Face à la chute du rouble, les Russes inquiets pour leur épargne

Publié le 28/02/2022 à 10:07

Face à la chute du rouble, les Russes inquiets pour leur épargne

Publié le 28/02/2022 à 10:07

Par AFP

La banque VTB, deuxième établissement de Russie après Sberbank, est ciblée dans le cadre des sanctions annoncées par les pays occidentaux ces derniers jours. (Photo: 123RF)

Moscou — Quand elle a vu le rouble chuter, Natalia Prochina s'est précipitée à la banque. Comme elle, de nombreux Russes redoutent une crise et l'évaporation de leurs économies après les sanctions occidentales contre Moscou pour l'invasion de l'Ukraine.

Lundi, la devise russe a battu des records historiques de faiblesse, s'échangeant dans la matinée à 100 contre un dollar américain et 109,4 contre un euro.

Ce plongeon a réveillé chez de nombreux Russes, déjà stressés par le conflit, le souvenir de l'instabilité financière des années 1990, quand des millions de personnes ont vu leur épargne bancaire se volatiliser sous l'effet de la dévaluation du rouble et de l'inflation.

«Dès que j'ai appris que le rouble s'était effondré, j'ai couru à ma banque, évidemment», raconte Mme Prochina, cliente de la banque VTB, deuxième établissement de Russie après Sberbank, tous deux ciblés dans le cadre des sanctions annoncées par les pays occidentaux ces derniers jours.

Ancienne journaliste à la télévision soviétique, Natalia, 75 ans, s'apprêtait à «retirer (ses) sous pour ne pas perdre de nouveau toute sa fortune», comme cela lui était déjà arrivé pendant la crise financière de 1998.

«Nous avions alors perdu tout notre argent, y compris tout ce que mon mari avait gagné pendant (une mission) à l'étranger», se souvient-elle.

«Je n'ai plus envie de jouer à ces jeux avec l'État (…) qui peut facilement décréter la loi martiale à tout moment et confisquer mon épargne», au nom de la guerre avec l'Ukraine, s'exclame l'ex-propagandiste soviétique d'un ton martial.

 

Peur de l'avenir

Devant l'entrée de cette même banque située dans le centre de Moscou, Alexandre Zouïev, 40 ans, attend son tour pour être reçu par sa conseillère.

«Je pense que retirer du liquide serait bien raisonnable dans le contexte actuel», énonce cet élégant manager dans la culture. «Chacun doit subvenir à ses besoins vu que personne ne sait ce qui adviendra au pays».

Derrière lui, Edouard Syssoïev, un militaire à la retraite de 51 ans, est en train de perdre patience: il dit ne pas avoir pu retirer d'argent liquide dans une autre filiale de la banque.

Il pense que «90% des Russes vont se dépêcher de retirer leurs roubles pour les convertir en dollars, en biens immobiliers ou carrément en or», même si aucun mouvement de panique massif n'a été constaté lundi.

«C'est la population qui paiera ce banquet des militaires», lâche-t-il, en référence à l'intervention en Ukraine lancée jeudi par Vladimir Poutine.

Un autre Moscovite, Roustam Iakovlev, s'attend lui aussi à la panique générale.

«Même si la Banque centrale (de Russie) assure que tout ira bien, les gens vont paniquer et retirer leur argent», anticipe cet ingénieur de 50 ans. «Moi-même, si j'en avais, j'aurais tout retiré», dit-il.

 

«Plus aucune confiance»

La Banque centrale a annoncé lundi relever très fortement son taux directeur, de 10,5 points, à 20%, après avoir essayé depuis jeudi de «stabiliser la situation» avec des interventions sur le marché des changes.

À Saint-Pétersbourg, une quinzaine de personnes attendaient lundi matin l'ouverture d'une agence de la filiale russe de la banque autrichienne Raiffeisen.

Parmi elles, Svetlana Paramonova, 58 ans, dit vouloir «retirer son argent pour le garder chez elle». «C'est plus sûr, vu qu'on ne comprend plus rien à ce qui se passe», résume-t-elle.

À côté d'elle, Anton Zakharov, 45 ans, veut faire pareil, n'ayant «plus aucune confiance ni dans le pouvoir ni dans les banques».

L'instabilité du taux de la monnaie nationale provoquée par de lourdes sanctions occidentales conduira à «baisser le niveau de vie des Russes d'ici un an», a déclaré pour l'AFP Alexeï Vedev, analyste de l'institut économique Gaïdar.

«Mais le mécontentement des Russes ne déborde que si leur niveau de vie baisse de trois fois par rapport à l'état actuel», tempère Sergueï Khestanov, un conseiller pour les questions macroéconomiques du courtier Open Broker.

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