«Tous les contrats» avec GC Strategies suspendus depuis novembre, dit Duclos

Publié le 14/02/2024 à 15:15, mis à jour le 14/02/2024 à 17:54

«Tous les contrats» avec GC Strategies suspendus depuis novembre, dit Duclos

Publié le 14/02/2024 à 15:15, mis à jour le 14/02/2024 à 17:54

Par La Presse Canadienne

Appelé à préciser si la suspension avait été annoncée publiquement auparavant et quelle était sa portée, le bureau du ministre Duclos a été incapable de donner plus de détails à La Presse Canadienne. (Photo: La Presse Canadienne)

Le ministre fédéral de l’Approvisionnement, Jean−Yves Duclos, a affirmé mercredi que «tous les contrats» accordés par Ottawa à GC Strategies, la principale entreprise à avoir bénéficié des irrégularités entourant l’application ArriveCan, ont été suspendus à partir de novembre dernier.

Il s’agissait de la première fois que le ministre relevait cette information depuis la publication, lundi, du rapport de la vérificatrice générale ayant conclu à de graves manquements dans l’attribution de contrats liés à ArriveCan, ce qui a fait exploser les coûts à environ 59,5 millions de dollars (M$).

La suspension a commencé «à peu près au même moment où la vérificatrice générale a commencé (son travail d’audit)», a-t-il dit alors qu’il se rendait à une réunion du caucus libéral.

Il a d’abord soutenu que «ça s’applique à l’Agence des services frontaliers du Canada», en faisant référence au ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, responsable de cette entité gouvernementale.

M. Duclos a ensuite laissé entendre que la suspension s’étendait à l’ensemble du gouvernement fédéral. «Pour plus de prudence, tous les contrats de GC Strategies ont été suspendus depuis novembre 2023 pour permettre à mon ministère et au ministère de M. LeBlanc de faire les travaux appropriés, de s’assurer que les enjeux qui ont été soulevés par la vérificatrice générale ne soient pas des enjeux plus larges pour les relations contractuelles avec GC Strategies», a-t-il affirmé.

Appelé à préciser si la suspension avait été annoncée publiquement auparavant et quelle était sa portée, le bureau du ministre a été incapable de donner plus de détails à La Presse Canadienne.

La vérificatrice générale, Karen Hogan, a déclaré avoir constaté «un mépris flagrant pour les pratiques de base de gestion et de passation de contrats tout au long du développement et de la mise en œuvre d’ArriveCan».

Tous les partis d’opposition fustigent le gouvernement de Justin Trudeau depuis le début de la semaine pour le fiasco documenté par celle qui fait de la vérification comptable depuis plusieurs décennies.

Mercredi, un article de «La Presse» a fait monter d’un cran la pression sur les libéraux, qui ont essuyé un tir groupé en période des questions.

Le quotidien a rapporté que 140 contrats ont été accordés à GC Strategies depuis 2015, pour un total de près de 258 M$. De ceux−ci, 46 ont été attribués sans appel d’offres, a-t-on indiqué.

La Presse Canadienne n’a pas été en mesure de confirmer ces chiffres, mais a pu retracer des contrats accordés à GC Strategies remontant à 2009 qui totalisent 215 M$.

«Le scandale du premier ministre “ArriveScam” est en train de s’élargir», a lancé le chef conservateur Pierre Poilievre.

Il a fait allusion aux propos d’un représentant de l’entreprise, qui a indiqué en comité parlementaire que l’entreprise n’emploie que deux employés et n’effectue pas de la programmation ou de la conception d’applications. GC Strategies a plutôt recours à des sous−traitants.

«WTF», a épelé M. Poilievre tout haut, en anglais, au sujet des imposantes sommes allongées à cette entreprise. Il a affirmé vouloir dire «where’s the funds» («où sont les fonds») plutôt que d’employer l’abréviation à un juron bien connu pour exprimer l’incrédulité.

Le chef néo−démocrate, Jagmeet Singh, est aussi d’avis que «le scandale va encore plus loin» avec les révélations de «La Presse».

Il a fait valoir qu’une portion de l’argent alloué à GC Strategies aurait suffi à fournir une foule de logements abordables à des Canadiens qui en ont besoin.

«Comment le premier ministre peut regarder les Canadiens dans les yeux après avoir gaspillé autant d’argent?», s’est−il interrogé tout haut.

Le chef bloquiste, Yves−François Blanchet, croit pour sa part que l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), principalement blâmée par Mme Hogan, doit être mise sous tutelle.

«Je pense que l’ensemble de l’administration de l’Agence des services frontaliers du Canada doit être suspendue, au moins provisoirement, remplacée par des gens qui vont fouiller, faire enquête, faire le ménage et continuer l’opération», a-t-il dit en mêlée de presse.

Le premier ministre Justin Trudeau a répondu aux invectives des chefs de partis d’opposition en rappelant que son gouvernement a accepté de mettre en œuvre toutes les recommandations de la vérificatrice générale.

«Pendant la pandémie, on a tout fait pour essayer de protéger les Canadiens, mais même dans une situation sans précédent, les règles doivent être suivies et tous ceux qui (ne les ont) pas suivies doivent faire face aux conséquences.»

Il a souligné que d’autres autorités se penchent sur des allégations de manquements tant à l’interne qu’à l’externe.

En effet, l’ASFC enquête sur les agissements de certains employés. Mme Hogan a signalé que des fonctionnaires travaillant sur le dossier d’ArriveCan ont été invités par des fournisseurs à des soupers et à «d’autres activités», y compris une dégustation de whisky en ligne. L’ASFC a confié une partie de l’enquête à la Gendarmerie royale du Canada.

«On s’attend à ce que les enquêteurs et les autorités responsables fassent leur travail pour savoir exactement comment cette situation inacceptable a eu lieu», a déclaré M. Trudeau.

La plupart des problèmes identifiés par Mme Hogan découlaient de la décision initiale de s’appuyer sur des contrats non concurrentiels. Le gouvernement n’a pas documenté ses discussions initiales avec des entrepreneurs ni la raison pour laquelle il a procédé sans appel d’offres.

À partir de 2020, trois contrats ont été accordés de gré à gré à GC Strategies, qui a ensuite participé à l’élaboration des critères lui permettant, en 2022, de finalement obtenir un contrat par appels d’offres.

− Avec des informations de Michel Saba

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne

 

 

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