Le Canada signe une lettre d'intention avec le géant de l'IA Nvidia

Publié le 02/02/2024 à 13:49, mis à jour le 02/02/2024 à 18:29

Le Canada signe une lettre d'intention avec le géant de l'IA Nvidia

Publié le 02/02/2024 à 13:49, mis à jour le 02/02/2024 à 18:29

Par La Presse Canadienne

Jensen Huang considère le Canada comme le berceau de l’IA moderne parce que deux «parrains» de la technologie, Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton, ont mené depuis longtemps des recherches sur l’IA dans le pays. (Photo: La Presse Canadienne)

Toronto — Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré que le gouvernement fédéral avait signé une lettre d’intention avec le géant des puces d’intelligence artificielle Nvidia pour travailler de concert à la création d’une puissance de calcul pour l’IA au Canada.

Dans un message sur la plateforme X, le ministre a annoncé que le document avait été signé avec l’entreprise californienne, qui a récemment vu la course à l’innovation avec l’IA pousser sa valorisation au-delà de la barre des 1500 milliards de dollars (G$).

Aucune des deux parties n’a révélé le contenu de la lettre lors de la visite du PDG de Nvidia, Jensen Huang, à Toronto jeudi.

«Le ministre Champagne veut mon soutien pour garantir que le Canada puisse avoir accès à une technologie de pointe afin qu’il puisse, avec le financement nécessaire, construire sa propre infrastructure et j’en suis très enthousiaste», a déclaré M. Huang à La Presse Canadienne dans une entrevue jeudi soir.

«Nous sommes un partenaire du Canada depuis le début de l’apprentissage profond […] et c’est donc une région très importante dans laquelle investir, un pays très important dans lequel investir», a-t-il ajouté.

Le Canada n’est pas le seul à donner la priorité aux infrastructures d’IA. M. Huang a déclaré que le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie, Singapour, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie étaient tous réceptifs au sujet.

L’occasion qui s’offre au Canada est cependant unique.

M. Huang considère le Canada comme le berceau de l’IA moderne parce que deux «parrains» de la technologie, Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton, ont mené depuis longtemps des recherches sur l’IA dans le pays. Les deux ont finalement remporté le prestigieux prix Turing — souvent appelé «le prix Nobel de l’informatique» — avec Yann LeCun.

MM. Bengio et Hinton ont depuis créé des pôles de recherche en IA, le Vector Institute à Toronto et Mila à Montréal.

«Le Canada compte des recherches tellement approfondies et à grande échelle sur l’IA, entre Montréal et Toronto, a déclaré M. Huang. Ne gaspillez pas cela et assurez-vous que ces chercheurs disposent des instruments dont ils ont besoin, du financement dont ils ont besoin pour continuer à faire progresser la science qu’ils ont inventée à bien des égards.»

Vêtu de sa veste en cuir noire emblématique, M. Huang s’est entretenu avec La Presse Canadienne à l’hôtel Four Seasons de Toronto.

Plus tôt, il avait partagé la scène devant un public sur invitation avec Raquel Urtasun de la société de conduite autonome Waabi, Aidan Gomez de la société d’IA Cohere, Alán Aspuru-Guzik du Vector Institute et Brendan Frey de la société de découverte de médicaments Deep Genomics.

«Nous devons faire beaucoup de choses différentes pour accélérer l’écosystème ici au Canada, a déclaré M. Huang à l’auditoire. Une partie de cela réside dans l’encouragement et le soutien du gouvernement, une autre dans le fait de convaincre un jeune chercheur à continuer de faire de la recherche ici au Canada, et puis dans la création d’opportunités pour (ces chercheurs) après l’obtention de leur diplôme.»

Pas essentiel que le Canada fabrique ses propres puces

M. Huang a souligné que le Canada ne manque pas de recherche ou de talent — une observation partagée par Stephen Toope, président de l’Institut canadien de recherches avancées (CIFAR).

Cependant, M. Toope a souligné que le classement mondial du Canada en matière de talents en IA avait chuté au cours des dernières années, selon un rapport de la société britannique Tortoise. Le positionnement du Canada en ce qui a trait à la mesure des capacités d’adoption et de développement d’un pays en matière d’IA a également glissé.

Son classement concernant les infrastructures d’IA est passé du 15e rang au 23e entre 2021 et 2023, ce qui préoccupe M. Toope.

«Ma crainte est que nous puissions atteindre un point où les personnes que nous avons accueillies et retenues ici ne pourront plus faire le travail qu’elles souhaitent parce qu’elles n’ont pas accès à la puissance de calcul», a affirmé M. Toope.

La puissance de calcul comprend les sources d’alimentation, les centres de données et les puces.

La plupart des puces proviennent de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company, qui compte Apple et Nvidia parmi ses clients. (Nvidia, cofondée par M. Huang en 1993, conçoit des unités de traitement graphique — des cartes qui améliorent les performances et la qualité des applications de jeu et de création — mais fait souvent appel à des tiers pour les fabriquer.)

Beaucoup estiment qu’il est peu probable que le Canada, qui manque de fonderies majeures, puisse un jour rivaliser sérieusement avec Taiwan Semiconductor.

«Franchement, le Canada n’est pas susceptible, à court terme, ni même à moyen terme, de développer une capacité massive pour produire le type de puces nécessaires à l’IA, a soutenu M. Toope. C’est tout simplement trop compliqué et trop cher.»

Un rapport de 2021 du Conseil canadien des semi-conducteurs (CSC) a montré que les installations de fabrication de semi-conducteurs, également appelés puces, peuvent coûter environ 5G$US en terrains, équipements et matériaux, et que les usines de logique et de mémoire avancées peuvent atteindre 20G$US.

«Le Canada n’est pas obligé de fournir des puces. Il y a tellement d’entreprises qui fabriquent des puces», a fait valoir M. Huang.

Plutôt que de fabriquer des puces, M. Toope fait pression pour que le pays adopte un consortium d’achat soutenu par le gouvernement canadien, comprenant des acteurs publics et privés qui pourraient tous travailler de concert pour aider le pays à se procurer plus efficacement des capacités informatiques.

«Il ne s’agit pas de fabriquer ses propres puces, mais c’est une sorte de souveraineté parce que nous avons un approvisionnement garanti», a-t-il déclaré.

Tara Deschamps, La Presse Canadienne

 

 

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