Pierre Fortin: il faut porter à la dette québécoise la moitié du déficit des régimes de retraite

Publié le 03/09/2014 à 15:03

Pierre Fortin: il faut porter à la dette québécoise la moitié du déficit des régimes de retraite

Publié le 03/09/2014 à 15:03

Or, le Code commande explicitement à l’arbitre d’un tel différend dans une municipalité de « tenir compte des conditions de travail qui prévalent dans des municipalités semblables ». Par conséquent, si une municipalité sort du rang et accorde une importante augmentation de rémunération à ses policiers et à ses pompiers, les négociateurs syndicaux dans les autres municipalités vont réclamer la parité. Guidés par l’esprit du Code du travail, les arbitres auront un penchant naturel pour la leur accorder.

Un impératif tout aussi naturel d’équité interne entraîne ensuite l’extension des conditions obtenues par les policiers et les pompiers aux autres employés de la même municipalité. Difficile de limiter à 2 % l’augmentation accordée aux employés d’une ville lorsque ses policiers et ses pompiers viennent d’obtenir 4 %.

Vice de comportement

Les experts indépendants en relations de travail, les analystes en économie du travail, les villes elles-mêmes et le gouvernement du Québec sont conscients depuis fort longtemps de ce rapport de force inégal. Mais Québec n’a rien fait pour corriger la situation. Aussi longtemps qu’on a pu, on a laissé la rémunération dans les villes poursuivre son inexorable ascension sans intervenir, jusqu’au moment où la crise financière a fini par éclater.

Dans ce dossier comme dans bien d’autres, les élus tendent à se concentrer sur le court terme. Ce qui va arriver au-delà de la prochaine élection ne les préoccupe guère. On a laissé les choses aller et on a cédé aux lobbys des groupes d’intérêts. L’État a ainsi vogué de crise en crise : crise en santé, crise en agriculture, crise de la construction, crise du vieillissement, crise des infrastructures, crise du financement universitaire, crise des finances municipales, crise du budget provincial, etc.

La crise actuelle des régimes de retraite municipaux résulte donc de deux défauts graves de nos institutions : un vice de structure des relations de travail (un rapport de force défavorisant systématiquement les employeurs municipaux) et un vice de comportement de l’État provincial (sa concentration exclusive sur le court terme qui lui a fait négliger de corriger le problème).

Ni les retraités municipaux, ni les employés actifs et leurs syndicats, ni les villes et leurs contribuables ne sont responsables de la crise. Il est donc particulièrement choquant de constater que le Projet de loi 3 sur les régimes de retraite municipaux veuille leur faire assumer la totalité des dégâts après coup.

L’évolution démographique (espérance de vie allongée) et le changement persistant des conditions financières mondiales (taux de rendement plus faibles sur les fonds investis) sont des causes reconnues du déficit accumulé des régimes de retraite municipaux. Les participants à ces régimes doivent en assumer les conséquences comme ceux des autres régimes publics ou privés. Mais une bonne partie de la responsabilité du gâchis incombe à la gestion à courte vue d’un État insouciant, complaisant et négligent.

 

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