Les inquiétudes sur la concurrence s’amplifient au Canada

Publié le 03/07/2023 à 12:40

Les inquiétudes sur la concurrence s’amplifient au Canada

Publié le 03/07/2023 à 12:40

Par La Presse Canadienne

Le responsable de l’organisme de surveillance de la concurrence a récemment déclaré que l’examen créait une occasion d’agir, alors que le gouvernement fédéral entreprend une révision de la Loi sur la concurrence. (Photo: La Presse Canadienne)

OTTAWA — Tandis que les Canadiens s’inquiètent de plus en plus de la montée de l’inflation, la concurrence entre les différents secteurs de l’économie est devenue un enjeu dont discutent plusieurs familles à un moment où le gouvernement fédéral revoit sa loi sur la concurrence. 

Les deux plus grandes chaînes de journaux du pays, Postmedia et les propriétaires du Toronto Star ont récemment confirmé des pourparlers sur une fusion potentielle, signalant une plus grande consolidation dans une industrie qui compte déjà un nombre limité de joueurs.

Dans un rapport très attendu sur l’inflation du secteur alimentaire la semaine dernière, le Bureau de la concurrence a appelé à plus de concurrence dans le secteur de l’épicerie, liant les prix plus élevés aux options limitées pour les consommateurs.

Tout cela s’appuie sur la surveillance croissante de plusieurs secteurs, l’industrie des télécommunications en étant le meilleur exemple.

Le responsable de l’organisme de surveillance de la concurrence a récemment déclaré que l’examen créait une occasion d’agir, alors que le gouvernement fédéral entreprend une révision de la Loi sur la concurrence.

«Les enjeux de concurrence font la une des journaux partout au pays», a souligné le commissaire de la concurrence Matthew Boswell lors d’un discours prononcé le mois dernier à Ottawa.

Et alors que les Canadiens sont aux prises avec une inflation élevée, M. Boswell a ajouté qu’il était facile de voir comment la politique de la concurrence «est passée d’un sujet de panel à un enjeu de table de cuisine à travers le pays».

Un manque d’options 

Keldon Bester, cofondateur du Canadian Anti−Monopoly Project, affirme que l’inflation et les discussions mondiales sur le pouvoir des entreprises ont rendu les gens plus conscients du rôle que joue la concurrence dans leur vie quotidienne.

«Lorsque les Canadiens sont bousculés et que leurs budgets sont tendus, ils travaillent plus fort pour trouver des options pour joindre les deux bouts. Je pense que cela met en évidence un manque d’options que nous avons dans de nombreux domaines de notre vie, que nous pouvons en quelque sorte nous permettre d’ignorer dans les bons moments», a déclaré M. Bester.

«(Et) à l’échelle internationale, nous assistons à un réel changement dans la façon dont les gouvernements et les citoyens interagissent avec les entreprises qui composent notre vie quotidienne.»

La hausse rapide des prix de l’épicerie, parallèlement à la croissance des bénéfices dans l’industrie, incite certains à affirmer que les entreprises profitent de l’inflation.

Le rapport du Bureau de la concurrence publié la semaine dernière a révélé que les marges des épiceries ont augmenté modestement, mais de manière importante au cours des cinq dernières années, bien que la tendance soit antérieure à la forte inflation actuelle.

«Le fait que les grands épiciers du Canada aient généralement pu augmenter ces marges, même modestement, montre qu’il y a de la place pour une plus grande concurrence dans le secteur canadien de l’épicerie», notait−on dans le rapport.

Le bureau a exposé l’historique de la consolidation dans l’industrie, arguant que cela a nui aux consommateurs.

Lorsque la Loi sur la concurrence est entrée en vigueur en 1986, il y avait au moins huit grands épiciers au Canada. En 2023, ce nombre n’était que de cinq.

Le bureau a formulé une série de recommandations dans son rapport, exhortant les gouvernements à faciliter l’entrée d’un plus grand nombre d’acteurs sur le marché.

Un bon premier pas 

Un porte−parole du ministre de l’Industrie, François−Philippe Champagne, a qualifié le rapport de bon premier pas et a déclaré que le gouvernement fédéral examinerait les recommandations pour voir comment il peut rendre la vie des Canadiens plus abordable.

Les dangers d’une mauvaise concurrence vont au−delà des prix, avertissent les experts. Une étude publiée à l’automne par des chercheurs du Centre sur la productivité et la prospérité HEC Montréal a révélé que le manque de concurrence nuit également à la productivité.

Le Bureau de la concurrence a reconnu dans son rapport qu’il n’en a pas fait assez pour protéger et promouvoir la concurrence, notant que la Loi sur la concurrence doit être réformée.

Le gouvernement fédéral a lancé un examen de la loi l’automne dernier et a terminé les consultations publiques sur les modifications plus tôt cette année, les conclusions devant être publiées dans un proche avenir.

Keldon Bester est un fervent critique de la loi et souhaite voir des réformes qui compliqueront l’approbation des fusions qui nuiraient aux consommateurs.

Le Bureau de la concurrence doit également être mieux préparé pour gérer la collusion et la conduite des cartels, a-t-il dit, notant qu’il a fallu des années pour enquêter sur le scandale de la fixation des prix du pain.

M. Bester a prévenu que la réforme obligera les politiciens à tenir tête aux grandes entreprises qui ne sont pas intéressées par de tels changements.

«Il va falloir beaucoup de courage pour prendre la bonne décision pour les Canadiens.»

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