven Guiton - Depuis 20 ans, le gouvernement a réduit nos budgets et nous a dit d'aller chercher le manque à gagner au moyen de la publicité. Sur un budget de 1,8 milliard de dollars, nous recevons 1,1 milliard du gouvernement. Ainsi, 35 % de notre budget est financé par des revenus commerciaux [principalement de la publicité], et cette proportion atteint 50 % pour la télévision. Le problème, pour les télés généralistes, c'est que le marché de la pub s'est effondré. Et cela nous touche aussi durement que les autres, c'est injuste de dire le contraire. Nous avons réduit nos dépenses de près de 200 millions de dollars cette année et mis à pied presque 10 % de notre main-d'oeuvre. Si nous avons les mêmes problèmes, les solutions sont également les mêmes : les télés spécialisées ont accès à certaines sources de revenus mais leurs concurrents n'y ont pas droit ? C'est injuste, et la solution doit être équitable. Tout ce que cherchent les télés généralistes, c'est le droit de négocier avec les câblodistributeurs, de s'asseoir avec eux.

L.A. - Par habitant, Radio-Canada reçoit moins de l'État que la grande majorité des télédiffuseurs publics de l'Occident. Ne devriez-vous pas plutôt vous battre afin de retrouver votre financement d'antan ?

S.G. - Depuis 20 ans, le gouvernement n'a démontré aucune intention d'augmenter notre budget. Le modèle que veut le gouvernement pour Radio-Canada est mixte et s'appuie sur la publicité.

L.A. - Dans cette industrie, les câblodistributeurs ont-ils le gros bout du bâton ?

S.G. - À la fin des années 1990, le gouvernement a estimé qu'il y avait assez de concurrence dans la câblodistribution. En 2002, il a allégé la réglementation. Nous pensions alors que leurs tarifs diminueraient. Nous n'avons pas vu ça. Il n'y a pas de concurrence dans ce secteur. Les câblos sont presque en situation de monopole. Il y a fort à parier qu'ils refileront la facture aux consommateurs si le CRTC leur impose de nous verser des redevances.

martine.turenne@transcontinental.ca

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.