Santé: le Canada pourrait épargner 26G$ par an avec l'IA

Publié le 07/03/2024 à 18:50

Santé: le Canada pourrait épargner 26G$ par an avec l'IA

Publié le 07/03/2024 à 18:50

Par La Presse Canadienne

Dans sa pratique comme urgentologue, Mme B-Lajoie a identifié plusieurs aspects de son travail qui pourraient être facilités par l’IA, à commencer par son horaire. (Photo: La Presse Canadienne)

Le Canada pourrait réaliser des économies nettes de 14 à 26 milliards de dollars (G$) par année dans le système de santé s’il intégrait à court terme l’intelligence artificielle dans ce domaine, révèle une récente étude de McKinsey.

Elle indique que le Canada dépense chaque année environ 330G$ en soins de santé, ce qui équivaut à 12,2% de son PIB de 2022. À l’exception de l’année 2020, les dépenses annuelles du Canada en soins de santé ont toujours augmenté en moyenne d’un point de pourcentage par rapport à la croissance de son PIB.

Cela fait du Canada l’un des dix pays qui dépensent le plus pour les soins de santé dans le monde, selon les statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

L’analyse de McKinsey indique que le déploiement à grande échelle de l’intelligence artificielle (IA) pourrait réduire les dépenses nettes en santé du Canada d’environ 4,5 à 8,0% par an.

L’IA permettrait d’améliorer la qualité des soins, l’expérience des patients et du personnel, simplifierait des tâches administratives, ce qui optimiserait de façon globale le système de santé.

Si le Canada n’agit pas rapidement toutefois, son retard pourrait être difficile à rattraper, comme ce fut le cas pour la technologie numérique, estime Marie-Renée B-Lajoie, directrice de projets chez McKinsey à Montréal.

Le gouvernement doit rapidement investir dans les infrastructures et des normes en intelligence artificielle, croit-elle. «On sait que les coûts vont continuer à augmenter, d’où l’importance dès aujourd’hui de commencer à faire ces investissements pour être capable au courant des prochaines années de continuer à accélérer et faciliter l’intégration dans le système», soutient Marie-Renée B-Lajoie, qui est aussi urgentologue à Montréal.

Elle met de l’avant que le système évolue déjà dans cette direction et que l’IA va de plus en plus faire partie de nos vies, tout comme la technologie numérique l’est maintenant. «Si on ne le soutient pas aujourd’hui, c’est un domaine qui accélère tellement vite qu’on court le risque de limiter notre système, avertit la directrice. Et le Canada a des coûts exorbitants, il a des défis assez importants quant à son système de santé, donc la technologie et l’intelligence artificielle sont des outils pour lesquels si on attend trop, on va manquer le bateau.»

Risques

Dans sa pratique comme urgentologue, Mme B-Lajoie a identifié plusieurs aspects de son travail qui pourraient être facilités par l’IA, à commencer par son horaire.

Elle explique que l’intelligence artificielle pourrait aider son département de plus de 40 médecins à optimiser l’horaire de travail avec les données d’utilisation des services d’urgence. En fonction des plus grandes hausses de fréquentation, l’IA pourrait générer un horaire optimisé et ainsi diminuer le temps d’attente pour les patients.

Mme B-Lajoie a aussi cité un scénario dans lequel un patient avec une lésion cutanée se présente aux urgences. Elle utiliserait évidemment son expérience et les ressources à sa disposition comme une prise de sang, mais un outil pourrait aussi mettre en lumière des facteurs de risques, comme une éclosion de rougeole. «Peut-être qu’il pourrait y avoir d’autres maladies qui sont en train de courir et on pourrait être alertés à travers ce genre d’outils pour améliorer la capacité de diagnostic», fait valoir Mme B-Lajoie.

Elle reconnaît toutefois que l’intégration de l’IA au système de santé comporte certains risques non négligeables. Par rapport à la protection de la vie privée par exemple, il est important de garantir que les données des patients sont bien protégées.

«On veut aussi maximiser l’équité au niveau de la santé et s’assurer que le tout reste impartial, c’est-à-dire qu’elle est vraiment là pour maximiser le bien-être des patients et qu’elle respecte aussi la diversité des patients. Historiquement, dans le domaine médical, beaucoup des données étaient générées avec des hommes blancs, d’âge moyen et de taille moyenne et on sait évidemment que la santé est beaucoup plus diversifiée que cela», soulève Mme B-Lajoie.

L’étude de McKinsey fait valoir que l’humain doit rester dans le cercle de l’intelligence artificielle en santé. «On n’est pas à une étape où il va y avoir substitution de la compétence. Les risques sont trop grands et à la fin de la journée il y a une responsabilité clinique qui est importante dans le système de santé pour le maintien de la qualité, la relation-patient et aussi la responsabilité professionnelle», affirme Mme B-Lajoie.

Équité

Comme toutes les provinces n’ont pas les mêmes ressources pour mettre de l’avant des investissements en IA, la collaboration pancanadienne est indispensable à une intégration équitable de cette technologie dans le système de santé.

«C’est vraiment une opportunité que les leaders ont aujourd’hui et les différentes parties prenantes de se mettre ensemble et aller de l’avant et il y a une certaine urgence de le faire rapidement», insiste Mme B-Lajoie.

Elle est d’avis que le système de santé est «à la croisée des chemins» alors qu’il y a des avancées technologiques exceptionnelles, mais que des défis importants sont à l’horizon.

La directrice de projets chez McKinsey souligne aussi que le Canada a une expertise en intelligence artificielle et qu’avec les investissements nécessaires, l’intégration de l’IA peut se faire de façon équitable tout en prenant compte des risques.

 

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

 

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