«L’IA générative a besoin de la blockchain»

Publié le 18/12/2023 à 10:22

«L’IA générative a besoin de la blockchain»

Publié le 18/12/2023 à 10:22

Par François Remy

Les LLM sont capables de générer des résultats prévisibles, mais aussi des résultats imprévisibles. (Photo: 123RF)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

LES CLÉS DE LA CRYPTO. L’intelligence artificielle générative constitue une puissante technologie, mais son utilité économique s’avère pour l’heure limitée, notamment parce que les grands modèles de langage (large language models ou LLM) sur lesquels elle repose n’offrent pas toute la sécurité requise. Une solution existerait déjà, la chaîne de blocs.

Une innovation de rupture. Les IA génératives offrent des avantages transformateurs en termes de productivité et ouvrent de nouvelles voies pour améliorer les industries créatives, les services professionnels, les administrations… Les LLM sont capables de générer des résultats prévisibles, mais aussi des résultats imprévisibles. Magie de la technologie, cette même caractéristique limite en fait l’étendue des utilisations possibles des IA génératives à des fins productives. Le monde des affaires attend toujours plus de ces intelligences non humaines, plus que de la production écrite ou audiovisuelle, plutôt une interaction proche d’un assistant synthétisé. L’imprévisibilité présente un risque pour les systèmes avec lesquels les LLM interagissent. En quelque sorte, la créativité rend les LLM moins sûrs et réduit de facto leur utilité et leur valeur économiques.

«Les LLM sont donc des robots chaotiques : ils sont trop imprévisibles, leurs résultats semblent trop “aléatoires” pour que l’on puisse leur faire confiance pour contrôler des systèmes qui ont besoin de sécurité et de prévisibilité», indiquent dans un travail conjoint  le professeur Chris Berg, directeur du Blockchain Innovation Hub de l’Institut royal de technologie de Melbourne (RMIT), le professeur Sinclair Davidson, du College of Business du RMIT, et le professeur Jason Potts, codirecteur du hub blockchain. Ces derniers l’affirment avec d’autant plus d’aplomb qu’ils disposent déjà d’un remède pour cette confiance carencée, une solution architecturale introduisant un système déterministe pour relier les LLM au monde réel. Cette solution vient de la chaîne de blocs et plus précisément des contrats intelligents (smart contracts).

 

«L’application phare de la blockchain»

«La vertu des contrats intelligents, ces accords de type contractuel appliqués par le code, est que les utilisateurs peuvent compter sur eux pour qu’ils s’exécutent de manière fiable et uniquement comme ils l’ont écrit. En utilisant une blockchain, un registre distribué, ces contrats intelligents bénéficient également des avantages de la résistance à la censure, de l’immutabilité et de l’absence d’une autorité centrale qui pourrait modifier le contrat ou en empêcher l’exécution», note l’équipe professorale du RMIT.

Situation assez ironique puisque, comme l’ont affirmé nombre d’académiques spécialisés en droit et en économie, les contrats intelligents s’avèrent rarement adaptés à une utilisation en qualité de contrats juridiques. Car ces smart contracts ne peuvent pas gérer les incertitudes endémiques dans les échanges économiques. Or, leurs spécificités technologiques, à savoir déterminisme, automatisation et fiabilité, permettraient de contraindre une autre technologie créative et pseudodéterministe, et ainsi d’accomplir le déploiement d’agents artificiellement intelligents.

«C’est une déclaration un peu étrange à faire, car contrairement aux précédentes applications phares crypto, les LLM ne sont pas constitués de blockchains ; les blockchains sont plutôt une technologie complémentaire. Mais de la même manière que le bitcoin et les contrats intelligents ont été la première vague de “killer apps” pour la blockchain, puis les jetons ERC20 (donnant lieu à la DeFi), et récemment les actifs réels tokenisés et les stablecoins, les LLM sont potentiellement la plus grande et la plus importante “killer app” de la chaîne de blocs», ponctuent les crypto-économistes de l’Institut royal de technologie de Melbourne.

 

 

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