IA générative: la contre-attaque d’AWS

Publié le 11/12/2023 à 10:11

IA générative: la contre-attaque d’AWS

Publié le 11/12/2023 à 10:11

Par Maxime Johnson

Plus de 50 000 personnes ont assisté en personne à la conférence AWS re:Invent 2023 à Las Vegas. (Photo: Maxime Johnson)

TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.

TECHNO SANS ANGLES MORTS. Même si les modèles d’intelligences artificielles (IA) génératives d’OpenAI et de Google retiennent l’attention ces jours-ci, AWS est loin de regarder la parade passer. C’est ce que le bras infonuagique d’Amazon tenait à rappeler récemment à l’occasion de sa conférence annuelle re:Invent 2023, un véritable remue- méninges à plus de 50 000 personnes sur comment utiliser l’IA générative en entreprise.

Un positionnement stratégique par rapport à l’IA générative, de nouveaux outils et des idées pour s’inspirer: voilà comment on pourrait résumer l’édition 2023 de la conférence éducative re:Invent, à laquelle j’ai assisté à la fin novembre à Las Vegas, à l’invitation d’AWS.

 

Parier sur le choix

Microsoft Azure est la plateforme exclusive pour utiliser GPT-4 et les autres modèles d’OpenAI. Google Cloud permet de profiter des modèles de Google, comme Palm-2 et le nouveau Gemini, tout juste annoncé. Que fait AWS de son côté? Si vous ne le savez pas, ne soyez pas embarrassés: même si l’entreprise est le plus important fournisseur infonuagique dans le monde (avec environ le tiers des parts de marché), ses efforts en matière d’IA générative sont jusqu’ici plutôt passés sous le radar.

AWS a pourtant aussi développé ses modèles d’IA génératives, connus sous le nom de Titan. Mais l’entreprise tient à ce que ce soit clair: Titan n’est qu’un choix parmi tant d’autres pour ses clients.

«Nous croyons que d’avoir accès à plusieurs différents modèles est la meilleure option», explique Shaown Nandi, stratégiste pour les entreprises chez AWS.

L’outil AWS Bedrock, une interface lancée plus tôt cette année pour déployer facilement des modèles d’IA générative, permet par exemple de créer des applications avec Titan, mais aussi avec les modèles de Meta (Llama), Anthropic (Claude), Stability AI (Stable Diffusion), Cohere (Command) et Al21 Labs (Jurassic). «Et à mesure que d’autres modèles s’imposeront sur le marché, nous les ajouterons», précise le stratégiste.

Pour AWS, chaque modèle a ses forces et ses faiblesses, et ce n’est pas parce que l’un d’eux est bien adapté à la création d’agents conversationnels pour un site web qu’il est aussi le meilleur choix pour développer de nouveaux médicaments, par exemple.

«Et changer le modèle au cœur de son application avec Bedrock peut être aussi facile pour un développeur que de cocher une case, même si celui-ci est entraîné avec ses propres données», note Shaown Nandi.

 

Amazon Q, la réplique à ChatGPT

À re:Invent, AWS a aussi dévoilé des dizaines de nouvelles fonctionnalités pour ses utilisateurs, dont plusieurs étaient reliées à l’IA générative. Du lot, celle qui retient surtout l’attention est Amazon Q, une sorte de ChatGPT pour les entreprises.

«C’est un assistant conçu pour vous aider au travail», résume Adam Selipsky, directeur général d’AWS. Amazon Q est offert en quelques variantes. Une version accessible dans la console AWS permet par exemple d’aider à utiliser les différents produits du fournisseur infonuagique. Une autre, dans Amazon QuickSight, permet quant à elle de poser des questions d’intelligence d’affaires (business intelligence, ou BI) reliées à ses propres données.

Le directeur général d’AWS, Adam Selipsky, lors du dévoilement du robot conversationnel Amazon Q. (Photo: AWS)

Et il n’est pas nécessaire d’avoir une expertise en intelligence d’affaires pour en profiter. «Nous croyons que tout le monde devrait pouvoir poser des questions sur leurs propres données en utilisant un langage naturel», précise Adam Selipsky. Ceux qui ont une expertise pourront quant à eux générer des rapports et des tableaux de bord plus rapidement, notamment.

Amazon Q est aussi intégré à Amazon Connect, le service de l’entreprise pour les centres de données, et le sera bientôt à AWS Supply Chain, ce qui pourra permettre aux utilisateurs de demander par exemple quelles seraient les conséquences de la fermeture d’un fournisseur dans leur chaîne d’approvisionnement, ou d’un retard dans la livraison d’une pièce.

 

Cinq idées pour s’inspirer

Les entreprises qui déploient des IA génératives le font souvent de deux façons: en mettant en place un robot conversationnel, ou encore en optimisant la productivité des employés, en leur permettant par exemple d’écrire des ébauches de documents rapidement avec ChatGPT, ou en générant du code informatique avec GitHub Copilot de GitHub et OpenAI, ou CodeWhisperer d’AWS, par exemple.

La conférence re:Invent 2023 a toutefois été l’occasion de découvrir d’autres façons pour les entreprises de profiter de cette technologie. Voici quelques idées qui ont retenu mon attention.

Suivi des commentaires

Pour un grand hôtel ou une chaîne de restaurants, une IA générative permet de suivre les tendances dans les commentaires d’utilisateurs et de découvrir les problèmes qui méritent probablement notre attention. «Avant, il fallait confier ce travail à des agences. Aujourd’hui, on peut le faire en quelques secondes», note Justin Honaman, responsable mondial du commerce de détail pour AWS.

Surveillance des centres d’appel

Les IA génératives se démarquent particulièrement pour résumer et analyser des documents ou des échanges. Dans les centres d’appels connectés, un logiciel peut donc suivre les discussions en temps réel, et indiquer à la personne responsable quand une interaction devrait être surveillée de plus près, par exemple. «Dans un contexte de formation, ça permet aussi de voir si l’employé a bien suivi les consignes», explique le stratégiste pour les entreprises Shaown Nandi.

Génération de contenu pour les sites web

Il est évidemment possible d’utiliser ChatGPT et les autres services du genre pour écrire des descriptions de produits, mais certaines entreprises poussent la génération de contenu plus loin. «L’un de nos clients est l’un des plus grands détaillants de mode au monde. Ils ont créé un outil qui permet de mettre des vêtements automatiquement sur leurs différents modèles, et de changer le fond de l’image, le tout simplement avec des commandes textuelles», confie Justin Honaman.

Un agent de voyage virtuel

Booking.com a lancé plus tôt cette année aux États-Unis un outil de clavardage à l’IA capable d’analyser les informations rassemblées sur le site. Le robot conversationnel n’est encore qu’à ses balbutiements, mais les ambitions de l’entreprise sont grandes. «Si tu es végane, et que tu veux savoir si un complexe hôtelier a de bonnes options pour toi, cette information ne sera probablement pas affichée dans la page de l’hôtel. Mais elle le sera dans les commentaires. C’est le genre de chose qu’une IA peut éplucher efficacement pour le client», note Massimo Morin, responsable des secteurs reliés au tourisme pour AWS. Avec le temps, l’outil pourrait aussi afficher les photos qui pourraient intéresser plus un type de consommateur ou un autre sur le site, par exemple, ou analyser les images pour trouver ce qu’il cherche (comme une chambre sans tapis).

Un garagiste dans son téléphone

«Nous travaillons avec un grand manufacturier automobile pour développer un guide d’utilisateur numérique à l’aide d’IA générative», illustre Shaown Nandi. Le projet n’a pas encore été lancé officiellement, mais il devrait permettre par exemple aux utilisateurs de prendre une photo de leur tableau de bord pour identifier les codes d’erreurs, et de poser des questions dans leurs mots pour retrouver une information en cas de problème.

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