L'Association de la construction du Québec veut se doter d'un programme d'intégrité

Publié le 25/03/2014 à 06:00

L'Association de la construction du Québec veut se doter d'un programme d'intégrité

Publié le 25/03/2014 à 06:00

Par François Normand

Photo: Bloomberg

Éclaboussée par les cas de collusion et de corruption dans la construction, l'Association de la construction du Québec (institutionnel, commercial, industriel) veut se doter d'un programme volontaire d'intégrité. Il serait pourvu d'une certification garantissant au public et à l'industrie que les entreprises certifiées ont les meilleures pratiques.

«Il faut implanter ces idées-là le plus vite possible. Il faut faire quelque chose, il faut agir!», dit Pierre Hamel, directeur des affaires juridiques et gouvernementales de l'ACQ. L'institution a mandaté le réseau de chercheurs Cirano d'identifier les meilleures pratiques dans le monde dans l'industrie de la construction. L'organisme lui a récemment remis ses recommandations.

Cette démarche a été lancée à la demande des membres de l'ACQ, selon sa présidente, Manon Bertrand. «C'est important pour eux. Ils veulent refaire leur réputation et arrêter d'être considérés comme des suspects», dit-elle. Plus de 75% des entreprises sondées affirment que la meilleure stratégie pour redorer l'image de l'industrie est de faire en sorte que les entrepreneurs intègres puissent être identifiés.

Plusieurs pays ont de bonnes pratiques en matière d'intégrité dans la construction, dont l'Italie et le Paraguay, peut-on lire dans le rapport de près de 300 pages que le Cirano a présenté à l'ACQ. Mais ce sont avant tout surtout les mesures mises en place en Bavière, un länder de l'Allemagne (l'équivalent d'une province canadienne), qui inspirent l'association.

Pourquoi l'ACQ s'inspire de l'Allemagne

Dans les années 1980, l'industrie de la construction bavaroise a été secouée par une grave crise de collusion et de corruption. «C'était une crise pareille comme celle qu'on a vécue ici au Québec», souligne Pierre Hamel.

L'Association de l'industrie de la construction bavaroise a lancé son programme d'intégrité en 1996. À ce jour, 87 entreprises allemandes ont adhéré à cette initiative. Ce programme d'intégrité a aussi été étendu à l'industrie automobile.

Comme en Bavière, la certification d'intégrité pour le futur programme de l'ACQ serait décernée par un organisme indépendant, et ce, afin de garantir la confiance du public et de l'industrie. Il serait responsable de l'accréditation, de la vérification et du renouvellement. Une entreprise pourrait aussi perdre son accréditation en cas de faute.

Le programme d'intégrité devrait graduellement être mis en place à compter de 2015-2016. D'ici là, l'ACQ veut évaluer l'impact financier qu'auraient ces mesures sur les petites, les moyennes et les grandes entreprises. Car implanter de telles procédures entraînera nécessairement des coûts de vérification et d'audit pour les entrepreneurs en construction, selon Piarre Hamel.

Études pilotes auprès de six entreprises

C'est pourquoi l'ACQ mettra en place des études pilotes auprès de six entreprises (grandes et petites, dont elle préfère taire les noms pour l'instant) afin d'estimer les impacts.

L'organisme espère dévoiler les résultats de ces expériences lors de son prochain congrès qui se teindra à Québec, du 2 au 4 octobre. Une fois son programme en place, l'ACQ fournira de la formation aux entreprises qui y adhéreront afin de les aider à changer et à améliorer leurs pratiques.

L'ACQ n'a pas encore élaboré en détail son programme d'intégrité. Cela dit, elle sait déjà quelles fonctions il faut cibler dans les entreprises. Parmi ces postes, il y a les directeurs ou les estimateurs de projets. Étant donné leur pouvoir et le rôle stratégique, ces employés sont souvent plus susceptibles d'avoir des comportements répréhensibles (collusion et corruption), et ce, même à l'insu de leur employeur.

En mettant en place ce programme, l'ACQ serait la première organisation du secteur de la construction au Canada à se doter d'un tel code de conduite en matière d'intégrité, selon l'ACQ. Aux États-Unis, il existe le programme Construction Industry Ethics and Compliance Initiative (CIECI). Mais il n'y a pas de certification associée à ces bonnes pratiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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