Assis sur des trésors, le Québec joue au quêteux

Publié le 18/09/2010 à 00:00

Assis sur des trésors, le Québec joue au quêteux

Publié le 18/09/2010 à 00:00

Chut, pas trop fort... Dany Williams pourrait nous entendre et recommencer à vociférer. C'est qu'il s'emporte facilement, le premier ministre de Terre-Neuve-et- Labrador, lorsqu'il est question du Québec.

Le fait est qu'à travers ses crises de rage, il vient de mettre le doigt sur un problème fondamental au Québec : nous préférons l'aumône au travail, la péréquation à la mise en valeur de nos ressources.

Nous avons du gaz naturel, mais il ne faudrait pas l'exploiter. Nous avons aussi probablement du pétrole, mais il vaudrait mieux ne pas y toucher. Nous possédons des gisements d'uranium, mais l'idée de les mettre en valeur provoque une tempête. Nous comptons de nombreuses autres ressources minières (or, diamant, etc.), mais leur exploitation suscite la controverse. Nous avons de grandes forêts, mais il serait bon de les préserver. Nous avons des rivières au débit puissant, mais construire des centrales hydroélectriques dérange.

Le Québec possède de fabuleuses richesses naturelles. Mais pas touche !

Nous jouissons des droits de scolarité universitaire les plus bas au pays. Du réseau de garderies à tarifs abordables le plus important. Du plus généreux régime d'assurance parentale. Des plus bas tarifs d'électricité, après le Manitoba. Sans compter les Bixi...

Sérieusement, comment parvenons-nous à vivre aussi bien sans mettre davantage à contribution notre riche patrimoine naturel ? C'est simple : parce que les autres Canadiens font le travail pour nous.

Les mines d'uranium font peut-être peur, mais en Saskatchewan, on les exploite, ces mines, et ce sont les plus importantes du pays. On y produit aussi du gaz naturel et du pétrole, comme en Alberta. Ce n'est pas ragoûtant, mais c'est quand même du gaz et du pétrole que nous sommes heureux de consommer. Sauf que ce sont eux qui se salissent les mains. En tirent-ils une gloire ? Une fierté ? En tout cas, ils en tirent d'énormes revenus dont nous finissons par profiter. L'Alberta, et maintenant la Saskatchewan, sont au rang des provinces les plus fortunées. Elles contribuent donc grandement au système de péréquation qui permet de répartir la richesse parmi les provinces canadiennes.

Pour son exercice financier 2009-2010, le Québec a ainsi obtenu 8,355 milliards de dollars qui l'ont aidé à contenir son déficit. Avec un peu de chance, le Québec renouera avec l'équilibre budgétaire en 2013-2014 et pourra continuer à bien traiter la population.

Mais supposons qu'ailleurs on fasse aussi la fine bouche et que ces milliards de dollars disparaissent... Nous serions drôlement mal pris ! Scénario impossible ? Je crains que non. Ils s'informent aussi, dans l'Ouest, et ils finiront par se rendre compte que nous nous payons le luxe de ne pas prendre de décisions déplaisantes parce qu'ils les ont prises à notre place.

Vivre à proximité de mines d'uranium ? Pas nécessairement réjouissant. Voir une flamme brûler au bout d'une cheminée qui évacue du gaz naturel ne l'est pas non plus (pas plus d'ailleurs que d'habiter à l'ombre d'une éolienne haute de 40 étages, mais ça, c'est une autre question). Se résigner à ce qu'une forêt centenaire passe à la scie mécanique peut déranger. Mais vivre de charité publique aussi.

Il me semblait que nous étions un peuple fier et orgueilleux. En fait, nous jouons aux quêteux tout en étant assis sur un trésor.

Productivité : un autre exemple

La semaine dernière, ma chronique portait sur la productivité et sur le drôle d'arrière-goût que l'expression provoque au Québec.

Voici à ce sujet le commentaire qu'ajoute un lecteur, Robert Ascah : " Je donne toujours le même exemple, celui du creusement d'une tranchée. Il y a 100 ans, cela se faisait à la pelle; aujourd'hui, on utilise une pelle hydraulique. Non seulement, l'utilisation de la pelle hydraulique est 10 fois plus efficace, mais le travail de l'opérateur est beaucoup plus facile physiquement (pour ceux qui disent qu'on devrait revenir à la pelle pour créer plus d'emplois, je suggère qu'on devrait utiliser des cuillères pour en créer encore plus...). Dans le secteur des services, je peux invoquer une anecdote personnelle. Il y a une trentaine d'années, j'avais demandé à ma secrétaire de dactylographier une lettre à partir d'un brouillon que je lui avais remis. Elle a dû reprendre la lettre sept fois. Aujourd'hui, cela est impossible, puisqu'avec un traitement de texte, la secrétaire corrige uniquement les fautes notées et ne reprend pas l'ensemble de la lettre. Ce gain de productivité est sûrement à l'avantage de tous. "

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Braillards, ces Français

Deux millions de Français sont descendus dans la rue, le 6 septembre, au nom de la solidarité. Pourtant, c'est une vertu dont, manifestement, ils ne comprennent même pas le sens. Une réelle solidarité ferait en sorte qu'on repousse de quelques années l'âge légal de la retraite.

Vos réactions

" Ma conjointe et moi avons eu la même réaction. Toute cette mobilisation pour faire passer l'âge de la retraite de 60 à 62 ans, d'ici 2018 en plus ! Des fois, on dirait que les Français vivent sur une autre planète. En tant que société, on doit se poser des questions sur un système qui encourage, tacitement ou explicitement, des adultes au sommet de leur forme professionnelle à prendre une retraite hâtive. "

- alexisbeauchamp

" Les lois régissant les retraites en France ou ici sont des acquis qui ont été soutirés après des décennies, voire des siècles de combats, de nos riches et bien-pensants dirigeants. Ma solution est que, si nous voulons maintenir des régimes de retraite honorables, qu'on aille piger dans le magot des riches ce qui revient de droit au peuple. "

- amsterixtre

rene.vezina@transcontinental.ca

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