Et si vous profitiez de la conjoncture pour revoir vos processus d'affaires ? Pourquoi ne pas faire prendre le virage vert à votre service des technologies de l'information et, tant qu'à faire, à l'ensemble de votre système informatique et de télécommunications ?
En plus d'être bénéfique pour la planète, ce virage peut faire économiser de l'argent à l'entreprise qui y consacrera du temps. Encore là, sans stratégie, point de salut. "Il faut être en mesure de quantifier correctement les gains environnementaux, sociaux et économiques. Ce que je vois le plus dans le cadre de mon travail, ce sont des gens bien intentionnés qui prennent des décisions sans savoir si cela aura réellement un gain. Ils se fient aux déclarations du fournisseur ou à ce que font les concurrents", constate Jean-Sébastien Trudel, président d'Ellipsos et expert-conseil en développement durable.
La stratégie TI verte qui semble apporter le plus de gains rapidement est la virtualisation des serveurs, stratégie qui consiste à acheter des serveurs multiprocesseurs de nouvelle génération dotés d'applications logicielles permettant de faire cohabiter sur un même serveur plusieurs applications et systèmes d'exploitation. La majorité des entreprises n'ont pas adopté la virtualisation des serveurs; ceux qu'ils utilisent sont encore dédiés à une seule application et à un système d'exploitation. L'utilisation moyenne d'un serveur en entreprise varie de 10 à 20 % de sa capacité totale.
"Ces serveurs sont sous-exploités", affirme Muriel McGrath, associée, services mondiaux d'affaires, secteur de l'énergie, d'IBM.
La virtualisation permet de mieux utiliser ses systèmes informatiques et d'éliminer quelques serveurs. Logiquement, l'entreprise aura besoin de moins de personnel pour les administrer et en faire la maintenance, moins d'énergie pour les chauffer et les climatiser, ce qui entraîne donc des économies.
Bombardier Aéronautique a fait le saut de la virtualisation et a opté pour diverses mesures de rationalisation il y a plus de deux ans. Elle a ainsi pu réduire de 14 % le budget annuel consacré aux TI. "Maintenant que nous avons vu les importantes économonies que nous pouvions réaliser grâce à la virtualisation des serveurs des centres de données de Bombardier Aéronautique, nous allons nous faire de même chez Bombardier Transport, notre division de construction ferroviaire", dit Robert Proulx, directeur des systèmes d'information chez Bombardier.
"La virtualisation des serveurs s'avère pour nous la stratégie TI ayant le plus d'impact à court terme en ce moment", ajoute M. Proulx.
Petit nettoyage de printemps
Une stratégie TI verte efficace ne se limite pas qu'à la virtualisation, "surtout qu'un grand nombre d'entreprises au Québec ne disposent pas ou n'exploitent pas de centres de données", rappelle Nathalie Gosselin, spécialiste des TI et du développement durable, de Cycletic, un cabinet-conseils. Le fait de bannir l'utilisation des économiseurs d'écran et d'imposer l'écran noir lorsque l'ordinateur est inactif ou d'utiliser des logiciels qui gèrent le mode veille et le démarrage des ordinateurs (comme Nightwatchman et SMSwakeup) peuvent faire une grande différence.
"Cela peut paraître un conseil simpliste, mais par exemple Dell, qui a décidé l'an dernier d'utiliser ces logiciels pour 50 000 de ses PC, prévoit réaliser une économie de 1,8 million de dollars par année", mentionne Mme Gosselin, qui donnera le 3 juin prochain une conférence sur les TI et le développement durable au CRIM, à Montréal.
L'uniformisation de son parc d'ordinateurs, d'appareils mobiles et d'applications logicielles, c'est-à-dire la stratégie qui impose l'utilisation des mêmes types d'ordinateurs, des mêmes logiciels, des mêmes systèmes d'exploitation, des mêmes téléphones et forfaits voix-données, est également une stratégie verte à considérer. Cette uniformatisation permet, par exemple, de mettre au rancart de nombreux ordinateurs inutilisés - en moyenne il y aurait plus de deux ordinateurs par employé dans les entreprises - ce qui permet de faire d'importantes économies puisque les contrats de licence de logiciels et les contrats d'impartition sont facturés selon le nombre de postes de l'entreprise. L'uniformatisation réduit aussi les coûts de soutien technique fourni notamment par les centres de service, les fameux help desks des entreprises.
jerome.plantevin@transcontinental.ca
