Ukraine: de nouveaux pourparlers suscitent l'espoir, malgré l'extension du conflit

Publié le 14/03/2022 à 08:14, mis à jour le 14/03/2022 à 15:29

Ukraine: de nouveaux pourparlers suscitent l'espoir, malgré l'extension du conflit

Publié le 14/03/2022 à 08:14, mis à jour le 14/03/2022 à 15:29

9h33 | Kiev — La session de pourparlers entre l'Ukraine et la Russie, qui a débuté lundi, donne lieu à des «négociations difficiles», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ajoutant qu'un point serait fait «dans la soirée».

«Nous devons tenir bon et nous battre pour gagner, pour parvenir à une paix que les Ukrainiens méritent, une paix honnête avec des garanties de sécurité pour notre État, pour notre peuple. Et pour les mettre par écrit lors de négociations, de difficiles négociations», a déclaré M. Zelensky dans une adresse vidéo.

«Une visioconférence entre les délégations (ukrainienne et russe) a déjà débuté aujourd'hui. Elle se poursuit. Tout le monde attend des nouvelles. Nous ferons un retour dans la soirée», a-t-il ajouté.

Avant M. Zelensky, l'un de ses négociateurs, Mykhaïlo Podoliak, qui participe aux négociations, avait indiqué que «la communication (avec Moscou) reste établie même si c'est compliqué».

«La raison de nos désaccords vient du fait que nous avons des systèmes politiques très différents», avait-il souligné, qualifiant celui de la Russie d'«oppression ultime de sa propre société».

Il s'agit de la quatrième séance de pourparlers entre M. Podoliak et son homologue russe, Vladimir Medinski, conseiller du Kremlin. Les trois précédentes sessions s'étaient tenues aux frontières ukraino-biélorusse et polono-biélorusse.

Ce nouveau round intervient aussi après une première rencontre infructueuse entre les chefs de la diplomatie russe et ukrainienne jeudi dernier en Turquie.

L'Ukraine avait affirmé plus tôt lundi qu'elle exigerait une nouvelle fois une trêve immédiate dans les combats et le retrait des forces russes, près de trois semaines après le début de l'invasion lancée par Vladimir Poutine le 24 février.

 

Ukraine: la guerre s'étend avant de nouveaux pourparlers

8h09 | Kyiv — Dix-sept morts annoncés dans un bombardement ukrainien à Donetsk, deux morts dans des frappes russes à Kyiv: au 19e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, les combats ne cessaient de s'étendre lundi et le bilan de s'alourdir, même si un nouveau tour de pourparlers russo-ukrainiens suscitait une lueur d'espoir.

Ces derniers jours, les combats se sont intensifiés autour de la capitale, presque entièrement encerclée, qui s'est vidée de plus de la moitié de ses trois millions d'habitants. 

Le Kremlin a d'ailleurs annoncé que son armée «n'exclut pas la possibilité de prendre sous contrôle total (les) grandes villes qui sont déjà encerclées». Cela impliquerait un assaut militaire d'ampleur, alors que la résistance est farouche.

Dès l'aube lundi, un bâtiment de huit étages d'un quartier nord de Kyiv, Obolon, a été touché, vraisemblablement «par un tir d'artillerie», faisant un mort et douze blessés, selon les services d'urgence ukrainiens. Plus tard, un autre bombardement a touché un autre quartier, près de l'usine aéronautique Antonov, faisant un autre mort.

À la périphérie nord-ouest de Kyiv, où les combats font rage depuis plusieurs jours, un premier journaliste étranger, l'Américain Brent Renaud, est mort dimanche, touché à la nuque par une balle d'origine incertaine.

La capitale est «une ville en état de siège», a affirmé dimanche soir un conseiller du président ukrainien. 

À Donetsk, les séparatistes prorusses, soutenus par Moscou et son armée, qui tiennent ce centre industriel depuis 2014, ont annoncé qu'une frappe de l'armée ukrainienne avait fait au moins 17 tués au centre-ville. Ils ont publié des photos montrant des corps ensanglantés gisant dans une rue, au milieu de débris. 

Selon cette source, la défense antiaérienne séparatiste a intercepté un missile ukrainien et les victimes auraient été tuées par les éclats. 

 

«Plus aucun endroit sûr»

Plus à l'ouest, dans une autre grande ville industrielle, Dnipro, jusque là considérée comme un refuge pour les civils arrivant de Kharkiv ou Zaporojie, les sirènes d'alerte ont retenti lundi matin pendant cinq heures, pour la première fois depuis le début de l'invasion russe le 24 février. 

Si la ville n'a finalement pas subi de frappe, «il n'y a plus aucun endroit sûr», a témoigné à l'AFP Yilena, 38 ans, arrivée de Zaporojie début mars. 

Dans le sud du pays, la Russie a resserré son étau, selon le ministère britannique de la Défense qui a tweeté que les forces navales russes avaient «établi un blocus à distance de la côte ukrainienne de la mer Noire».

La ville portuaire de Mykolaïv a encore été visée par des bombardements dimanche, faisant neuf morts, selon les autorités.

La situation est toujours dramatique dans le port stratégique de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine sur la mer d'Azov. Assiégé, manquant de tout, il attend toujours une aide humanitaire. Selon la municipalité, 2 187 habitants ont été tués depuis le 24 février.

Les combats gagnent également l'ouest du pays, jusqu'ici relativement calme, avec des frappes dans la nuit de samedi à dimanche sur la base militaire de Yavoriv, proche de la Pologne, pays membre de l'OTAN et de l'Union européenne, et proche de Lviv, ville refuge de milliers de déplacés.

Selon Moscou, des dizaines de «mercenaires étrangers» y ont été tués, alors que les autorités locales affirment que seuls des Ukrainiens sont morts.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau exhorté l'OTAN d'instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son pays, ce que l'Alliance refuse de crainte d'être entraînée dans la guerre.

 

Poutine-Zelensky?

C'est dans ce contexte qu'ont repris, vers 6h15, heure du Québec, par visioconférence, des pourparlers entre délégations russe et ukrainienne.

Peu avant leur reprise, le chef des négociateurs ukrainiens Mykhaïlo Podoliak a indiqué que ses revendications restaient «un cessez-le-feu immédiat, le retrait de toutes les troupes russes».

«Seulement après cela nous pourrons parler de nos relations de voisinage et de nos différends politiques», a-t-il indiqué dans une vidéo sur Twitter.

Après trois tours de discussions en présentiel en Biélorussie plus une rencontre jeudi sous l'égide de la Turquie entre les chefs de la diplomatie russe et ukrainien, les deux parties s'étaient montrées plus optimistes ces derniers jours.

Dimanche soir, un négociateur russe a évoqué des «progrès significatifs». Léonid Sloutski, cité par les agences de presse russes, a même évoqué «des documents à signer» en préparation. 

Peu après, Mykhaïlo Podoliak avait tweeté que Moscou avait cessé de lancer «des ultimatums» à Kyiv et commencé à «écouter attentivement».

Il reprenait des propos similaires du président ukrainien Volodymyr Zelensky vendredi, après que Vladimir Poutine eut évoqué des «avancées positives».

Pour le chef de l'État ukrainien, sa délégation a «une tâche claire: tout faire pour assurer une rencontre des présidents».

 

Pékin soupçonné d'aider Moscou

En attendant une percée dans les pourparlers, le risque d'un élargissement du conflit reste dans tous les esprits. 

De hauts responsables américains et chinois doivent se rencontrer lundi à Rome, selon la Maison-Blanche, qui s'inquiète d'une possible assistance de Pékin à Moscou. 

Des exercices de l'OTAN, «Cold Response 2022», prévus de longue date, démarraient lundi en Norvège, censés tester la capacité de ses membres à venir en aide à l'un d'eux. Quelque 30 000 soldats, 200 avions et une cinquantaine de navires de 27 nations seront mobilisés dans l'Arctique.

Le camp occidental a par ailleurs à nouveau témoigné par téléphone son soutien à Kyiv dimanche. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba, de «la solidarité inébranlable des États-Unis avec l'Ukraine pour la défendre», selon son porte-parole Ned Price.

Le président français Emmanuel Macron, qui parle régulièrement avec Vladimir Poutine pour tenter de l'amener à un cessez-le-feu, s'est lui entretenu avec M. Zelensky et avec Joe Biden, avec lequel il a convenu de «renforcer les sanctions» infligées à la Russie, selon la présidence française.

 

Défaut de paiement «artificiel»

Face à ces sanctions qui gèlent notamment quelque 300 milliards de dollars américains de réserves de la Russie à l'étranger, Moscou a accusé l'Occident de vouloir provoquer un défaut de paiement «artificiel» de la Russie. 

«Les déclarations selon lesquelles la Russie ne peut remplir ses obligations concernant sa dette publique ne correspondent pas à la réalité», a estimé lundi le ministère russe des Finances.

Les sanctions mettent notamment la Russie au défi d'honorer plusieurs échéances de paiement de dettes en devises étrangères courant en mars-avril. Ravivant le souvenir de son humiliant défaut de 1998.

Autre effet pratique du bras de fer russo-occidental, le réseau social Instagram, propriété du groupe américain Meta, est devenu inaccessible en Russie lundi.

Moscou qui accuse Meta de propager des appels à la violence contre les Russes en lien avec le conflit en Ukraine, a ajouté le réseau à sa liste de sites en «accès restreint», comme Facebook, Twitter et plusieurs médias critiques du pouvoir russe.à

 

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