Voici la meilleure façon d'apprendre au travail!

Publié le 02/04/2024 à 07:30

Voici la meilleure façon d'apprendre au travail!

Publié le 02/04/2024 à 07:30

Par Olivier Schmouker

L'idée principale, c'est de fonctionner par essais/erreurs. (Photo: Scott Graham pour Unsplash)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «Dans mon équipe, certains membres ne savent pas mener à bien certaines tâches importantes. Alors, je leur montre comment faire. Mais ils ne retiennent rien et refont toujours les mêmes erreurs! Sont-ils tous des slomos, ou est-ce moi qui n’enseigne pas comme du monde?» – Florent

R. — Cher Florent, permettez-moi de vous faire une petite confidence: chaque jour, au travail, j’apprends quelque chose de nouveau, et ça me rend fou de bonheur de savoir qu’il y a toujours du neuf à acquérir. Cela fait-il de moi un ignare, pour ne pas dire un incompétent? Aucunement. Je sais que je suis perfectible, je m’améliore sans cesse, et je ressens même un vif plaisir à m’améliorer, jour après jour.

C’est ce qui me pousse à croire que les membres de votre équipe ne sont pas a priori des slomos. Ils reconnaissent qu’ils sont perfectibles et acceptent de suivre vos enseignements dans le but de s’améliorer. Ils sont de toute évidence de bonne volonté, mais le problème, c’est que les progrès espérés ne sont pas au rendez-vous.

J’ai peut-être bien une explication à ce curieux phénomène… Pour vous la donner, laissez-moi vous parler d’une expérience scientifique qui a été pilotée en 1996 par Janet Metcalfe, professeure de psychologie à l’Université Columbia, à New York. Car celle-ci devrait vous intéresser au plus haut point, me semble-t-il.

Des élèves de secondaire 2 d’une école affiliée à l’Université Columbia se sont prêtés à l’expérience. Leur enjeu était de réussir un examen important, le Regents d’algèbre de l’État de New York.

Pour ce faire, ils ont été répartis en quatre groupes qui, après les heures de cours normales, suivaient sur une base régulière des cours de renforcement en algèbre. Chaque groupe avait un professeur différent. L’objectif était simple: suivre des leçons et effectuer des exercices afin de mieux se préparer à l’examen.

Comme il s’agissait d’une expérience scientifique, tous les groupes n’ont pas été placés dans les mêmes conditions de travail. Deux groupes ont consacré la première moitié des cours de renforcement à réviser les leçons clés, puis les autres à effectuer des exercices. Inversement, les deux autres groupes ont commencé par des exercices, sans consigne particulière, prenant cela pour des mini examens préparatoires, puis ont terminé par les leçons clés.

Résultat? En apparence, cela a donné les mêmes résultats: les élèves ont vu leurs notes progresser d’en moyenne 12 points de pourcentage, sur une échelle de 0 à 100%.

Mais en regardant mieux les données, Janet Metcalfe et son équipe de chercheurs ont noté que les progrès ont été surtout enregistrés au moment où les élèves effectuaient des exercices, et non pas en suivant les leçons du professeur. C’est-à-dire que pour vraiment apprendre, il convient de mettre l’accent sur l’apprentissage par essais/erreurs.

Ce n’est pas tout. Les chercheurs ont également noté qu’un des professeurs avait vu ses élèves avoir de nettement meilleurs résultats que ceux d’un autre. Comme ils avaient filmé chacun des cours, ils ont pu analyser les différences dans la façon d’enseigner entre l’un et l’autre. Et c’est ainsi qu’ils ont découvert deux choses fascinantes:

— Le professeur le plus efficace employait une sorte de méthode socratique. Il demandait à l’élève qui s’était trompé d’expliquer la manière dont il s’y était pris pour résoudre le problème, de refaire son raisonnement depuis le début et d’y reréfléchir, pas à pas. Cela lui permettait de trouver par lui-même son erreur, et d’être dès lors en mesure de se corriger lui-même. Il apprenait et progressait. En moyenne, les élèves de ce professeur ont enregistré une progression de 15 points de pourcentage.

— Le professeur le moins efficace se contentait de montrer à tous comment il fallait s’y prendre pour résoudre le problème. Autrement dit, il donnait la solution toute cuite dans le bec, ce qui n’amenait pas les élèves à réfléchir par eux-mêmes et à faire l’effort d’identifier le moment clé de leur raisonnement où ils s’étaient trompés. Cela ne leur permettait pas d’apprendre par eux-mêmes, et donc de progresser. En moyenne, les élèves de ce professeur ont enregistré une progression de 6 points de pourcentage.

Par conséquent, Florent, on peut avancer l’hypothèse que votre façon d’enseigner n’est pas optimale. Si les membres de votre équipe ne retiennent pas bien ce que vous leur dites et apprenez, c’est sûrement parce que vous leur montrez comment faire pour accomplir telle ou telle tâche. Mieux vaudrait les laisser expérimenter par eux-mêmes, puis les amener à réfléchir sur ce qui ne fonctionne pas bien dans leur façon de faire, et ainsi de suite, par essais/erreurs, jusqu’à ce qu’ils trouvent par eux-mêmes une bonne façon de s’y prendre. Sans que vous leur mettiez dans le bec votre solution toute cuite.

L’expérience de Janet Metcalfe et son équipe de chercheurs montre que cette façon d’enseigner n’est pas chronophage, bien au contraire. Elle permet à la personne concernée d’apprendre quelque chose d’important une bonne fois pour toutes, plus besoin par la suite d’y revenir encore et encore. Elle favorise l’apprentissage durable, ce qui est le but que vous visez, je n’en doute pas une seconde, Florent.

En passant, le penseur chinois Confucius disait: «Apprendre sans réfléchir est vain; réfléchir sans apprendre est dangereux».

 

 

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